Parole d'experts: Frédéric Dock : « L’économie numérique a besoin d’un plan stratégique partagé »


Fréderic Dock, Président d'OPEN ( Organisation des professionnels du numérique)
PAPEETE, mercredi 24 mars 2014 - Une enveloppe de 238,6 millions de Fcfp va être débloquée par le Fonds exceptionnel d’investissement (FEI) en faveur de l’OPT pour le déploiement de la fibre optique dans les habitations de Polynésie française. Ce fonds a pour but d'apporter un concours financier de l'Etat à des investissements publics structurants réalisés dans les territoires d'outre-mer et dès les travaux de la Loi de finances pour 2014 en novembre dernier, la réalisation d’un réseau de fibre optique en Polynésie française était actée. Il s’agira d’une 2e tranche de travaux (après le centre ville de Papeete) à travers l’agglomération tahitienne, jusqu’à Punaauia à l’Ouest et couvrant les communes de Pirae, Arue et même Mahina, à l’Est.

Rencontre avec Frédéric Dock, président d’OPEN ( Organisation Pour l’Economie Numérique)

Le projet «fiber to home» lancé par l’OPT et annoncé par Le ministre Marcel Tuihani est-il une bonne nouvelle pour l’Economie Numérique ?

Oui, c’est une très bonne et très attendue nouvelle. Depuis la mise en service du câble Honotua en 2010, tous les utilisateurs d’internet attendaient de pouvoir accéder au Très Haut Débit.

Qu’est-ce que la Fibre raccordée directement à l’usager va apporter à l’économie polynésienne ?

Elle va nous permette de transporter plus vite, et pour des volumes beaucoup plus importants, toutes nos données et nos services. C’est devenu aussi nécessaire et indispensable au développement économique que le sont les réseaux d’eau potable ou ceux de distribution électrique. C’est incontournable pour un pays qui souhaite effectivement se développer. Surtout, lorsqu’il est aussi loin du reste du monde et qu’il veut favoriser son attractivité.

Ca semble un peu difficile à matérialiser, de quoi parle-t-on exactement ?

En fait, le numérique se décompose en plusieurs couches : D’abord, il y a les infrastructures de télécommunications, celles qui sont fixes comme le câble sous-marin ou la FTTH en local puis celles du mobile comme les réseaux 4G ou Wimax. Ce sont ces infrastructures qui porteront les couches supérieures.
Au-dessus, il y a les outils, les logiciels et la réglementation, comme le sont par exemple le paiement électronique ou la dématérialisation.
Puis, au final, pour les particuliers ou les entreprises, il y a l’usage qu’on en fait, tous les e-services comme les plateformes de e-business mais aussi l’e-administration, l’e-santé ou l’e-éducation.

Tous ces chantiers doivent être menées de front. Toutes ces étapes sont très génératrices d’emplois et compte tenu du retard global de la Polynésie dans ce domaine, le potentiel de croissance est énorme.

Plus concrètement, comment peut-on enclencher cette dynamique ?

Il faut déjà que chacun prenne conscience de la place et de l’intérêt du numérique dans notre Pays.
Pour ce faire, nous lançons dès aujourd’hui une campagne d’information et de sensibilisation de ce qu’est notre vision de l’économie numérique polynésienne.
En interrogeant des experts mais surtout des chefs d’entreprises, nous allons expliquer par des exemples clairs et réels ce que nous faisons déjà grâce au numérique mais aussi de quoi nous avons besoin pour développer nos activités et par conséquent l’emploi.

Parallèlement, nous ferons part de notre vision aux Pouvoirs publics pour, et à leur côté, définir une stratégie commune et durable.
L’économie numérique en Polynésie a maintenant besoin d’un plan stratégique qui soit totalement partagé et engageant.
Nos jeunes comme nos moins jeunes ne peuvent plus attendre…..



Rédigé par () le Lundi 24 Mars 2014 à 15:30 | Lu 2330 fois