Pédopsychiatrie : les soignants ébranlés par les propos de Luc Tapeta


PAPEETE, vendredi 12 avril 2013. L’Association des Soignants en Pédopsychiatrie de Polynésie Française (ASPPF) a écrit une lettre ouverte à Luc Tapeta, président du Conseil d’administration de la CPS (caisse de prévoyance sociale) après ses propos tenus sur le plateau de Polynésie 1re mercredi soir, lors du journal télévisé. «Votre travail, monsieur Tapeta, ce n’est pas de faire les politiques publiques, mais c’est de trouver, et de fournir au CHPF les moyens financiers de les mettre en place. Oui monsieur Tapeta, la redistribution des cotisations salariales et patronales de la branche Santé de la CPS doit financer les mesures de Santé Publique définies par la politique de Santé du Pays, c’est à dire mettre en place les mesures préconisées par le Schéma d’Organisation des Soins du Pays, et s’inspirer de valeurs humanistes et égalitaires, et non obéir à vos petites décisions économiques ou comptables arbitraires» est-il écrit dans cette lettre ouverte que l’ASPPF a transmis aux médias locaux.

Les soignants en pédopsychiatrie ont été heurtés par des propos d’orientation comptable qui ne prennent pas en compte les réalités
du terrain. Durant de nombreuses années, la psychiatrie en Polynésie a laissé de côté tout un secteur, celui des adolescents. Entre la pédopsychiatrie (pour les enfants jusqu’à 13 ans) et la psychiatrie pour les adultes, il n’y avait aucune prise en charge ciblée sur les problèmes bien particuliers des adolescents. Or, après 10 ans de travail au moins pour structurer toute la psychiatrie, cette spécificité a été enfin prise en compte en 2012.

De nouvelles missions ont été définies : «Ce service ne doit plus s’occuper uniquement de faire fonctionner l’Hôpital de Jour pour enfants de Pirae, il doit développer un accueil, des consultations thérapeutiques, et un CATTP (Centre d’accueil thérapeutique à temps partiel) pour adolescents à Tahiti, il doit s’occuper de traiter de toutes les pathologies mentales des enfants dans les iles, il doit organiser la «pédopsychiatrie de liaison» au Centre hospitalier du Taaone, et dans les hôpitaux périphériques, il doit travailler en lien avec les services sociaux, les établissements scolaires, les services de protection de l’enfance, les associations… il doit construire un réseau de soins» poursuit la lettre de l’ASPPF. Dans ces conditions une simple reconduction des moyens financiers accordés à la pédopsychiatrie en 2012 pour 2013 est insuffisante face aux nouvelles missions. L’ASPPF demande qu’une nouvelle concertation soit lancée entre les responsables du gouvernement, de l’hôpital, la CPS afin de savoir ce qu’il doit advenir de la prise en compte de la psychiatrie pour les adolescents. En huit mois, depuis que cette mission existe, le service de pédopsychiatrie accueille désormais 147 adolescents. «Faut-il refuser désormais tous ces adolescents en souffrance psychiatrique parce que les moyens ne suivent pas ?» interroge Loïc Mascroisier, président de l’ASPPF.

Lettre ouverte ASPPF.pdf  (62.37 Ko)


Rédigé par Mireille Loubet le Vendredi 12 Avril 2013 à 15:21 | Lu 2837 fois