Tahiti, le 21 février 2020 - Cette semaine, trois paquebots et leurs quelque 7 500 touristes et 2 500 membres d'équipage ont fait escale à Papeete. Un supplément de fréquentation qui accélère l’économie du tourisme (un peu) et ralentit la circulation automobile (un peu également).
Cette semaine, beaucoup de touristes arpentent la ville. Trois paquebots font escale à Papeete à l'occasion de croisières transpacifiques :
- Le Costa Deliziosa était à quai lundi, avec 2 826 passagers et 908 membres d’équipage ;
- L'Emerald Princess est parti hier mais était là depuis mardi, avec 3 110 passagers et 1 100 membres d’équipage ;
- L'Amsterdam sera là samedi, avec “seulement” 1 380 passagers et 640 membres d’équipage.
Pour l'occasion, l'association Papeete Centre-ville, en charge de l'animation commerciale de la capitale, met les bouchées doubles. Ils ont organisé des animations culturelles à travers la ville et un spectacle de danse gratuit à Vaiete mardi et mercredi soir.
Cette semaine, beaucoup de touristes arpentent la ville. Trois paquebots font escale à Papeete à l'occasion de croisières transpacifiques :
- Le Costa Deliziosa était à quai lundi, avec 2 826 passagers et 908 membres d’équipage ;
- L'Emerald Princess est parti hier mais était là depuis mardi, avec 3 110 passagers et 1 100 membres d’équipage ;
- L'Amsterdam sera là samedi, avec “seulement” 1 380 passagers et 640 membres d’équipage.
Pour l'occasion, l'association Papeete Centre-ville, en charge de l'animation commerciale de la capitale, met les bouchées doubles. Ils ont organisé des animations culturelles à travers la ville et un spectacle de danse gratuit à Vaiete mardi et mercredi soir.
Les habitants de Papeete ont donc eu droit à de la musique et du 'ori Tahii, tandis que les commerçants peuvent écouler de la marchandise. Mais combien dépensent vraiment les croisiéristes ? Difficile d'avoir des chiffres complets. L'Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF) sépare ceux qui effectuent une croisière entièrement dans nos eaux (comme celles proposées par le Paul Gauguin ou l'Aranui), et ceux qui ne font que passer lors d'une croisière transpacifique (comme les trois bateaux à quai cette semaine).
Dans son étude “Les dépenses des touristes internationaux en 2018” publiée en décembre dernier, l’ISPF donne des chiffres détaillés pour les croisiéristes intra-polynésiens : “Les dépenses hors hébergement (transport, commerce, excursions...) sont de 102 000 Fcfp pour les croisiéristes et 137 000 Fcfp pour les touristes terrestres”. Pas de chiffres pour les croisiéristes transpacifiques. On imagine que, n’étant à terre que pour une escale, ils sont encore moins dépensiers, car ils ont beaucoup moins de temps pour s'attacher à la destination et disposent d'un budget plus serré. Ils pourraient se contenter d'une éventuelle excursion, de quelques souvenirs et de l'occasionnel bijou. Faute des chiffres, les témoignages des commerçants de Papeete et des artisans du marché semblent aller dans cette direction.
Les commerçants globalement satisfaits
Dans son étude “Les dépenses des touristes internationaux en 2018” publiée en décembre dernier, l’ISPF donne des chiffres détaillés pour les croisiéristes intra-polynésiens : “Les dépenses hors hébergement (transport, commerce, excursions...) sont de 102 000 Fcfp pour les croisiéristes et 137 000 Fcfp pour les touristes terrestres”. Pas de chiffres pour les croisiéristes transpacifiques. On imagine que, n’étant à terre que pour une escale, ils sont encore moins dépensiers, car ils ont beaucoup moins de temps pour s'attacher à la destination et disposent d'un budget plus serré. Ils pourraient se contenter d'une éventuelle excursion, de quelques souvenirs et de l'occasionnel bijou. Faute des chiffres, les témoignages des commerçants de Papeete et des artisans du marché semblent aller dans cette direction.
Les commerçants globalement satisfaits
A la descente du bateau, nombre de touristes sont immédiatement dirigés vers les bus des prestataires qui les amènent en excursion. Mais plusieurs centaines de visiteurs vont tout de même décider de se passer des services proposés par leur bateau et de regarder ce que proposent les autres excursionnistes présents au port, ou au contraire de visiter la ville ou l'île de leur côté.
