Parau Ti’amā, que vivent les langues polynésiennes


TAHITI, le 16 juillet 2023 - La maison de la culture va organiser un festival des langues, Parau Ti’amā début septembre. Au cours de l’événement un concours va être ouvert à destination des auteurs et orateurs. Une sélection des meilleurs textes envoyés sera déclamée.

La première édition du festival Parau Ti’amā va se dérouler du vendredi 1er au dimanche 3 septembre à la Maison de la culture. Tout l’espace ou presque sera mobiliser. Ce festival proposera au public de vivre les langues autochtones des archipels de la Polynésie et de partir à leur découverte. Au programme, il y aura des ateliers, animations et conférences, des jeux... Parau Ti’amā invitera les visiteurs à écouter, à apprendre, à interroger les langues.

Hitihiti Hiro, responsable des activités permanentes à la maison de la culture, a mis sur pied l’événement avec l’ensemble de son équipe. "L’objectif premier de cet événement évoqué dès le début de l’année 2023 était de proposer un espace d’immersion. Nous avons pensé Parau Ti’amā sur cette base." Selon elle, cette initiative répond à un véritable besoin. "Nous percevons cette attente de la population de manière récurrente." Le public aspire à trouver des endroits où vivre ses langues. "Nous y répondrons sans prétention", indique Hitihiti Hiro.

Richesse et singularité

Souvent réduite à la seule langue tahitienne, la Polynésie française présente en réalité un riche paysage linguistique qui compte sept langues autochtones distinctes : tahitien, austral, ra’ivavae, rapa, mangarévien, pa’umotu et marquisien. Ces sept langues (et leurs dialectes, environ une quinzaine) constituent une part importante du groupe polynésien, une famille linguistique de trente- sept langues qui recouvre la moitié orientale du Pacifique. Jean-Michel Charpentier et Alexandre François ont réalisé un Atlas Linguistique de Polynésie Française (2015). Le festival Parau Ti’amā cherchera à mettre en avant "la singularité" et "l’unicité" de ces langues et dialectes.

Écrire et dire

Le festival permettra au public de s’exprimer grâce au concours ‘Ārere. Celui-ci récompensera les meilleurs écrits et déclamations sur le thème Ode à mon Pays ou Pehepehe no tō’u fenua. "Chacun sera libre d’écrire et/ou de dire son identité sans aucune autre contrainte que la taille du texte", explique Hitihiti Hiro.

Ce concours est ouvert à tous, jeunes et adultes, amateurs et confirmés. Il y aura 4 catégories pour les auteurs, une pour les orateurs. Selon le règlement, est considérée comme auteur confirmé "la personne ayant déjà publié au moins deux textes de toute nature que ce soit, sur tous supports d’édition, ou ayant écrit un thème pour un groupe de danse ou de chant lors des concours Heiva I Tahiti et Hura Tapairu".

Un jury composé notamment de Mirose Paia, Goenda Reea, Odile Purue, Pierrot Faraire, Edgar Tetahiotupa, Tonyo Toomaru sera là pour départager les plumes. L’annonce des lauréats et la remise des lots auront lieu le dernier jour du festival, le dimanche 3 septembre 2023. Les inscriptions sont ouvertes.

Aux origines des langues polynésiennes

Mirose Paia, maître de conférences de langues et littérature polynésiennes à l’université de la Polynésie française (UPF) et Jacques Vernaudon maître de conférences de linguistique océanienne à l’UPF ont signé un article paru dans le numéro 31 de Langue & Cité, Langues des outre-mer (2022). Ils écrivaient : Toutes les langues autochtones de Polynésie française, appelées communément "langues polynésiennes" ou "reo mā'ohi", appartiennent au groupe généalogique des langues polynésiennes qui en compte une quarantaine. Issues d’une protolangue parlée il y a trois mille ans dans la région de Tonga, Samoa, 'Uvea et Futuna, au centre de l’océan Pacifique, les langues du groupe polynésien présentent d’étroites ressemblances grammaticales et lexicales et partagent de nombreuses innovations spécifiques qui témoignent d’une période commune de développement de deux millénaires. Navigateurs hors pair, leurs locuteurs se sont plus tard dispersés sur l’ensemble du Pacifique, en Mélanésie et en Micronésie à l’ouest, vers l’est jusqu’à Rapa nui, jusqu’à Hawai'i au nord. Aotearoa au sud-ouest fut le dernier grand archipel colonisé par les Polynésiens, 1 300 ans après J.-C.

Les archipels de peuplement exclusivement polynésien du Pacifique oriental sont homogènes linguistiquement, chaque archipel étant généralement associé à une seule langue, même s’il existe une variation dialectale interne. L’actuelle collectivité de Polynésie française fait un peu exception puisqu’elle compte cinq archipels (Marquises, Îles de la Société, Tuamotu, Gambier, Australes) distribués sur une surface aussi étendue que celle de l’Europe de l’Ouest, mais sept langues : 'eo 'enana/'enata, reo tahiti, reo pa'umotu, reo magareva, reo rurutu, geo ga'ivavae, reo rapa.


S’imprégner avant de s’immerger

Depuis mai 2018, une page interactive de l’Atlas sonore des langues régionales de France est dédiée à la Polynésie française. Réalisée avec le concours de l’équipe d’Accueil Sociétés Traditionnelles et Contemporaines en Océanie (EASTCO) de l’Université de la Polynésie française et l’aide de plusieurs locuteurs bénévoles, elle illustre de manière conviviale et accessible au grand public la diversité linguistique interne des archipels polynésiens. On peut accéder aux enregistrements des langues et de leurs variétés dialectales en cliquant sur les différentes îles des archipels.

Pratique

Du 1er au 3 septembre à la Maison de la culture.
Entrée libre.
Inscription au concours en ligne.
Les inscriptions aux concours sont ouvertes depuis le 1er juillet et le resterons jusqu’au 20 août 2023.

Rédigé par Delphine Barrais le Dimanche 16 Juillet 2023 à 17:48 | Lu 3433 fois