"Pas de retour en arrière" pour la DJS et la DPDJ affirme Nahema Temarii devant les agents


L'ambiance était tendue ce jeudi matin, lors de la réunion de présentation du projet de restructuration de la Direction de la Jeunesse et des Sports (DJS) et de la Délégation pour la Prévention de la Délinquance de la Jeunesse (DPDJ). La refonte, qui doit avoir lieu dès janvier prochain, a été présentée comme inexorable. Crédit photo : Archives TI.
 Tahiti, le 29 août 2024 – La ministre de la Jeunesse et des Sports, Nahema Temarii, a exposé ce jeudi matin son projet de restructuration des services aux agents de la Direction de la Jeunesse et des Sports (DJS) et de la Délégation pour la Prévention de la Délinquance de la Jeunesse (DPDJ). Ce plan, dévoilé mercredi par Tahiti Infos, a donné lieu à une réunion sous haute tension, où les agents de la DJS ont fait bloc.
 
“Il n’y aura pas de retour en arrière”, a fermement martelé la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nahema Temarii, ce jeudi matin dans l'amphithéâtre de l'Institut de la jeunesse et des sports de Polynésie française (IJSPF), au sujet du projet de restructuration de ces administrations.
 
Les agents de la Direction de la jeunesse et des sports (DJS) et de la Délégation pour la prévention de la délinquance de la jeunesse (DPDJ) étaient réunis pour assister à la présentation de ce projet de refonte imminente de leurs services, une initiative gouvernementale révélée par Tahiti Infos mercredi dernier. Pour rappel, la ministre des Sports envisage de scinder la DJS, en créant une entité exclusivement sportive, tandis que le volet “Jeunesse” fusionnerait avec la DPDJ pour former la nouvelle Direction de la promotion de la jeunesse.
 
“Je suis consciente de la complexité de la situation. J’entends et je comprends les difficultés engendrées par ce chamboulement. Cependant, cette réforme est le fruit d'une longue réflexion engagée depuis novembre de l'année dernière, et confirmée en début d'année”, a-t-elle expliqué, le visage grave, face aux agents.
 
Selon elle, la création d'un organisme exclusivement dédié à la jeunesse est une nécessité impérative : “Un rapport de la Chambre territoriale des comptes va bientôt être publié, et il est loin d’être élogieux. Il pointe du doigt l'inaction vis-à-vis de la jeunesse... Quand vous le lirez, je vous assure que vous tomberez des nues. Il est donc crucial de valoriser ce secteur, car, il est vrai que le sport qui exige beaucoup de travail et de temps, accapare souvent toute l'attention. La jeunesse, souvent négligée, mérite davantage de considération ; elle doit s’émanciper, car sans elle, sans avenir, nous sommes perdus”, a-t-elle défendu. Selon la ministre, en outre, la DPDJ contribue à stigmatiser la jeunesse, ne serait-ce que par son appellation, alors que, selon les derniers chiffres, seulement 3% de la délinquance du Fenua concerne les jeunes.
 
“Elle sait mettre le poisson dans la farine”
 
Devant une assemblée attentive, la ministre a affirmé sa volonté de “collaborer avec les agents” pour mener à bien cette restructuration, tout en précisant que la présentation offerte jeudi visait à “partager une vision, non à revenir sur la décision prise” : “Nous souhaitons composer ensemble, avec vous, pour que, dans les grandes lignes, chacun trouve sa place ; mais le plan est arrêté, il n’évoluera pas”, a-t-elle affirmé.
 
Des paroles qui n’ont manifestement pas convaincu les agents de la DJS. Après le départ de la ministre, ceux-ci ont quitté l'amphithéâtre dans une ambiance tendue, boudant la suite de la réunion de présentation. Toujours courroucés de n'avoir pas été consultés en amont, et inquiets des potentielles coupes budgétaires, plusieurs agents de la DJS, en colère, ont confié leur sentiment à Tahiti Infos : “On se retrouve devant le fait accompli... La ministre dit que ça lui trotte dans la tête depuis novembre... Elle sait mettre le poisson dans la farine. Elle sait bien manier les mots ; mais ça suffit ! Nous n'avons jamais été consultés, pas une seule fois pour cette restructuration. Ils ont fait fi de l'expérience des anciens et de notre travail quotidien.”
 
Lassés, ils déplorent devoir faire des efforts pour une ministre qui, selon eux, n’est “jamais satisfaite et bien moins accessible qu’elle le prétend” : “Nous donnons le meilleur de nous-mêmes chaque jour, mais là, nous nous sentons trahis, on est des jambons, des pions... Tout est déjà acté, nous savons que les arrêtés sont prêts, qu’ils seront soumis au conseil des ministres en octobre et qu'en janvier, après deux mois d’accompagnement, tout sera mis en œuvre.”
 
Après le départ des agents de la DJS, la suite de la réunion de jeudi s’est donc tenue en présence des seuls agents de la DPDJ.

 

Rédigé par Thibault Segalard le Jeudi 29 Aout 2024 à 13:10 | Lu 5650 fois