Buka, Papouasie-Nouvelle-Guinée | AFP | mercredi 11/12/2019 - Les habitants de Bougainville ont décidé à une écrasante majorité de quitter le giron de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, un pas majeur vers la création d'un nouvel Etat, selon les résultats du référendum publiés mercredi.
L'ex-Premier ministre irlandais Bertie Ahern, président de la Commission référendaire de Bougainville, a annoncé que 176.928 électeurs avaient voté en faveur de l'indépendance, soit plus de 98% des suffrages exprimés.
Seulement 3.043 personnes se sont prononcées en faveur d'une plus grande autonomie de cette île très riche en cuivre.
De puissantes acclamations, des applaudissements et des larmes ont accueilli cette annonce. Puis, les dignitaires ont entonné l'hymne de l'île, "Mon Bougainville".
"Dire que je suis heureuse est un euphémisme", s'est félicitée Alexia Baria. "C'est le moment que nous attendions", a expliqué cette infirmière en pleurant de joie.
Ce vote historique doit permettre de tourner définitivement la page d'une décennie de conflit armé qui a fait quelque 20.000 morts, soit 10% de la population, avant le cessez-le-feu de 1998.
"Maintenant, nous nous sentons libérés, au moins psychologiquement", s'est félicité le président de la région autonome de Bougainville, John Momis.
A New York (Etats-Unis), le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a salué "l'organisation réussie du référendum" et félicité les autorités et tous les électeurs "pour leur dévouement et la conduite pacifique du processus". Il a appelé toutes les parties à s'assurer que la suite sera "inclusive et constructive", précise son communiqué.
L'indépendance ne prendra pas effet immédiatement et un long processus politique attend les dirigeants.
Ils devront surmonter d'importantes difficultés financières et administratives afin de réussir à transformer cette île du Pacifique en une nation à part entière, qui pourrait devenir le 194e membre des Nations unies.
Le résultat du référendum doit dans un premier temps être ratifié par le Parlement de Papouasie-Nouvelle-Guinée, au sein duquel certains élus sont vigoureusement opposés à cette indépendance, redoutant un effet de contagion dans un pays d'une très grande diversité ethnique et linguistique.
L'ampleur de la victoire des partisans de l'indépendance devrait cependant peser en faveur de la reconnaissance de ce référendum.
"Ce résultat ne laisse place à aucune autre interprétation que: Bougainville veut l'indépendance", a expliqué Shane McLeod, chercheur à l'Institut Lowy de Sydney (Australie). "Un vote aussi massif la rend inévitable".
"Port Moresby devra rapidement digérer le résultat", a-t-il estimé, "ils devront être prêts pour évoquer le calendrier de l'indépendance".
S'exprimant à Buka, principale ville de la région de Bougainville, M. Ahern a exhorté toutes les parties à valider le résultat de la consultation.
Ce vote était pour "votre paix, votre histoire et votre avenir" et a démontré "le pouvoir du stylo face aux armes", a-t-il déclaré.
Puka Temu, le ministre chargé de Bougainville à Port Moresby, a qualifié le résultat du référendum de "crédible", mais demandé aux électeurs "de laisser suffisamment de temps au reste de la Papouasie-Nouvelle-Guinée pour digérer ce résultat".
Les habitants, ravis de pouvoir se prononcer, avaient commencé à voter le 23 novembre dans l'allégresse.
Le scrutin, qui s'est déroulé sans incident notable, selon la commission en charge du référendum, s'est clos samedi.
De nombreux habitants de la région de Bougainville avaient bien conscience mercredi des difficultés à venir.
Pour Gerald Dising, un commerçant du l'extrême sud de l'île de Bougainville venu à Buka pour assister à la proclamation des résultats, ce vote n'est qu'un "premier obstacle" franchi.
Selon lui, les responsables politiques "ont maintenant une immense tâche à accomplir pour répondre aux attentes de notre peuple".
Peter Sohia, un ex-présentateur radio, se voulait résolument optimiste: "Nous n'avons peut-être pas les meilleurs hôpitaux, les meilleures écoles ou les meilleures routes et infrastructures, mais notre moral est bon et cela nous mènera là où nous voulons".
L'île doit son nom au navigateur français Louis-Antoine de Bougainville (1729-1811), qui l'explora en 1768, et compte parmi les territoires les plus pauvres de l'hémisphère Sud malgré ses richesses en cuivre.
