Perturbateurs endocriniens et cancérigènes présumés dans l'air, selon une étude


Paris, France | AFP | mardi 18/02/2020 - Des traces de pesticides suspectés d'être des perturbateurs endocriniens ou des cancérigènes ont été relevés dans près des trois quarts des relevés de qualité de l'air effectués en 2017 dans six régions, selon un rapport rendu public mardi par l'ONG Générations Futures.

L'association a travaillé sur des bases de données publiées en décembre par le réseau Atmo, qui regroupe les associations régionales de surveillance de la qualité de l'air (AASQA), sur des relevés réalisés entre 2002 et 2017.
Elle y a recherché la présence de substances répertoriées cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques (CMR), qui font l'objet d'un classement européen, et des perturbateurs endocriniens (PE, qui agissent sur le système hormonal) présumés, d'après le classement américain TEDX, en l'absence de liste européenne spécifique.
Les jeux de données étant disparates en date de réalisation et produits recherchés selon les régions, l'ONG a réalisé deux études, dont la première porte sur les mesures les plus récentes, remontant à 2017. Six AASQA sont concernées sur 18 (Centre-Val de Loire, Corse, Grand-Est, Hauts-de-France, Nouvelle Aquitaine, Occitanie).
Au total, 52 substances actives ont été détectées, dans 1.633 relevés. Plus du quart (27,55%) étaient des pesticides classés CMR avérés, supposés ou suspectés et plus de la moitié (56,33%) des PE suspectés. En comptant les produits entrant dans les deux catégories, ce sont au total près de trois quarts des relevés (74,28%) qui présentent des traces.
Certaines régions ne disposant pas de données récentes, la seconde analyse porte sur les dernières données disponibles de chaque région (sauf Bourgogne-Franche-Comté) dont certaines remontent à 2004. L'étude présente donc également des biais possibles liés aux disparités des produits recherchés, certains pouvant avoir été interdits depuis l'époque de certains relevés. Mais les tendances globales vont dans le même sens que l'analyse sur 2017.
Ainsi pour 104 substances actives relevées dans 4.622 cas, plus des trois quarts (82,69%) étaient classées CMR et/ou PE suspectés. Par catégorie, 29,94% étaient classés CMR et 68,86% PE suspectés.
Ces analyses, les premières du genre, confirment que "l'air est un endroit d'exposition des populations" à ces substances potentiellement, ou de façon avérée, toxiques, souligne François Veillerette, président de Générations Futures. Et "contrairement à l'eau ou l'alimentation il n'y a pas de normes pour les pesticides dans l'air", alors que les résultats de ces analyses sont "très cohérents" avec ceux de ces deux autres secteurs.
Pour l'ONG, ces résultats démontrent la nécessité de "réduire l'utilisation des pesticides de façon importante". Très engagée sur ces dossiers, Générations Futures milite pour une extension des zones non traitées, objet d'un récent décret controversé fixant des distances d'épandage, contre lequel l'ONG et d'autres associations vont déposer la semaine prochaine un recours.
Enfin, l'ONG préconise une harmonisation au niveau national de ce suivi des pesticides dans l'air, et son financement, une demande également faite par Atmo France.

le Mardi 18 Février 2020 à 06:45 | Lu 422 fois