Les artisans installés sous la tente de l'ancien GIE profitent du coup d'une masse de clients potentiels... L'un d'eux est Arnaud avec sa société Rairoa création, qui propose des tableaux peints à la main avec de l'argile. “Cela fait sept ans que je viens ici. Parfois on ne va rien vendre du tout, parfois on aura une journée exceptionnelle. Ce qui marche c'est les petits prix, ils cherchent des petits cadeaux. Mais la Polynésie c'est très cher pour eux, ils passent dans des pays où c'est très bon marché et ils ne voient pas forcément de différence dans la qualité. Moi j'essaie de mettre en avant le fait-main local.”
Le prix semble être un critère primordial pour cette clientèle. Barbara, bijoutière qui vend ses créations à base de perles au marché de Papeete, vend beaucoup aux touristes “normaux”, "mais aux croisiéristes pas tellement, à part les Américains. Les autres achètent peut-être des perles quand ils vont dans les îles, mais pas tellement ici, ils regardent, ils se promènent, ils rigolent, mais n'achètent pas."
Manaarii, qui vend lui-aussi des bijoux à base de perles et de nacres, mais il a une expérience plus positive : “La différence avec les touristes qui sont à l'hôtel, c'est que les croisiéristes arrivent tous en même temps et qu'ils dépensent moins. Ils prennent des petits trucs entre 500 et 5000 Fcfp, ils ne vont jamais au-delà de 10 000 Fcfp." Malgré tout, il reste content que ces croisiéristes soient là. "Déjà pour moi 5000 Fcfp c'est beaucoup pour la journée, on peut survivre avec 5000 Fcfp."
Un peu plus loin, Elvis, qui propose ses produits de beautés fabriqués à base de mono'i, remarque que "les touristes venus en avion sont ceux qui consomment le plus. Les croisiéristes sont là pour acheter des cartes postales, un peu de vanille, des pareo... Ils consomment, mais pas en quantité. Mais pour nous, ça va. Ils sont nombreux, ça anime le marché. Et là, d'avoir les animations c'est bien, ça attire les gens. Je dis qu'il faut les faire tout le temps, même pour les touristes normaux. Il faut mettre des orchestres à l'entrée du marché pour animer, c'est un vrai plus !"
Du côté des commerçants du centre-ville, la situation est tout aussi mitigée. Les curios du front de mer font carton plein, alors que les bijouteries, boutiques de vêtement et autres magasins d'art ne voient presque aucun de ces croisiéristes. Une bijoutière du Quartier du Commerce exprime d'ailleurs une certaines rancœur vis-à-vis des prestataires d'excursions qui "ont des accords avec certaines boutiques et y amènent leurs touristes contre une commission sur les ventes".
Front de mer, les grandes traversées
Les artisans installés sous la tente de l'ancien GIE profitent du coup d'une masse de clients potentiels... L'un d'eux est Arnaud avec sa société Rairoa création, qui propose des tableaux peints à la main avec de l'argile. “Cela fait sept ans que je viens ici. Parfois on ne va rien vendre du tout, parfois on aura une journée exceptionnelle. Ce qui marche c'est les petits prix, ils cherchent des petits cadeaux. Mais la Polynésie c'est très cher pour eux, ils passent dans des pays où c'est très bon marché et ils ne voient pas forcément de différence dans la qualité. Moi j'essaie de mettre en avant le fait-main local.”
Le prix semble être un critère primordial pour cette clientèle. Barbara, bijoutière qui vend ses créations à base de perles au marché de Papeete, vend beaucoup aux touristes “normaux”, "mais aux croisiéristes pas tellement, à part les Américains. Les autres achètent peut-être des perles quand ils vont dans les îles, mais pas tellement ici, ils regardent, ils se promènent, ils rigolent, mais n'achètent pas."
Manaarii, qui vend lui-aussi des bijoux à base de perles et de nacres, mais il a une expérience plus positive : “La différence avec les touristes qui sont à l'hôtel, c'est que les croisiéristes arrivent tous en même temps et qu'ils dépensent moins. Ils prennent des petits trucs entre 500 et 5000 Fcfp, ils ne vont jamais au-delà de 10 000 Fcfp." Malgré tout, il reste content que ces croisiéristes soient là. "Déjà pour moi 5000 Fcfp c'est beaucoup pour la journée, on peut survivre avec 5000 Fcfp."
