Les nouveaux repreneurs et les représentants de la Socredo, qui finance l'opération. De gauche à droite : Marama Copie (Socredo), Jacques Andreani (directeur général), Jean-Pierre Giuly (directeur commercial et marketing), Paul Yeou Chichong, Gilles Bonvarlet (p-dg), Matahi Brothers (Socredo), Linda Erades (responsable EuroDrive) et Philippe Ardailler (directeur du SAV).
PAPEETE, le 15 janvier 2015 - A 82 ans, Paul Yeou Chichong a pris la décision de quitter le monde des affaires. Ce mardi il a revendu Renault Sodiva à quatre cadres de la société, pour un peu moins d'un milliard de francs financé en grande partie par la Socredo.
Chez Renault Sodiva, le temps est au changement… Dans la continuité. Le président historique du groupe, Paul Yeou Chichong, prend sa retraite à 82 ans et revend l'entreprise. Mais les repreneurs sont loin d'être des inconnus, puisque ce sont les quatre cadres dirigeants de l'entreprise qui rachètent la société, avec un financement de la Socredo. Une salariée de Sodiva, dans l'entreprise depuis 37 ans, achète également des parts et fera partie de la nouvelle holding contrôlant le concessionnaire automobile, qui distribue sept marques en Polynésie dont Renault, Dacia, Nissan, Jeep ou encore les voitures électriques Tesla. L'entreprise contrôle 30% du marché polynésien.
Purs produits Sodiva, les nouveaux dirigeants s'inscrivent dans la même ligne que celle de Paul Yeou Chichong, qui les a tous embauchés personnellement. Aucun plan social en perspective, au contraire la solidarité entre les salariés du groupe continuera à son plein en attendant la reprise économique. Les nouveaux patrons sont également très enthousiastes sur les perspectives de développement des voitures électriques, dont ils sont les principaux revendeurs avec 75 unités écoulées en 2015.
TRANSMISSION DE FLAMBEAU
De son parcours, Paul Yeou Chichong garde "une certaine satisfaction, parce que au début je ne savais pas quoi faire. Au départ je voulais faire artiste, parce que je peignais. C'est pour ça que je collectionne les tableaux d'ailleurs." C'est sa famille qui a refusé de le laisser choisir la voie de l'art en 1952 alors qu'il venait d'obtenir son brevet en Polynésie. Son frère venait de fonder le magasin Aline, et sa voie était donc toute tracée : il ferait également des affaires. Il a donc choisi de faire HEC et une carrière dans le commerce, d'abord dans les assurances dès 1963 puis en rachetant Sodiva, il y a 38 ans, et ainsi construire sa fortune.
C'est d'ailleurs une belle histoire que celle de Paul Yeou Chichong et de Sodiva. "Je l'ai rachetée en 1978, la société existait depuis cinq ans, créée par monsieur Pentecost, un milliardaire néo-calédonien. Je l'ai racheté avec mon ami René Malmezac, un calédonien lui-aussi. J'étais en classe avec monsieur Pentecost à Louis-le-Grand à Paris, c'est comme ça que de fil en aiguille il m'a vendu, puisqu'il voulait quitter Tahiti. Je n'avais pas beaucoup de sous à ce moment-là, donc j'ai dû emprunter aux banques. C'est la banque Indosuez qui m'avait fait confiance, et j'ai signé le chèque avec le directeur de la banque, comme garantie si j'ose dire puisque c'était presque un chèque en bois ! Et aujourd'hui c'est à leur tour, avec leurs banques, et ils vont payer beaucoup moins cher que je l'ai achetée, par rapport à 78 !"
L'histoire se répète donc, et permet à une nouvelle génération de grands patrons d'émerger. Le nouveau p-dg, Gilles Bonvarlet, 47 ans, était d'ailleurs très ému au moment de la passation. Son message : "aujourd'hui, ça démontre que tout est possible dans la vie. À force de travail et d'opportunité, mais de travail avant tout, tout peut se réaliser, même demain devenir actionnaire et diriger une entreprise. Ça m'amène à penser à quelqu'un qui m'est cher et qui m'a dit un jour 'ne nous fixons pas d'objectif, no limit.' Je suis arrivé à Tahiti il y a plus de 17 ans, et mon aventure a été exceptionnelle puisque rapidement je suis devenu chef de vente, ensuite directeur commercial puis directeur général, et souvent en blaguant je disais qu'il me manquait de l'argent pour devenir p-dg… Et aujourd'hui ça devient une réalité. Donc le message, c'est vraiment de croire en la force du travail que l'on fournit au quotidien, 'no limit'."
>>> Le chiffre : 8 milliards, c'était le chiffre d'affaires de Sodiva en 2001 avant la crise. Aujourd'hui ce chiffre est réduit de moitié.
Chez Renault Sodiva, le temps est au changement… Dans la continuité. Le président historique du groupe, Paul Yeou Chichong, prend sa retraite à 82 ans et revend l'entreprise. Mais les repreneurs sont loin d'être des inconnus, puisque ce sont les quatre cadres dirigeants de l'entreprise qui rachètent la société, avec un financement de la Socredo. Une salariée de Sodiva, dans l'entreprise depuis 37 ans, achète également des parts et fera partie de la nouvelle holding contrôlant le concessionnaire automobile, qui distribue sept marques en Polynésie dont Renault, Dacia, Nissan, Jeep ou encore les voitures électriques Tesla. L'entreprise contrôle 30% du marché polynésien.
Purs produits Sodiva, les nouveaux dirigeants s'inscrivent dans la même ligne que celle de Paul Yeou Chichong, qui les a tous embauchés personnellement. Aucun plan social en perspective, au contraire la solidarité entre les salariés du groupe continuera à son plein en attendant la reprise économique. Les nouveaux patrons sont également très enthousiastes sur les perspectives de développement des voitures électriques, dont ils sont les principaux revendeurs avec 75 unités écoulées en 2015.