En devenant indépendante, Bougainville pourrait devenir un nouvel enjeu de la lutte d'influence entre puissances régionales dans le Pacifique, dont la Chine et l'Australie.
L'ex-Premier ministre irlandais Bertie Ahern, président de la Commission référendaire de Bougainville, a annoncé que 176.928 électeurs avaient voté en faveur de l'indépendance, soit plus de 98% des suffrages exprimés.
Seulement 3.043 personnes se sont prononcées en faveur d'une plus grande autonomie de cette île très riche en cuivre.
De puissantes acclamations, des applaudissements et des larmes ont accueilli cette annonce. Puis, les dignitaires ont entonné l'hymne de l'île, "Mon Bougainville".
"Dire que je suis heureuse est un euphémisme", s'est félicitée Alexia Baria. "C'est le moment que nous attendions", a expliqué cette infirmière en pleurant de joie.
Ce vote historique doit permettre de tourner définitivement la page d'une décennie de conflit armé qui a fait quelque 20.000 morts, soit 10% de la population, avant le cessez-le-feu de 1998.
"Maintenant, nous nous sentons libérés, au moins psychologiquement", s'est félicité le président de la région autonome de Bougainville, John Momis.
A New York (Etats-Unis), le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a salué "l'organisation réussie du référendum" et félicité les autorités et tous les électeurs "pour leur dévouement et la conduite pacifique du processus". Il a appelé toutes les parties à s'assurer que la suite sera "inclusive et constructive", précise son communiqué.
L'indépendance ne prendra pas effet immédiatement et un long processus politique attend les dirigeants.
Ils devront surmonter d'importantes difficultés financières et administratives afin de réussir à transformer cette île du Pacifique en une nation à part entière, qui pourrait devenir le 194e membre des Nations unies.
- "Digérer le résultat" -
Le résultat du référendum doit dans un premier temps être ratifié par le Parlement de Papouasie-Nouvelle-Guinée, au sein duquel certains élus sont vigoureusement opposés à cette indépendance, redoutant un effet de contagion dans un pays d'une très grande diversité ethnique et linguistique.
L'ampleur de la victoire des partisans de l'indépendance devrait cependant peser en faveur de la reconnaissance de ce référendum.
"Ce résultat ne laisse place à aucune autre interprétation que: Bougainville veut l'indépendance", a expliqué Shane McLeod, chercheur à l'Institut Lowy de Sydney (Australie). "Un vote aussi massif la rend inévitable".
"Port Moresby devra rapidement digérer le résultat", a-t-il estimé, "ils devront être prêts pour évoquer le calendrier de l'indépendance".
S'exprimant à Buka, principale ville de la région de Bougainville, M. Ahern a exhorté toutes les parties à valider le résultat de la consultation.
Ce vote était pour "votre paix, votre histoire et votre avenir" et a démontré "le pouvoir du stylo face aux armes", a-t-il déclaré.
- "Premier obstacle" franchi -
Puka Temu, le ministre chargé de Bougainville à Port Moresby, a qualifié le résultat du référendum de "crédible", mais demandé aux électeurs "de laisser suffisamment de temps au reste de la Papouasie-Nouvelle-Guinée pour digérer ce résultat".
Les habitants, ravis de pouvoir se prononcer, avaient commencé à voter le 23 novembre dans l'allégresse.
Le scrutin, qui s'est déroulé sans incident notable, selon la commission en charge du référendum, s'est clos samedi.
De nombreux habitants de la région de Bougainville avaient bien conscience mercredi des difficultés à venir.
Pour Gerald Dising, un commerçant du l'extrême sud de l'île de Bougainville venu à Buka pour assister à la proclamation des résultats, ce vote n'est qu'un "premier obstacle" franchi.
Selon lui, les responsables politiques "ont maintenant une immense tâche à accomplir pour répondre aux attentes de notre peuple".
Peter Sohia, un ex-présentateur radio, se voulait résolument optimiste: "Nous n'avons peut-être pas les meilleurs hôpitaux, les meilleures écoles ou les meilleures routes et infrastructures, mais notre moral est bon et cela nous mènera là où nous voulons".
L'île doit son nom au navigateur français Louis-Antoine de Bougainville (1729-1811), qui l'explora en 1768, et compte parmi les territoires les plus pauvres de l'hémisphère Sud malgré ses richesses en cuivre.
En devenant indépendante, Bougainville pourrait devenir un nouvel enjeu de la lutte d'influence entre puissances régionales dans le Pacifique, dont la Chine et l'Australie.