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Pass vaccinal : Les députés polynésiens absents du vote


Tahiti le 10 janvier 2020 – Les députés polynésiens ont brillé par leur absence jeudi dernier à l'Assemblée nationale lors du vote de la loi très débattue et instaurant le pass vaccinal, qui doit s'appliquer également in fine au fenua. Depuis le fenua, Nicole Sanquer a déposé un amendement mais n'a pas voté. Maina Sage affirme qu'elle a participé au premier vote, puis que son groupe a commencé à faire des roulements. Et Moetai Brotherson explique qu'il s'attendait à ce que le texte soit voté vendredi…
 
La semaine dernière, 214 députés ont voté en faveur du projet de loi instaurant le pass vaccinal au niveau national et à terme à la Polynésie française. Si 93 députés ont voté contre et 27 élus se sont abstenus, aucun des trois députés polynésiens n'étaient présents lors de ce vote. Tahiti Infos les a contacté pour connaître leur position sur le sujet et surtout connaître les raisons de leur absence…

​Nicole Sanquer, un amendement mais pas de vote

La député Nicole Sanquer explique qu'elle était au fenua lorsque le projet de loi a été présenté au Palais Bourbon. "Il n'y avait pas de délégation de vote, il fallait être sur place". Elle indique que son groupe "a voté majoritairement contre". Même si le décompte du groupe UDI fait apparaître 8 contre, 3 pour et 8 absents pour des raisons de reprise du Covid dans leurs circonscriptions… Nicole Sanquer explique avoir déposé un amendement demandant la suppression des alinéas 44 à 49 de l'article 1er du texte, rendant applicable ce projet de loi au fenua.
 
Elle considère qu'il s'agit d'un "super pass" et que "ces largesses que le gouvernement entend s'octroyer avec les libertés individuelles ne sont pas acceptables". Pour la députée, les tests devraient suffire pour avoir accès aux lieux de vie, tel que c'est le cas avec le pass sanitaire. "Les concitoyens ne pourront pas consentir éternellement de nouvelles restrictions de leurs libertés au gré des vagues épidémiques", défend l'élue dans son amendement. Elle dénonce la politique du "tout vaccinal" qui "occulte d'autres solutions" pourtant, selon elle, "équilibrées tant au regard de l'offre des solutions scientifiques à disposition que du respect des libertés individuelles". Elle regrette que son amendement ait été rejeté et que le ministre n'ait pas pris le temps de l'étudier. "Je suis contente, car mon groupe est resté jusqu'à la fin et mon amendement a été défendu". Sans la députée.
 

Moetai Brotherson a raté le coche

Le député Tavini, Moetai Brotherson, pourtant présent en métropole lors du vote de ce projet de texte, affirme que le vote devait avoir lieu vendredi et non jeudi. Il explique que, la veille, il avait terminé à 23h30 et qu'il était "allé (se) coucher". "Et entre temps, la République En Marche en a décidé autrement. C'est aussi simple que cela." Il affirme que lors du vote, il avait d'autres interventions sur la Nouvelle-Calédonie et sur le cannabis. Selon lui, c'est lorsqu'il est arrivé au bureau qu'il a appris "comme tout le monde que cela avait été voté au petit matin". "Cela m'a embêté un peu, car j'aurais voulu être là pour voter contre et on ne peut pas non plus être debout 24 sur 24."
 
Pour autant, "hormis la surprise du calendrier", Moetai Brotherson affirme que "le résultat était couru d'avance". "On peut retenir notre souffle, on peut se rouler par terre, on peut se mettre tout nu cela ne va rien changer au vote. C'est toujours le même phénomène depuis le début du mandat." Le député affirme qu'une réunion avec son groupe a eu lieu en début de semaine dernière. "Je leur avais indiqué que je voterais contre ce texte." Il affirme que le président du groupe de la Gauche démocrate et républicaine, André Chassaigne, a bien essayé de le prévenir pour qu'il revienne à l'Assemblée, mais en vain. "Il n'y a pas de respect de la démocratie et du travail parlementaire (…). Ils ont examiné plus de 400 amendements, c'est du grand n'importe quoi. Et en fait, ils ont balayé le truc sans vraiment examiner le fond du texte." Il assure également que La République en Marche a beaucoup d'élus et peut se permettre de faire les "trois-huit". "Nous, on est un petit groupe et on ne peut pas car il y en a qui doivent repartir dans leur circonscription, on ne peut pas non plus rester là tous 24 sur 24 pendant toute la semaine. Ce n'est pas possible".
 

Maina Sage n'est "pas un robot"

La députée Maine Sage était également en métropole lorsque le texte a été étudié en séance. "J'ai participé au premier vote. Ensuite, on faisait des roulements ce soir-là. On a attendu le Premier ministre qui est arrivé le mardi après-midi, c'était quand même très houleux", explique-t-elle. Pour la député polynésienne, ce qui lui importe était surtout "d'étendre le pass à 16 ans et non à 12 ans". Maina Sage affirme qu'elle attend encore des précisions sur ce texte et qu'elle se positionnera "mercredi car c'est le vote final".
 
Malgré le soutien du Tapura à Emmanuel Macron et sa majorité, Maina Sage marche sur des œufs avec ce pass vaccinal. "J'ai vu que tous les trois nous n'avons pas participé au vote, car c'est quand même très compliqué aussi de se positionner. On est pour le vaccin, mais certaines personnes ont des craintes surtout pour les mineurs. La vaccination pour les enfants me gêne. Ce n'est pas évident. Pour les adultes, c'est différent." Elle affirme que "globalement on a une position plutôt favorable, sous réserve que l'on maintienne bien l'exception pour les enfants", mais elle tempère : "Je ne souhaite pas non plus qu'on soit dans l'exclusion des personnes qui n'ont pas ce pass vaccinal. Je pense qu'il faut garder quand même la possibilité pour ceux qui ne peuvent pas se faire vacciner ou continuer à se faire des tests."
 
"On n'est pas des robots", conclut Maina Sage, qui affirme qu'une position sur ce texte sur le pass vaccinal est "compliquée à trancher". "C'est historique toutes les décisions qu'on prend. Ce n'est pas évident chaque jour de devoir se positionner sur des sujets comme cela. On le voit ici, ça secoue des majorités".
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Lundi 10 Janvier 2022 à 21:17 | Lu 3079 fois