TRANSMISSION DE FLAMBEAU
De son parcours, Paul Yeou Chichong garde "une certaine satisfaction, parce que au début je ne savais pas quoi faire. Au départ je voulais faire artiste, parce que je peignais. C'est pour ça que je collectionne les tableaux d'ailleurs." C'est sa famille qui a refusé de le laisser choisir la voie de l'art en 1952 alors qu'il venait d'obtenir son brevet en Polynésie. Son frère venait de fonder le magasin Aline, et sa voie était donc toute tracée : il ferait également des affaires. Il a donc choisi de faire HEC et une carrière dans le commerce, d'abord dans les assurances dès 1963 puis en rachetant Sodiva, il y a 38 ans, et ainsi construire sa fortune.
C'est d'ailleurs une belle histoire que celle de Paul Yeou Chichong et de Sodiva. "Je l'ai rachetée en 1978, la société existait depuis cinq ans, créée par monsieur Pentecost, un milliardaire néo-calédonien. Je l'ai racheté avec mon ami René Malmezac, un calédonien lui-aussi. J'étais en classe avec monsieur Pentecost à Louis-le-Grand à Paris, c'est comme ça que de fil en aiguille il m'a vendu, puisqu'il voulait quitter Tahiti. Je n'avais pas beaucoup de sous à ce moment-là, donc j'ai dû emprunter aux banques. C'est la banque Indosuez qui m'avait fait confiance, et j'ai signé le chèque avec le directeur de la banque, comme garantie si j'ose dire puisque c'était presque un chèque en bois ! Et aujourd'hui c'est à leur tour, avec leurs banques, et ils vont payer beaucoup moins cher que je l'ai achetée, par rapport à 78 !"
L'histoire se répète donc, et permet à une nouvelle génération de grands patrons d'émerger. Le nouveau p-dg, Gilles Bonvarlet, 47 ans, était d'ailleurs très ému au moment de la passation. Son message : "aujourd'hui, ça démontre que tout est possible dans la vie. À force de travail et d'opportunité, mais de travail avant tout, tout peut se réaliser, même demain devenir actionnaire et diriger une entreprise. Ça m'amène à penser à quelqu'un qui m'est cher et qui m'a dit un jour 'ne nous fixons pas d'objectif, no limit.' Je suis arrivé à Tahiti il y a plus de 17 ans, et mon aventure a été exceptionnelle puisque rapidement je suis devenu chef de vente, ensuite directeur commercial puis directeur général, et souvent en blaguant je disais qu'il me manquait de l'argent pour devenir p-dg… Et aujourd'hui ça devient une réalité. Donc le message, c'est vraiment de croire en la force du travail que l'on fournit au quotidien, 'no limit'."
>>> Le chiffre : 8 milliards, c'était le chiffre d'affaires de Sodiva en 2001 avant la crise. Aujourd'hui ce chiffre est réduit de moitié.
Gilles Bonvarlet va marcher dans les pas de son prédécesseur
"En pratique, ce sont les 56% de parts de monsieur Chichong que nous avons rachetées. Nous avons créé une société qui s'appelle Sodiholding et qui est constituée des quatre cadres dirigeants et d'une cinquième personne qui a presque 37 ans d'ancienneté, qui entre également comme actionnaire.
Aujourd'hui, on s'inscrit dans la continuité. La force de ce groupe c'est la solidarité entre les salariés, puisque aujourd'hui ce qui était important c'est de sauvegarder les emplois. Depuis la crise, on a réussi à ne pas licencier, pas de plan social. On a fait beaucoup d'efforts avec les partenaires sociaux. On s'inscrit dans ce registre, aucun plan social n'est prévu.
C'est un message fort du p-dg, de transmettre l'entreprise aux salariés pour leur garantir un emploi et un avenir, on prend notre destin en main. Et les banques, en particulier la Socredo, ont soutenu notre initiative entrepreneuriale et sociale. L'opération se monte à plusieurs centaines de millions, un peu peu en-dessous d'un milliard (NDLR: Selon M. Chichong, "bien en dessous d'un milliard, sur une échelle de 12 j'ai vendu à 7 !"), donc il nous fallait un partenaire solide qui croie en la compétence des hommes et en une continuité sociale."
"En pratique, ce sont les 56% de parts de monsieur Chichong que nous avons rachetées. Nous avons créé une société qui s'appelle Sodiholding et qui est constituée des quatre cadres dirigeants et d'une cinquième personne qui a presque 37 ans d'ancienneté, qui entre également comme actionnaire.
Aujourd'hui, on s'inscrit dans la continuité. La force de ce groupe c'est la solidarité entre les salariés, puisque aujourd'hui ce qui était important c'est de sauvegarder les emplois. Depuis la crise, on a réussi à ne pas licencier, pas de plan social. On a fait beaucoup d'efforts avec les partenaires sociaux. On s'inscrit dans ce registre, aucun plan social n'est prévu.
C'est un message fort du p-dg, de transmettre l'entreprise aux salariés pour leur garantir un emploi et un avenir, on prend notre destin en main. Et les banques, en particulier la Socredo, ont soutenu notre initiative entrepreneuriale et sociale. L'opération se monte à plusieurs centaines de millions, un peu peu en-dessous d'un milliard (NDLR: Selon M. Chichong, "bien en dessous d'un milliard, sur une échelle de 12 j'ai vendu à 7 !"), donc il nous fallait un partenaire solide qui croie en la compétence des hommes et en une continuité sociale."