PAPEETE, le 8 septembre 2014 - Pour développer l’économie numérique, il faut commencer par favoriser la création et le développement des entreprises spécialisées dans ce secteur très porteur : les start-ups. Tour d’horizon des manques en Polynésie avec notre expert Guillaume Proia, fondateur de Yuxuh.
Guillaume Proia œuvre sur le Web polynésien depuis ses origines, dans la création de sites Web ou des conseils aux entreprises. Il a aussi cofondé Yuxuh, le « réseau social de e-commerce » qui est la principale start-up tahitienne. Il nous détaille le cadre réglementaire qui entoure les start-ups polynésiennes… ou plutôt l’absence de tout cadre.
Tout d’abord, pouvez-vous nous expliquer ce qu’est une start-up ?
« Start-up » est le terme anglais pour parler d’une jeune entreprise innovante, une jeune pousse, à fort potentiel de croissance faisant très souvent l’objet de levées de fonds pour démarrer son activité. Au début des années 2000, ce terme « start-up » a été très employé et associé à quelques entreprises, devenues des géants du numérique aujourd’hui et ainsi le terme a perduré pour parler des entreprises innovantes en fort devenir.
Existe-t-il un cadre réglementaire spécifique pour ces entreprises et notamment en Polynésie française ?
De nombreuses actions sont menées dans ce sens en France et ailleurs depuis des années, notamment pour assouplir les conditions de financement participatif (crowdfounding). Des zones « réglementées » ont vu le jour: pépinières, zone d’incubation ou franche, etc... Chacune possède un cadre réglementaire particulier et des aides spécifiques au développement des start-ups. La Polynésie française est l’une des rares régions où aucun cadre réglementaire n’existe pour ces entreprises… Alors que le reste du monde a compris depuis longtemps la nécessité de valoriser ces structures et la compétence de leur personnel par la mise en place d’un environnement favorable à leur développement, et au minimum de communiquer sur une vision politique claire à long terme dans ces domaines.
Quelle est la stratégie officielle en Polynésie ?
Aujourd’hui, je pense qu’il n’y a aucune vision claire du développement de ces entreprises en Polynésie française. Depuis quinze ans (ce n’est pas d’hier), de nombreux « comités de réflexion » se sont créés, mais n’ont pour le moment abouti à aucun résultat véritable. Seule la matière Telecom est ciblée, à croire que le numérique se résume à l’utilisation du téléphone. Chaque entreprise doit se faire une place, se faire reconnaître, montrer que son marché existe et qu’elle est prête à le défendre. En avril 2011, nous avons créé l’association O.P.E.N. (Organisation des Professionnels de l’Économie Numérique) pour défendre les intérêts de ces « professions », montrer toutes les compétences que nous avons sur le Territoire et être force de proposition auprès des pouvoirs publics. Nous commençons à nous faire entendre, mais les choses ne sont jamais vraiment simples.
Existe-t-il un cadre social et fiscal qui permet le développement des start-ups numériques ?
Du point de vue du cadre social, il n’y a pas de particularité pour ces entreprises en Polynésie française, nous sommes comme toutes les autres. À la différence d’autres pays et notamment des régions de France où les compétences sont mises en valeur et favorisent l’embauche. En Europe, des études indiquent que chaque nouvel emploi « high-tech » entraine la création de plus de quatre postes dans d’autres secteurs. Le numérique génère des emplois directs et surtout indirects. Du coup, l’internet et notamment toute l’activité des réseaux sociaux a généré cette année en Métropole plus de 22 000 emplois indirects, sans compter les créations d’entreprises (auto-entrepreneuriat) où chacun crée son propre emploi.
Du point de vue de la fiscalité, le code des impôts polynésien possède quelques textes favorisant la fiscalité de certaines entreprises, notamment sur la production et l’export de logiciels. Mais ces textes se noient dans un ensemble et peuvent à tout moment être transformés par les pouvoirs publics, il n’y a aucune protection. Ces textes n’ont qu’une stabilité très relative.
Quelles sont les forces et faiblesses de la Polynésie française pour favoriser les jeunes pousses ?
La faiblesse serait de croire que la Polynésie ne possède pas de compétences ou de projets innovants et de ne pas favoriser leur développement. Il ne faut pas se sous-estimer, mais pas non plus se surestimer en pensant que le monde nous attend. Personne ne nous attend : nous avons besoin de montrer que nous sommes performants dans certains domaines et que nous pouvons répondre à des besoins venant de l’extérieur.
