Passe d’armes musclée sur les premières modifications du budget 2013


PAPEETE, jeudi 14 février 2013. Les représentants de l’assemblée de Polynésie française ont repris le chemin de la place Tarahoi ce jeudi après-midi pour la 2e séance de la session extraordinaire. Neuf dossiers doivent être examinés par les élus. Le président de l’assemblée Jacqui Drollet a averti en début de séance qu’il prévoyait d’aller jusqu’à épuisement de l’ordre du jour, la séance de ce 14 février pourrait donc se prolonger assez tardivement. En premier lieu, il a été question d’intégrer au budget prévisionnel de 2013, un report anticipé du résultat de l’exercice 2012 du Pays. Un exercice comptable 2012 qui se termine, contre toute attente en ces temps difficiles de trésorerie, par un excédent provisoire évalué à la fin du mois de janvier 2013 à 10,6 milliards de Fcfp. Le projet de délibération présenté aux élus est d’affecter 7,4 milliards de Fcfp pour le besoin de financement en investissement, les 3,2 milliards de Fcfp restants seront conservés en réserve pour alimenter de nouveaux collectifs. La délibération a été adoptée par 30 voix pour. Dans l’opposition, 13 élus du Tahoera’a ont voté contre, le groupe de 12 élus de A Ti’a Porinetia s’est abstenu.

Cette première délibération budgétaire a été assez vivement attaquée par l’opposition. Pour le Tahoera’a, Jean-Claude Bouissou expliquait que cet excédent miraculeux était essentiellement dû à un report de crédits de paiement de l’an dernier. «Ceci démontre le faible niveau d’exécution du budget 2012 du Pays. Il était prévu 33 milliards de Fcfp d’investissement, mais 27 milliards sont reportés à l’année suivante ! On voit bien qu’il n’y a pas eu de relance de l’activité économique par la commande publique. Or, dans le même temps il y a eu 1000 demandeurs d’emploi inscrits en plus, d’août 2011 à août 2012 selon les chiffres fournis par l’ISPF (…) Par ailleurs vous ponctionnez déjà 70% de cet excédent et vous ne laissez en réserve que 3 milliards». Même sentiment pour Edouard Fritch «pour les quatre premiers mois de l’année 2013 vous prenez déjà 7 milliards de cet excédent et vous ne laissez donc que 3 milliards entre les mains de ceux qui vous suivront. Ici on gratte l’argent, les moindres fonds qu’il y a, jusqu’au dernier franc pour qu’il ne reste rien à l’équipe qui viendra après».

Depuis la tribune du gouvernement, les ministres Antony Géros et Pierre Frébault ont livré quelques explications comptables
. Ne disposant pas de subvention d’équilibre exceptionnelle venant de l’Etat, le ministre du budget a estimé qu’il devait prendre «toutes les décisions qui s’imposent pour rééquilibrer le budget et c’est bien ce que nous faisons aujourd’hui». Pour sa part, Pierre Frébault, le ministre des finances rappelait que 2011 et 2012 ont sans doute été les années les plus difficiles en matière de finances : la Polynésie française privée de la dotation exceptionnelle prévue par l’Etat et dans l’incapacité d’emprunter a dû tenir la situation par ses propres moyens «en puisant dans toutes nos capacités de trésorerie. Qui alors aurait pu aider un quelconque décollage économique ? Il a fallu tenir coûte que coûte». Pierre Frébault annonçait également que la situation en trésorerie serait sans doute encore délicate pour le Pays en 2013, car il prédit qu’en année électorale aucun organisme bancaire ne souhaitera s’engager sur de nouveaux emprunts avant la fin des élections. Ainsi, selon lui les premiers nouveaux emprunts pourront, au mieux, être consentis à la rentrée d’août 2013 et ne seront donc débloqués qu’en fin d’année. «2013 sera encore une année de blocage, c’est ça la réalité qui nous attend tous, il faut oser le dire à tout le monde». Pour autant, les deux ministres semblent annoncer une légère remontée des recettes (de 2 à 2,5 milliards de Fcfp) en fin d’année 2012 et qui se confirmerait au début de l’année 2013.



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Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 14 Février 2013 à 16:44 | Lu 1025 fois