Un peu plus loin, Elvis, qui propose ses produits de beautés fabriqués à base de mono'i, remarque que "les touristes venus en avion sont ceux qui consomment le plus. Les croisiéristes sont là pour acheter des cartes postales, un peu de vanille, des pareo... Ils consomment, mais pas en quantité. Mais pour nous, ça va. Ils sont nombreux, ça anime le marché. Et là, d'avoir les animations c'est bien, ça attire les gens. Je dis qu'il faut les faire tout le temps, même pour les touristes normaux. Il faut mettre des orchestres à l'entrée du marché pour animer, c'est un vrai plus !"
Du côté des commerçants du centre-ville, la situation est tout aussi mitigée. Les curios du front de mer font carton plein, alors que les bijouteries, boutiques de vêtement et autres magasins d'art ne voient presque aucun de ces croisiéristes. Une bijoutière du Quartier du Commerce exprime d'ailleurs une certaines rancœur vis-à-vis des prestataires d'excursions qui "ont des accords avec certaines boutiques et y amènent leurs touristes contre une commission sur les ventes".
Front de mer, les grandes traversées
50 voitures bloquées au feu vert par deux touristes, un classique en l’absence des policiers municipaux... Mais peut-être bientôt de l'histoire ancienne avec les nouveaux feux piétons (en espérons qu'ils se synchroniseront avec le carrefour...)
Mais en échange de cette manne somme toute non négligeable, toute la ville était ralentie lundi matin à l'arrivée du Costa Deliziosa à 8 heures, jusqu'à ce que la police municipale prenne place aux passages piétons du front de mer pour réguler la traversée des touristes...
Quand on demande à un représentant de la mairie de Papeete pourquoi les agents de circulation ne sont mis en place qu'à 9h30 ce jour-là, alors que la ville est déjà congestionnée, il l’explique ainsi : "En fait, il faut juste qu'on arrive à bien caler les horaires. Quand le bateau arrive à 8 heures, le temps des formalités à bord, on se cale pour une heure après l'arrivée du bateau pour réguler la traversée des piétons. S'il arrive en avance, il y a un problème... Ensuite, une bonne partie des croisiéristes remontent à bord pour déjeuner le midi, donc il y a une pose, et on reprend aux environs de 14h30 jusqu'à la fin de la journée, quand on remobilise nos agents sur les carrefours pour la régulation du soir. Nous avons six agents nouvellement recrutés qui sont en formation sur les passages piétons. Quand on peut, on en met deux par passage piétons, donc généralement ce sont six agents mobilisés pendant six heures dans la journée quand il y a des gros bateaux de croisière. Il y a aussi nos agents de proximité, la police municipale et la direction de la sécurité publique." Hormis ce “retard” de régulation lundi matin, la circulation était à peu près fluide les autres jours.
Un problème qui devrait être réglé avec l'installation de feux piétons sur le front de mer. “L'équipement a installé des feux piétons sur le front de mer, on était demandeurs de ces feux pour réguler le trafic piéton, pour qu'ils ne traversent plus en continu. (...) On peut espérer qu'ils seront bientôt opérationnels. Quand ils seront en marche, on pourra remobiliser nos agent sur le reste des problèmes de circulation, la surveillance de la ville, le pilotage, etc."
Malgré ces inconvénients, la mairie reste très favorable aux croisières : “Pour nous, c'est positif de recevoir ces paquebots, on a de la chance d'avoir des bateaux de croisière qui arrivent directement dans le centre-ville, à nous d'en tirer le meilleur profit et de gérer la circulation, éviter les débordements, les vols et autres désagréments pour les touristes. Mais en général cela se passe plutôt bien et on voit que les touristes sont curieux et vont partout, même là où on ne les attend pas. On a vu un bateau chinois il y a quelques semaines dont les touristes étaient partout en ville, même dans les lieux les plus reculés. Du coup cela étend notre zone de surveillance.”
Wifi gratuit et clim
Enfin, quid de ces “navigateurs au long cours” ? Un problème soulevé par plusieurs touristes interrogés est le manque d'information et de wifi gratuit dans un lieu climatisé. Pourtant, Tahiti Tourisme avait installé un stand à la descente des bateaux pour donner tous les renseignements possibles aux touristes, tandis que l'association Papeete Centre-Ville avait déployé des conseillers chargés de flyers avec justement la liste des bars, restaurants et magasins offrant du wifi gratuit... Mais cela ne semble pas suffisant.
