Peines exemplaires pour les trafiquants de la filière pakalolo


Sur les vingt prévenus jugés depuis mardi dans cette affaire, près de la moitié sont partis en détention cet après-midi.
PAPEETE, le 12 avril 2017 - Des condamnations de 3 à 7 ans de prison ferme avec mandat de dépôt, pour les plus sévères, ont été prononcées ce mercredi dans le procès de la filière paka entre la Presqu'île et Faa'a.


Neuf mandats de dépôt pour Nuutania, deux mandats d'arrêt, et des peines de 3 à 7 ans de prison ferme pour les condamnations les plus lourdes. Le tribunal correctionnel n'a pas fait de sentiments, ce mercredi, à l'heure de juger les vingt prévenus jugés impliqués dans le vaste trafic de pakalolo qui s'était structuré entre des producteurs de la Presqu'île et des revendeurs grossistes de Faa'a, entre les années 2010 et 2014.

La plupart des protagonistes de l'affaire étaient libres quand ils se sont présentés à l'ouverture du procès, mardi. Près de la moitié d'entre eux ont quitté le palais de justice la mine basse cet après-midi, sous escorte policière. Direction la maison d'arrêt. Véhicules, argent saisi, le tribunal a aussi ordonné la confiscation des scellés dans cette affaire démantelée à l'époque par les gendarmes de la brigade de Faa'a, au terme de longs mois d'enquête. Le parquet a été suivi dans ses réquisitions, largement commentées par ailleurs dans la salle des pas perdus.

"On croirait un trafic d'ice"

"On se croirait dans un trafic d'ice, mais ce n'est que du pakalolo", déplore l'avocat d'un mis en cause. "Il ne faut pas se voiler la face, des centaines de familles vivent de cela en Polynésie française". "C'est très sévère, d'autant plus qu'ils n'étaient pas renvoyés devant le tribunal pour association de malfaiteurs ou trafic en bande organisée", peste l'un de ses confrères. "Notre travail va être de convaincre le tribunal de ramener les peines requises à une plus juste mesure", confiait un troisième conseil avant les plaidoiries. Peine perdue. La peine maximale encourue par les prévenus était de 10 ans de prison. Les condamnés ont dix jours pour faire appel.

Dans son réquisitoire, le procureur de la République a pris le temps de rappeler que ce dossier était sans doute l'un des plus volumineux de ces dix dernières années en matière de trafic de pakalolo. Selon les estimations de l'accusation, il aurait généré pas moins de 240 millions de francs de bénéfices sur la période visée. Les cerveaux de l'affaire se partageaient le travail et régnaient sur le marché : la production et le conditionnement à la Presqu'île et jusque dans les îles Sous-le-Vent d'un côté, la revente entre Outumaoro et Faa'a de l'autre. Des semi-grossistes, sectorisés par quartier, se chargeaient d'écouler les milliers de boîtes produites.

Rédigé par Raphaël Pierre le Mercredi 12 Avril 2017 à 17:48 | Lu 10713 fois