Magny-les-Hameaux (Yvelines), 14 juil 2012 - Patron d'une entreprise dans le secteur du paysage, Olivier Bedouelle, 49 ans, est victime d'un paradoxe: malgré la crise et un fort taux de chômage, il ne parvient pas à pourvoir les cinq offres d'emploi qu'il propose.
"On ne reçoit pas de CV", déplore le quadragénaire, qui cherche à embaucher en CDI notamment un fleuriste, un jardinier, un paysagiste d'intérieur ou encore un chiffreur-métreur.
"Crise ou pas crise, l'herbe pousse", lance-t-il, un brin fataliste.
Des annonces ont été diffusées auprès des écoles, de Pôle Emploi, sur le site internet de la société. Les quelques personnes à avoir répondu correspondent rarement au profil recherché : "Aucun candidat pour le poste de jardinier et, sur les trois ou quatre CV reçus pour le poste de fleuriste, un seul avait son CAP", précise M. Bedouelle, qui dit rechercher des personnes "hyper-qualifiées".
Son entreprise spécialisée dans le paysage d'intérieur à destination des entreprises, Vertdéco, basée à Magny-les-Hameaux (Yvelines), emploie actuellement 53 personnes. Vertdéco vise une clientèle moyen et haut de gamme.
Selon l'enquête "Besoins en main d'oeuvre 2012" réalisée par Pôle Emploi, les employeurs prévoyaient de recruter en 2012 quelque 17.000 jardiniers salariés et paysagistes. 30,8% des projets de recrutement dans ce domaine étaient jugés difficiles par les recruteurs.
De plus, selon cette étude, parmi les métiers les plus recherchés, arrivent en tête des emplois pour la plupart à faible niveau de qualification tels que serveur ou aide à domicile.
Pour Marc Ferracci, professeur d'Economie à l'université de Nantes et membre du Centre de recherche en Economie et Statistique, "fondamentalement, il est normal qu'il y ait des offres d'emploi non pourvues car le marché de l'emploi connaît des frictions : l'information circule mal et en France, les questions de mobilité, notamment géographique, sont assez lourdes".
inadéquation des profils
M. Ferracci souligne également la nécessité de "donner plus d'information aux jeunes et à leurs familles sur les débouchés pour qu'ils fassent des choix plus cohérents". Or, il existe en France un "déficit d'enquêtes fiables et harmonisées sur les métiers en tension" avec une offre de formations "mal structurée" et "assez opaque".
"On ne trouve plus de fleuriste alors que les perspectives d'évolution sont très fortes. On a longtemps pensé que ces métiers étaient faits pour les gens en échec scolaire mais on n'imagine pas la technicité et la créativité demandées. De même pour les jardiniers, dont on a l'image d'un métier de réinsertion, alors qu'il faut savoir lire un plan, prendre des niveaux", explique pour sa part M. Bedouelle, qui regrette que ces métiers "rebutent" aussi en raison de leur dureté.
Il déplore également une inadéquation des profils recherchés et des formations, qui, selon lui, sont "de moins en moins exigeantes" et moins portées sur la pratique. "On incite les jeunes à aller le plus loin possible, jusqu'à la licence ou le master, mais nous, on a besoin de gens qui savent tailler des plantes et reconnaître les végétaux".
Pour le chef d'entreprise, cette pénurie de main d'oeuvre entraîne un allongement de ses délais et une charge de travail accrue pour ses salariés, qui doivent ainsi travailler le samedi et accumulent les heures supplémentaires.
"Toute la chaîne est embouteillée donc il y a des tas d'appels d'offre auxquels on ne répond pas", dit-il, tandis qu'il aspire à être à la tête de plus de 80 salariés "dans les deux ou trois ans" grâce à "des tas de perspectives".
Par Marjorie BOYET
"On ne reçoit pas de CV", déplore le quadragénaire, qui cherche à embaucher en CDI notamment un fleuriste, un jardinier, un paysagiste d'intérieur ou encore un chiffreur-métreur.
"Crise ou pas crise, l'herbe pousse", lance-t-il, un brin fataliste.
Des annonces ont été diffusées auprès des écoles, de Pôle Emploi, sur le site internet de la société. Les quelques personnes à avoir répondu correspondent rarement au profil recherché : "Aucun candidat pour le poste de jardinier et, sur les trois ou quatre CV reçus pour le poste de fleuriste, un seul avait son CAP", précise M. Bedouelle, qui dit rechercher des personnes "hyper-qualifiées".
Son entreprise spécialisée dans le paysage d'intérieur à destination des entreprises, Vertdéco, basée à Magny-les-Hameaux (Yvelines), emploie actuellement 53 personnes. Vertdéco vise une clientèle moyen et haut de gamme.
Selon l'enquête "Besoins en main d'oeuvre 2012" réalisée par Pôle Emploi, les employeurs prévoyaient de recruter en 2012 quelque 17.000 jardiniers salariés et paysagistes. 30,8% des projets de recrutement dans ce domaine étaient jugés difficiles par les recruteurs.
De plus, selon cette étude, parmi les métiers les plus recherchés, arrivent en tête des emplois pour la plupart à faible niveau de qualification tels que serveur ou aide à domicile.
Pour Marc Ferracci, professeur d'Economie à l'université de Nantes et membre du Centre de recherche en Economie et Statistique, "fondamentalement, il est normal qu'il y ait des offres d'emploi non pourvues car le marché de l'emploi connaît des frictions : l'information circule mal et en France, les questions de mobilité, notamment géographique, sont assez lourdes".
inadéquation des profils
M. Ferracci souligne également la nécessité de "donner plus d'information aux jeunes et à leurs familles sur les débouchés pour qu'ils fassent des choix plus cohérents". Or, il existe en France un "déficit d'enquêtes fiables et harmonisées sur les métiers en tension" avec une offre de formations "mal structurée" et "assez opaque".
"On ne trouve plus de fleuriste alors que les perspectives d'évolution sont très fortes. On a longtemps pensé que ces métiers étaient faits pour les gens en échec scolaire mais on n'imagine pas la technicité et la créativité demandées. De même pour les jardiniers, dont on a l'image d'un métier de réinsertion, alors qu'il faut savoir lire un plan, prendre des niveaux", explique pour sa part M. Bedouelle, qui regrette que ces métiers "rebutent" aussi en raison de leur dureté.
Il déplore également une inadéquation des profils recherchés et des formations, qui, selon lui, sont "de moins en moins exigeantes" et moins portées sur la pratique. "On incite les jeunes à aller le plus loin possible, jusqu'à la licence ou le master, mais nous, on a besoin de gens qui savent tailler des plantes et reconnaître les végétaux".
Pour le chef d'entreprise, cette pénurie de main d'oeuvre entraîne un allongement de ses délais et une charge de travail accrue pour ses salariés, qui doivent ainsi travailler le samedi et accumulent les heures supplémentaires.
"Toute la chaîne est embouteillée donc il y a des tas d'appels d'offre auxquels on ne répond pas", dit-il, tandis qu'il aspire à être à la tête de plus de 80 salariés "dans les deux ou trois ans" grâce à "des tas de perspectives".
Par Marjorie BOYET