Papouasie: Épidémie combinée de malaria et de grippe : 21 morts


PORT-MORESBY, mardi 1er février 2011 (Flash d'Océanie) – Vingt et une personnes, dont de nombreux enfants, sont mortes ces dernières semaines d’une épidémie combinée de grippe et de malaria qui sévit actuellement dans les districts de Salt-Nomane et Karimui (province de Chimbu), rapporte lundi le quotidien The National, citant des sources médicales.
Une équipe du département national de la santé, munie d’un premier stock de médicaments, aurait depuis la semaine dernière été dépêchée sur place afin de mettre en place un plan de lutte d’urgence et de prévention.
Les autorités sanitaires invoquent une nouvelle fois comme cause de cette épidémie tardivement détectée l’isolement des communautés concernées.

L’épidémie papoue de choléra ne faiblit pas

Par ailleurs, l’épidémie de choléra qui touche depuis le dernier trimestre 2010 le Sud et l’Ouest du pays, notamment sur la petite île de Daru, continue à progresser avec des derniers bilans officiels faisant état de trois cent vingt quatre décès et plus de trois mille cas dépistés et une progression de la maladie dans la périphérie de la capitale Port-Moresby.
Fin décembre 2010, le gouvernement central de Papouasie-Nouvelle-Guinée, avec un appui logistique de l’armée, a envoyé de nouveaux chargements de médicaments et de matériel médical (solutions hydratantes et seringues intraveineuses) dans cette province limitrophe de l’Australie.
Dans le cadre de la réponse internationale et régionale à cette crise sanitaire, le gouvernement australien, en coordination avec l’Organisation Mondiale de la Santé et l’organisation non gouvernementale Médecins sans Frontières (MSF) continuent pour leur part à œuvrer sur place afin de mettre aussi en œuvre des campagnes de sensibilisation et d’information (se laver régulièrement les mains, faire bouillir systématiquement l’eau avant de la consommer) concernant les mesures élémentaires de prévention de la propagation de cette maladie, dont les symptômes les plus apparents sont la diarrhée entraînant une rapide déshydratation.
Dans la province du Sépik oriental aux abords de la rivière Fly, non loin du site d’exploitation de l’importante mine de cuivre d’OK Tedi, la progression de l’épidémie ne semblait toujours pas montrer non plus de signes de ralentissement et les autorités locales, citées par la presse, faisaient état ces dernières semaines de plusieurs dizaines de nouvelles victimes.
C’est l’administrateur de ce district d’Ambunti-Dreikikir, Solomon Hopkos, qui a apporté cette confirmation, se basant sur les comptes-rendus qui lui ont été fournis par un responsable de la société suisse Xstrata, qui construit actuellement un nouveau centre d’exploitation sur le gisement d’or et de cuivre de la rivière Frieda.
Mi-décembre 2010, l’armée française, depuis sa base de Nouvelle-Calédonie, a acheminé quelque 2,8 tonnes de médicaments à destination des populations actuellement touchées par cette épidémie de choléra.
Ce chargement humanitaire, acheminé par un avion CASA de l’armée française basé à Nouméa, intervenait en réponse à une requête du commandant de l’armée de l’air papoue, le Major John Matlock, en consultation avec le ministère local de la santé et le gouverneur de la province (occidentale) destinataire Bob Danaya.
Cette mobilisation avait pour principal objectif d’assurer le transport d’un chargement de médicaments depuis la capitale Port-Moresby vers l’île la plus touchée, celle de Daru, tout près de l’extrême-Nord australien.
Le passage de l’avion français aurait déjà été prévu, dans le cadre de rencontres militaires avec les Papous, qui ont depuis été reportées.
« Au nom de mon peuple, je suis reconnaissant au gouvernement français et à son ambassade à Port-Moresby pour avoir répondu aussi rapidement à notre demande.
Entre le moment où nous l’avons envoyée formellement, vendredi (10 décembre 2010), et cette réponse, il ne s’est passé que deux jours », soulignait alors le Gouverneur provincial Bob Danaya, qui se trouvait aussi à la base militaire de Jackson (Port-Moresby) avant le décollage du chargement à bord du CASA français.

Combinaison de moyens : Australie, OMS, Papouasie-Nouvelle-Guinée

Fin novembre 2010, Kevin Rudd, ministre australien des affaires étrangères, a annoncé une intensification de l’aide australienne en faveur des populations touchées par l’épidémie et une mobilisation de moyens humains et matériels en supplément de ceux déjà déployés dans le cadre d’un effort tripartite Australie/Papouasie-Nouvelle-Guinée/Organisation Mondiale de la Santé et dont l’objet initial était d’évaluer sur place la situation.
Le nouveau paquet comprend des experts médicaux et épidémiologies, ainsi que d’importants stocks de liquides de réhydratation, à administrer soit par voie intraveineuses (perfusions, mille litres), soit par voie orale (douze cent doses).
Cinquante mille tablettes de purification d’eau et huit cent conteneurs de dix litres d’eau potable font aussi partie de ce stock.

Sensibilisation à l’hygiène

Concernant un volet dédié à l’information et à la sensibilisation des populations, mille posters sont aussi envoyés sur Daru, afin de faire passer un message axé sur le respect de règle hygiéniques de base (se laver les mains, faire bouillir systématiquement l’eau avant de la consommer).
Depuis le début d’une épidémie, dans d’autres provinces papoues (celles de Morobé, Madang, Sépik oriental et occidental, Hauts-Plateaux du Sud et dans la capitale Port-Moresby) mi-2009, l’Australie avait aussi mobilisé des moyens importants (qu’elle évalue à 1,7 millions de ses dollars, soit 1,2 millions d’euros).
Ces précédentes épidémies, désormais réputées maîtrisées, auraient fait une quarantaine de victimes.
Elles avaient suscité en septembre 2009 la déclaration d’un état d’urgence sanitaire national, du fait de la combinaison de cette maladie avec d’autres épidémies (de grippe saisonnière et de dysenterie).
« Quiconque visite ces zones affectées doit observer des précautions hygiéniques strictes, y compris se laver les mains soigneusement et fréquemment.
Nous recommandons aussi de ne boire que de l’eau provenant de sources connues (comme l’eau en bouteille, l’eau chlorée ou bouillie), d’éviter les glaçons et la nourriture crue ou insuffisamment cuite », avertissait le gouvernement australien dans la dernière version mise à jour de ses conseils aux voyageurs.
Depuis début novembre 2010, la majorité des victimes a succombé à des symptômes similaires à ceux de la diarrhée, entraînant une déshydratation.
Dans un premier temps, le gouvernement australien avait d’abord décidé de restreindre jusqu’à nouvel ordre les facilités de déplacement des personnes de part et d’autres du Détroit de Torrès.
Ces restrictions viennent suspendre les dispositions particulières accordées aux populations situées de part et d’autre de ce bras de mer, dans le cadre d’un traité bilatéral de libre circulation des personnes entre l’Australie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Tout comme lors de précédentes vagues de l’épidémie qui ont touché plusieurs provinces plus au Nord de l’île principale, la qualité de l’eau potable accessible au public serait une des causes les plus probables de transmission de cette maladie.

pad

Rédigé par AFP le Lundi 31 Janvier 2011 à 20:28 | Lu 855 fois