Parce qu’ils sont vecteurs de maladie, il faut faire la guerre aux moustiques


PAPEETE, vendredi 15 novembre 2013. Les autorités de la santé publique en Polynésie française ont alerté hier la population sur la nécessité de se protéger efficacement contre les moustiques et ont appelé la population à agir, dans son entourage immédiat, pour détruire les gîtes larvaires des moustiques. L’objectif : tenter de limiter le plus possibles les effets des épidémies de dengue et de zika qui touchent toutes les deux actuellement le territoire, et surtout tenter d’éviter l’apparition d’un autre virus transporté par les moustiques, le chikungunya.

La situation de la Polynésie française est très particulière depuis le début de cette année 2013 face aux virus transportés par les moustiques. En février dernier, une épidémie de dengue était déclarée par le Bureau de veille sanitaire dès l’apparition des premiers cas confirmés de dengue, car le virus n’avait pas circulé sur le territoire depuis 2009, pas même de manière endémique. La particularité de cette épidémie de dengue est également que, rapidement, deux types de dengue circulent en même temps : la dengue 1, sans doute arrivée par la Nouvelle Calédonie voisine où l’épidémie était déclarée depuis plusieurs mois, et la dengue 3 avec l’importation d’un cas venu de Guyane. Alors que les responsables des autorités sanitaires pensaient que l’un des deux types de dengue finirait par disparaître au cours de cette épidémie polynésienne, neuf mois plus tard, les deux sérotypes continuent de circuler en même temps. Au 8 novembre dernier, il y avait eu 888 cas de dengue confirmés en Polynésie française depuis le début de l’épidémie en cours, dont 274 cas de dengue confirmée de type 1, 134 de type 3, le reste des cas confirmés n’ayant pas pu être typés avec certitude.

Si la co-circulation active de deux sérotypes du virus de la dengue était déjà surprenante en Polynésie depuis le début de l’année 2013, l’apparition d’une autre épidémie virale transmise encore par le moustique, le zika, est totalement inédite. D’autant plus inédite que la seule épidémie recensée dans le Pacifique de ce virus zika datait de 2007 en Micronésie. La propagation de cette nouvelle épidémie sur la population polynésienne qui n’avait jamais été en contact avec ce virus est ainsi très rapide et a été observée sur tous les archipels polynésiens à l’exception des Gambier. Or si le zika n’est a priori, dans l’état actuel des connaissances médicales qu’une maladie bénigne, la dengue, elle, peut entraîner des complications graves et peut conduire jusqu’à la mort. La Polynésie a enregistré en fin de semaine dernière son premier décès d’un patient malade de la dengue : en l’occurrence un bébé de six mois. Un décès qui doit permettre à toute la population de ne pas prendre à la légère les messages qui sont lancés par les autorités de faire la guerre aux moustiques.

Car face à ces épidémies de virus transmis par les moustiques et pour lesquels il n’existe aucun traitement médical efficace, la seule vraie arme est de tuer les moustiques avant qu’ils ne nous piquent ! Un travail titanesque impossible à mener à moins que la population elle-même ne se retrousse les manches et y participe activement. A l’inverse d’une croyance populaire, les pulvérisations d’insecticide anti-moustique à grande échelle sont inutiles car leurs effets sont très limités dans le temps : l’insecticide ne tue que les moustiques adultes dans l’environnement immédiat de la pulvérisation, et laissent éclore tranquillement les larves de moustiques. C’est à chaque famille, chaque habitant, qu’il revient de mener cette bataille en éliminant de leur jardin, de leur balcon, de leur maison le moindre récipient d’eau stagnante. Les moustiques vecteurs de la dengue, les aedes -qu’ils soient aegytpi ou polynesiensis- sont, certes, des ennemis dangereux pour les hommes en lui transmettant ces virus, mais ils vivent aussi très près de nous et jusque dans nos maisons.

Rédigé par Mireille Loubet le Vendredi 15 Novembre 2013 à 10:40 | Lu 1879 fois