Pas de registre officiel pour les produits agro-alimentaires


Légende : Les quatre cinquième des produits agro-alimentaires présents sur le territoire sont importés mais difficiles d'avoir plus d'informations
PAPEETE, le 20 mars 2016 - Les 4/5 des produits agroalimentaires présents sur le territoire sont importés. Aussi, il n'est pas aberrant de vouloir avoir plus d'information sur ces produits qui viennent d'ailleurs. Cependant, aucun registre officiel réunissant ces informations n'est accessible au public.

La Polynésie française importe environ 82 % des produits agro-alimentaires présent sur le territoire polynésien. En 2014, les produits importés représentaient 183.000 tonnes pour une valeur de 42.583 milliards de Francs. Des chiffres globaux, mais qui varient selon les sources. Cependant, si l'on veut rentrer un peu plus dans le détail et savoir quels sont les produits réellement présents sur le territoire, ou bien, si le consommateur souhaite connaitre les caractéristiques exactes des produits disponibles en Polynésie française, il lui sera extrêmement difficile d'obtenir une réponse.
Le parti Union pour la Démocratie (UPLD) par le biais d'Eliane Tevahitua pose une question écrite au gouvernement en ce sens "Quelles sont les dispositions prises par le ministère de l'Agriculture pour contrôler la sécurité sanitaire des produits agro-alimentaires importés en provenance de Chine ou d'autres pays ? Des systèmes de traçabilité ont-ils été mis en place ? Existe-t-il une traçabilité des aliments importés et destinés aux animaux d'élevage produits et consommés localement ? "
Interrogée à ce sujet, la conseillère technique pour l'agriculture auprès de la présidence, Sabine Bazile répond "nous sommes en train de réunir tous les éléments nécessaires pour apporter une réponse à cette question. Nous avons un mois pour y répondre et devons taper à la porte de la DGAE, les douanes, de l'hygiène, le SDR pour cela. "

Un échange de données embryonnaire

Chaque service se renvoie la balle. En effet, aucun registre informatique officiel des produits présents sur le territoire n'existe, les seules données existantes s'apparentant à cela ne permettent pas une réelle traçabilité des produits, à savoir si les produits contiennent des OGM ou non, s'ils sont bio…
Le SDR reconnaît avoir une base de données remplie par chacun de ses services, mais c'est une base interne inaccessible au public. "Nous publions tous les ans un bulletin statistique avec les données générales et les quantités importées" explique Sabine Bazile, conseillère technique pour l'agriculture auprès de la présidence, elle ajoute " chaque entité administrative doit faire sa propre base de données, nous n'avons pas accès aux données des autres administrations, à moins de faire une demande expresse."
Il en va de même pour la DGAE qui indique "nous faisons nos propres statistiques, mais elles ne sont pas publiques." William Vanizette ajoute, "il est vrai que l'échange de données entre administrations reste un peu embryonnaire, il admet par ailleurs, il n'y a pas de registre statistique pour l'ensemble de l'administration à proprement parler en ce qui concerne les produits importés. Chaque service fait ses statistiques en fonction de ses besoins et de ses prérogatives." Les deux services administratifs reconnaissent devoir faire de A à Z l'ensemble de leurs registres avec les archives des douanes.
Les seules données accessibles et permettant de répondre de façon imparfaite à ce questionnement se trouvent sur le site de l'ISPF. En effet, l'institut statistiques délivre un tableau avec les quantités, les types de produits et leur origine, mais là encore, aucun moyen de savoir ce que contiennent les produits et de savoir si les produits comprennent des OGM ou non, ou encore quels produits phytosanitaires sont présents sur le territoire.

Haro sur les douanes

À la question "Qui peut me donner ces informations ?" Tous se tournent vers le service des douanes. Ces derniers, quant à eux, mettent les choses au clair immédiatement : le service de douanes ne fait pas le registre des produits sur le territoire, ils sont là pour faire respecter la réglementation du Pays en ne faisant passer que les produits autorisés.
Là encore, l'absence de centralisation des données et l'inexistence d'un registre informatique officiel des produits présents sur le territoire se font ressentir. Or cette fois-ci ce n'est pas le droit à l'information du consommateur qu'il affecte, mais bel et bien, le bon fonctionnement de l'administration.
À Eliane Tevahitua de conclure, "il y a plusieurs guichets d'information et malheureusement, chacun travaille dans son coin. Il faudrait parvenir un réunir toutes les informations des différents services auprès d'un seul guichet qui les mettrait à la disposition du public et des services qui en auraient besoin."

Rédigé par Marie Caroline Carrère le Dimanche 20 Mars 2016 à 16:00 | Lu 1695 fois