Notre force vient peut-être en partie de notre éloignement et la nécessité de trouver de nouvelles solutions, de nouveaux services. C’est également l’avantage de favoriser le développement d’entreprises sur un petit marché (test) avant de déployer leurs services ou produits sur d’autres plus gros marchés. Enfin, être au centre d’une région à fort potentiel nous invite à surveiller toutes les opportunités qui pourraient se créer dans ces zones et agir pour y participer.
Avez-vous quelques exemples d’actions à mener favorisant le développement du numérique ?
De petites choses peuvent commencer à être mises en place, comme le prêt d'un grand local, d'une secrétaire et d'un comptable pour installer une pépinière ; la création d'un statut des jeunes pousses qui les dispenserait d'un certain nombre de formalités, taxes et réglementations du droit du travail pendant les trois premières années ; la création d'incitations pour les business angels (investisseurs spécialisés dans les start-ups) en détaxant les plus-values sur la vente de start-ups ; pousser la formation à la CAO et au code dès le collège... bref des actions quoi !
Quelles recommandations feriez-vous aux jeunes entrepreneurs spécialisés dans le numérique pour développer leur activité à partir de la Polynésie ?
C’est toujours très difficile d’entreprendre, quel que soit l’activité ou le domaine de compétence acquis. Pourtant, si vous sentez que vous êtes personnellement prêt, que votre famille vous soutient et que votre projet mérite une attention toute particulière dans les cinq prochaines années, alors foncez et que rien ne vous retienne, la réussite a de grandes chances d’être au bout de ce dur labeur que personne d’autre ne fera à votre place. Il n’y a rien de plus valorisant que de créer un environnement favorable à l’aboutissement de vos objectifs, voire de vos rêves. Bon courage !
Guillaume Proia œuvre sur le Web polynésien depuis ses origines, dans la création de sites Web ou des conseils aux entreprises. Il a aussi cofondé Yuxuh, le « réseau social de e-commerce » qui est la principale start-up tahitienne. Il nous détaille le cadre réglementaire qui entoure les start-ups polynésiennes… ou plutôt l’absence de tout cadre.
Tout d’abord, pouvez-vous nous expliquer ce qu’est une start-up ?
« Start-up » est le terme anglais pour parler d’une jeune entreprise innovante, une jeune pousse, à fort potentiel de croissance faisant très souvent l’objet de levées de fonds pour démarrer son activité. Au début des années 2000, ce terme « start-up » a été très employé et associé à quelques entreprises, devenues des géants du numérique aujourd’hui et ainsi le terme a perduré pour parler des entreprises innovantes en fort devenir.
Existe-t-il un cadre réglementaire spécifique pour ces entreprises et notamment en Polynésie française ?
De nombreuses actions sont menées dans ce sens en France et ailleurs depuis des années, notamment pour assouplir les conditions de financement participatif (crowdfounding). Des zones « réglementées » ont vu le jour: pépinières, zone d’incubation ou franche, etc... Chacune possède un cadre réglementaire particulier et des aides spécifiques au développement des start-ups. La Polynésie française est l’une des rares régions où aucun cadre réglementaire n’existe pour ces entreprises… Alors que le reste du monde a compris depuis longtemps la nécessité de valoriser ces structures et la compétence de leur personnel par la mise en place d’un environnement favorable à leur développement, et au minimum de communiquer sur une vision politique claire à long terme dans ces domaines.
Quelle est la stratégie officielle en Polynésie ?
Aujourd’hui, je pense qu’il n’y a aucune vision claire du développement de ces entreprises en Polynésie française. Depuis quinze ans (ce n’est pas d’hier), de nombreux « comités de réflexion » se sont créés, mais n’ont pour le moment abouti à aucun résultat véritable. Seule la matière Telecom est ciblée, à croire que le numérique se résume à l’utilisation du téléphone. Chaque entreprise doit se faire une place, se faire reconnaître, montrer que son marché existe et qu’elle est prête à le défendre. En avril 2011, nous avons créé l’association O.P.E.N. (Organisation des Professionnels de l’Économie Numérique) pour défendre les intérêts de ces « professions », montrer toutes les compétences que nous avons sur le Territoire et être force de proposition auprès des pouvoirs publics. Nous commençons à nous faire entendre, mais les choses ne sont jamais vraiment simples.
Existe-t-il un cadre social et fiscal qui permet le développement des start-ups numériques ?
