Pas de "grandes vacances" pour le gouvernement polynésien


Les membres du gouvernement se retrouvent en pré-conseil des ministres tous les lundis matins et en conseil des ministres le mercredi.
PAPEETE, le 4 août 2015. En métropole, les ministres au grand complet ont démarré, vendredi dernier, une période générale de vacances de 18 jours. Trois semaines de repos "vigilant" à l'affût de l'actualité et de ses rebondissements éventuels. En Polynésie française, cette tradition n'existe pas.

Des vacances générales pour le gouvernement de Polynésie ? Cela n'existe pas, tout simplement. Pendant les grandes vacances scolaires de l'hiver austral, le calendrier du gouvernement reste inchangé avec pré-conseil le lundi matin et conseil des ministres le mercredi. "C'est quelque chose d'établi depuis toujours même si ce n'est écrit nulle part " estime Jean-Christophe Bouissou le porte-parole du gouvernement. En tout cas, dans tous les gouvernements auxquels il a participé la pratique était la même.

Alors que l'assemblée de Polynésie est en activité réduite depuis début juillet, sous la forme de la commission permanente jusqu'à une reprise des travaux en séance plénière à la fin du mois d'août, l'exécutif local continue de travailler sans s'accorder de répit complet.
Toutefois, le fait qu'il n'y ait pas de vacances générales n'est pas synonyme de pas de vacances du tout. Les ministres qui l'ont souhaité ont pu prendre une semaine de congés –pas plus- en fonction de leurs plannings officiels et des rendez-vous pris de longue date. Certains sont partis aux Etats-Unis, d'autres en Nouvelle-Zélande ou en France : rien de franchement exotique et rien qui ne dépasse la semaine, au maximum. Heremoana Maamaatuaiahutapu, le ministre de la culture et de l'environnement a ainsi pu prendre "cinq jours de congés juste après la fin du Heiva", ses premiers vrais jours de vacances depuis un an qu'il a été nommé "ministre en devenir" par le président Edouard Fritch.

Et encore, il ne s'agissait pas vraiment de congés complets puisque le ministre de la culture a profité de ce temps hors du territoire, avec "un petit saut à l'étranger" pour faire avancer des dossiers qui lui tiennent à cœur. Sur ces cinq jours officiellement "off", il n'a véritablement décroché de sa fonction ministérielle que le temps d'un week-end. Au menu de ces deux jours pour soi : balade et visite familiale. "C'est sans doute pour la famille que ce rythme soutenu est le plus difficile. Mes enfants, venus en vacances à la fin de leur année universitaire, auraient sans doute aimé avoir plus de temps avec moi. Car, finalement, on n'arrête jamais d'être ministre". Tout en sachant que la fonction de ministre s'exécute de manière bien différente en Polynésie qu'en France. "On a des cabinets ministériels très restreints. Pour ce qui me concerne je n'ai que deux conseillers techniques et un directeur de cabinet. Au final, on est obligé de s'imprégner de tout personnellement et de s'occuper un peu de tout" témoigne Heremoana Maamaatuaiahutapu. "On est un peu chef de service, un peu secrétaire parfois aussi, un peu chef d'orchestre assurément".

LE MIEUX C'EST DE PARTIR

Cette absence de vacances générales des ministres permet au gouvernement du Pays de répondre présent en toute circonstance pour assurer "la continuité dans le fonctionnement des affaires du Pays" explique Jean-Christophe Bouissou. Quand un ministre est autorisé à quitter le territoire, que ce soit en mission pour le Pays ou en voyage d'agrément, ses fonctions sont temporairement assurées par l'un ou l'autre de ses camarades pour les affaires courantes.

Ce qui a aussi ses avantages. "Les ministres français ne sont pas autorisés à quitter l'Hexagone durant cette période de vacances estivales. Ils doivent être capables de rejoindre Paris rapidement à tout moment. Pour nous c'est différent, on peut s'absenter et même quitter le territoire parce qu'il n'y a pas de cessation d'activité. Il n'est pas question de savoir quelle méthode est la meilleure : de toute manière, il en a toujours été ainsi" développe encore Jean-Christophe Bouissou, chez qui la fatigue "psychologique" surtout commence à se faire sentir. Le porte-parole du gouvernement n'a pas encore réussi à s'absenter de ses fonctions ministérielles pour prendre un peu de repos et "après 12 mois on commence à ressentir un peu de fatigue. Il faut pouvoir se mettre un peu en recul et couper le téléphone. Le mieux pour ça c'est de partir" admet-il, sans savoir quand il pourra lui-même bénéficier enfin de cette saine coupure.

Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 4 Aout 2015 à 17:58 | Lu 1495 fois