Perquisition à la TEP pour des soupçons de double facturation


PAPEETE, le 5 février 2016 - Ce vendredi matin, des policiers de la DSP ont perquisitionné les bureaux de la TEP dans le cadre d'une enquête préliminaire sur une opération à 170 millions entre la TEP et la SPRES. Cette dernière aurait facturé deux fois les mêmes travaux.

L'information a été révélée par nos confrères de Polynésie Première vendredi 5 février à midi : des policiers de la Direction de la sécurité publique (DSP) ont perquisitionné les locaux de la SEML Transport d'Énergie électrique en Polynésie (TEP) vendredi matin.

Le procureur José Thorel nous confirme l'information, et nous explique que la perquisition a été ordonnée par le parquet dans le cadre "d'une enquête préliminaire concernant l'examen d'une opération entre la SPRES (une entreprise de travaux publics) et la TEP, de 170 millions de francs."

Il s'agit de la pose d'un câble électrique entre Arue et Papeete il y a trois ans. Il devait être enterré à un mètre de profondeur, mais il avait en fait été déposé pratiquement à fleur de sol, à 10 cm de profondeur. "Il a donc fallu refaire les travaux, et apparemment la SPRES a refacturé la TEP pour les effectuer. Mais quand vous passez commande d'un chauffe-eau auprès de votre plombier pour 170 000 Fcfp et qu'il se trompe dans les branchements, en mettant le câble du gaz sur l'eau par exemple, vous le rappelez pour qu'il vienne corriger son erreur. Mais vous n'allez pas lui repayer les 170 000 Fcfp !" explique le procureur.

SOUPÇONS DE CONFLIT D'INTÉRÊT


Au cœur de cette enquête – qui pourrait ne déboucher sur rien, rappelons le principe de présomption d'innocence – se trouve Bruno Marty, qui est le président du conseil d'administration de la TEP, et un ancien dirigeant de la SPRES. "Au moment où les travaux sont commandés, Bruno Marty est à la tête de la SPRES, et au moment où la facture est payée, Bruno Marty est à la tête de la TEP. Donc nous enquêtons pour déterminer si les travaux ont bien été facturés deux fois, et s'il y a eu conflit d'intérêt."

Pour rappel, ce même Bruno Marty a été relaxé le 14 janvier par le tribunal correctionnel de Papeete dans l'affaire dite "des frais de bouche". Il était accusé par le parquet d'avoir utilisé la carte bancaire du laboratoire des travaux publics pour des fins personnelles, pour un total de plus de 2 millions de francs. Selon Tahiti Pacifique (édition du 29 janvier), le juge a prononcé la relaxe pour une question de forme, il n'a pas reconnu la qualification de détournement de fonds publics. Mais le procureur José Thorel fera appel parce que "il s'agit, à nos yeux, d'un détournement de fonds par personne chargée d'une mission de service public. Il n'y a donc pas à prouver que les fonds sont publics".

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Vendredi 5 Février 2016 à 16:59 | Lu 3774 fois