Du point de vue du cadre social, il n’y a pas de particularité pour ces entreprises en Polynésie française, nous sommes comme toutes les autres. À la différence d’autres pays et notamment des régions de France où les compétences sont mises en valeur et favorisent l’embauche. En Europe, des études indiquent que chaque nouvel emploi « high-tech » entraine la création de plus de quatre postes dans d’autres secteurs. Le numérique génère des emplois directs et surtout indirects. Du coup, l’internet et notamment toute l’activité des réseaux sociaux a généré cette année en Métropole plus de 22 000 emplois indirects, sans compter les créations d’entreprises (auto-entrepreneuriat) où chacun crée son propre emploi.
Du point de vue de la fiscalité, le code des impôts polynésien possède quelques textes favorisant la fiscalité de certaines entreprises, notamment sur la production et l’export de logiciels. Mais ces textes se noient dans un ensemble et peuvent à tout moment être transformés par les pouvoirs publics, il n’y a aucune protection. Ces textes n’ont qu’une stabilité très relative.
Quelles sont les forces et faiblesses de la Polynésie française pour favoriser les jeunes pousses ?
La faiblesse serait de croire que la Polynésie ne possède pas de compétences ou de projets innovants et de ne pas favoriser leur développement. Il ne faut pas se sous-estimer, mais pas non plus se surestimer en pensant que le monde nous attend. Personne ne nous attend : nous avons besoin de montrer que nous sommes performants dans certains domaines et que nous pouvons répondre à des besoins venant de l’extérieur.
Notre force vient peut-être en partie de notre éloignement et la nécessité de trouver de nouvelles solutions, de nouveaux services. C’est également l’avantage de favoriser le développement d’entreprises sur un petit marché (test) avant de déployer leurs services ou produits sur d’autres plus gros marchés. Enfin, être au centre d’une région à fort potentiel nous invite à surveiller toutes les opportunités qui pourraient se créer dans ces zones et agir pour y participer.
Avez-vous quelques exemples d’actions à mener favorisant le développement du numérique ?
De petites choses peuvent commencer à être mises en place, comme le prêt d'un grand local, d'une secrétaire et d'un comptable pour installer une pépinière ; la création d'un statut des jeunes pousses qui les dispenserait d'un certain nombre de formalités, taxes et réglementations du droit du travail pendant les trois premières années ; la création d'incitations pour les business angels (investisseurs spécialisés dans les start-ups) en détaxant les plus-values sur la vente de start-ups ; pousser la formation à la CAO et au code dès le collège... bref des actions quoi !
Quelles recommandations feriez-vous aux jeunes entrepreneurs spécialisés dans le numérique pour développer leur activité à partir de la Polynésie ?
C’est toujours très difficile d’entreprendre, quel que soit l’activité ou le domaine de compétence acquis. Pourtant, si vous sentez que vous êtes personnellement prêt, que votre famille vous soutient et que votre projet mérite une attention toute particulière dans les cinq prochaines années, alors foncez et que rien ne vous retienne, la réussite a de grandes chances d’être au bout de ce dur labeur que personne d’autre ne fera à votre place. Il n’y a rien de plus valorisant que de créer un environnement favorable à l’aboutissement de vos objectifs, voire de vos rêves. Bon courage !
Biographie de Guillaume Proia
Gérant fondateur de Vittoria Conseil, spécialiste en technologie, solutions et sécurité internet – cofondateur et gérant de la startup YUXUH TECHNOLOGIE www.yuxuh.com - Auditeur S.I. certifié, Conseiller en stratégie et développement d'affaires, Président fondateur sortant de l'Organisation des Professionnels de l'Économie Numérique (OPEN) en Polynésie française, le jeune entrepreneur hyperactif a également été 2ème vice-président du MEDEF Polynésie. C'est avec une vision globale qu’il défend les intérêts et le développement des petites et moyennes entreprises du numérique.
Gérant fondateur de Vittoria Conseil, spécialiste en technologie, solutions et sécurité internet – cofondateur et gérant de la startup YUXUH TECHNOLOGIE www.yuxuh.com - Auditeur S.I. certifié, Conseiller en stratégie et développement d'affaires, Président fondateur sortant de l'Organisation des Professionnels de l'Économie Numérique (OPEN) en Polynésie française, le jeune entrepreneur hyperactif a également été 2ème vice-président du MEDEF Polynésie. C'est avec une vision globale qu’il défend les intérêts et le développement des petites et moyennes entreprises du numérique.