Parlement: le rapprochement de la majorité et de LR fustigé par le reste de l'opposition


Bertrand GUAY / AFP
Paris, France | AFP | mercredi 27/07/2022 - Entre le Sénat qui réécrit le texte sanitaire et les députés LR qui votent le paquet pouvoir d'achat, la majorité a jusqu'ici surtout scellé des "compromis" avec la droite au Parlement, sous le feu des critiques du reste de l'opposition.

Après une courte nuit, Bruno Le Maire a tenu à "remercier" mercredi matin sur France Inter les "54 députés LR qui ont voté pour" le second volet du paquet pouvoir d'achat adopté par l'Assemblée. "Nous avons élargi la majorité actuelle" sur ce texte, a-t-il souligné.

Les Républicains ont aussi soutenu le gouvernement pour rattraper un accident de vote survenu mardi soir, revenant ainsi sur 500 millions d'euros de revalorisation supplémentaire pour les retraites. 

De quoi s'attirer les foudres du reste de l'opposition, dans l'ambiance nocturne surchauffée de l'hémicycle. "C'est la mort des Républicains comme parti d'opposition (...) Vous serez balayés plus vite que vous ne le pensez", a lancé le RN Sébastien Chenu.

"Pour une des seules choses qu'on a réussi à obtenir, c'est retoqué dans la nuit par le biais d'un arrangement avec LR", a aussi dénoncé l'Insoumise Aurélie Trouvé mercredi.

Sur le fond, dans cette nouvelle Assemblée sans majorité absolue pour les macronistes, LR a négocié l'un des principaux compromis de ce texte: la prolongation et hausse de la ristourne de l'Etat sur le litre de carburant, à 30 centimes en septembre et octobre. La droite a aussi obtenu satisfaction sur la défiscalisation des heures supplémentaires, entre autres.

Le texte poursuit maintenant sa route au Sénat, dominé par la droite.

La chambre haute avait déjà joué un rôle clé sur le projet de loi sanitaire face au Covid. Alors que l'Assemblée, avec des voix LR cette fois, avait sabré l'un des articles principaux, les sénateurs ont réécrit le dispositif rendant possible un contrôle sanitaire aux frontières.

Ligne de crête 

Les LR courent-ils le risque de ne plus apparaître comme une "opposition claire" ? "C'est vrai que c'est une ligne de crête qui est compliquée, nous avons résumé cela par l'expression +être une opposition utile+", répond la présidente par intérim des LR Annie Genevard sur Europe 1.

L'exécutif insiste sur les autres accords trouvés à l'Assemblée. Réclamée de longue date par les oppositions de tous bords, la déconjugalisation de l'allocation adultes handicapés a fait la quasi unanimité.

Bruno Le Maire a aussi souligné le "compromis" voté pour soutenir les collectivités locales face à l'inflation, à partir d'un amendement venu initialement de la socialiste Christine Pires Beaune. 

Une proposition des écologistes sur l'utilisation de l'huile de friture comme carburant a également été soutenue. Et le groupe indépendant Liot a reçu plusieurs avals, à propos du bouclier loyer en outre-mer par exemple.

Certes, LR a été un "partenaire de facto" sur le pouvoir d'achat, mais cela "dépendra des différents textes" à l'avenir, affirme la cheffe des députés LREM Aurore Bergé, qui évoque par exemple le projet de loi consacré aux énergies renouvelables dans les mois qui viennent.

En octobre, la rentrée parlementaire sera néanmoins consacrée à deux projets de loi "clivants", de l'aveu d'un ministre: à l'Assemblée, la prolongation des règles de l'assurance chômage, et un projet de loi sur l'immigration au Sénat.

Autant de textes pour lesquels l'exécutif pourrait encore se tourner vers sa droite.  

"Ils ne peuvent gouverner qu'à droite avec des réformes comme l'assurance chômage, les retraites, le RSA" sous conditions d'activité, pronostique un cadre socialiste, qui ne renonce pas pour autant à "jouer le jeu du parlementarisme", pour "défendre ses idées minoritaires".

"A un moment donné, il faudra se poser la question: faut-il rentrer dans une coalition politique" avec LR, lâche un ministre. Car "il y a une réalité des rapports de force" avec 60 LR contre 30 socialistes, glisse-t-il.

Le budget examiné à l'automne sera un autre moment de vérité. 

Reste que les discussions avec LR peuvent aussi changer de ton, selon la personnalité du nouveau chef du parti de droite, élu en décembre. A l'aile dure, Eric Ciotti a déjà fait acte de candidature.

le Mercredi 27 Juillet 2022 à 05:30 | Lu 328 fois