D'ici quelques mois, Tahiti Tourisme va ouvrir une agence d'accueil dans l'ancienne agence Tiare de la Socredo au Quartier du commerce, située à côté de la Maison de la presse ; les travaux devraient bientôt être terminés. Il ne manque plus que le terminal de croisière...
Quand on demande à un représentant de la mairie de Papeete pourquoi les agents de circulation ne sont mis en place qu'à 9h30 ce jour-là, alors que la ville est déjà congestionnée, il l’explique ainsi : "En fait, il faut juste qu'on arrive à bien caler les horaires. Quand le bateau arrive à 8 heures, le temps des formalités à bord, on se cale pour une heure après l'arrivée du bateau pour réguler la traversée des piétons. S'il arrive en avance, il y a un problème... Ensuite, une bonne partie des croisiéristes remontent à bord pour déjeuner le midi, donc il y a une pose, et on reprend aux environs de 14h30 jusqu'à la fin de la journée, quand on remobilise nos agents sur les carrefours pour la régulation du soir. Nous avons six agents nouvellement recrutés qui sont en formation sur les passages piétons. Quand on peut, on en met deux par passage piétons, donc généralement ce sont six agents mobilisés pendant six heures dans la journée quand il y a des gros bateaux de croisière. Il y a aussi nos agents de proximité, la police municipale et la direction de la sécurité publique." Hormis ce “retard” de régulation lundi matin, la circulation était à peu près fluide les autres jours.
Un problème qui devrait être réglé avec l'installation de feux piétons sur le front de mer. “L'équipement a installé des feux piétons sur le front de mer, on était demandeurs de ces feux pour réguler le trafic piéton, pour qu'ils ne traversent plus en continu. (...) On peut espérer qu'ils seront bientôt opérationnels. Quand ils seront en marche, on pourra remobiliser nos agent sur le reste des problèmes de circulation, la surveillance de la ville, le pilotage, etc."
Malgré ces inconvénients, la mairie reste très favorable aux croisières : “Pour nous, c'est positif de recevoir ces paquebots, on a de la chance d'avoir des bateaux de croisière qui arrivent directement dans le centre-ville, à nous d'en tirer le meilleur profit et de gérer la circulation, éviter les débordements, les vols et autres désagréments pour les touristes. Mais en général cela se passe plutôt bien et on voit que les touristes sont curieux et vont partout, même là où on ne les attend pas. On a vu un bateau chinois il y a quelques semaines dont les touristes étaient partout en ville, même dans les lieux les plus reculés. Du coup cela étend notre zone de surveillance.”
Wifi gratuit et clim
Enfin, quid de ces “navigateurs au long cours” ? Un problème soulevé par plusieurs touristes interrogés est le manque d'information et de wifi gratuit dans un lieu climatisé. Pourtant, Tahiti Tourisme avait installé un stand à la descente des bateaux pour donner tous les renseignements possibles aux touristes, tandis que l'association Papeete Centre-Ville avait déployé des conseillers chargés de flyers avec justement la liste des bars, restaurants et magasins offrant du wifi gratuit... Mais cela ne semble pas suffisant.
D'ici quelques mois, Tahiti Tourisme va ouvrir une agence d'accueil dans l'ancienne agence Tiare de la Socredo au Quartier du commerce, située à côté de la Maison de la presse ; les travaux devraient bientôt être terminés. Il ne manque plus que le terminal de croisière...
Un terminal de croisières en projet
Les artisans installés sous les tentes de l'ancien GIE Tahiti Tourisme devront laisser place à un terminal de croisière... Mais pas tout de suite.
Le projet de nouveau terminal de croisière est attendu, avec un budget initial de 600 millions de Fcfp (à revoir à la hausse puisqu'il inclut désormais un parking souterrain), un espace climatisé et du wifi gratuit. On se souvient que ce projet avait été lancé en juin 2017 par le Port Autonome, avec une passerelle qui aurait enjambé le front de mer. Cette première version à 900 millions de Fcfp aurait du être livrée en janvier, mais elle avait été jugée trop coûteuse et surdimensionnée par le gouvernement Fritch en janvier 2019, ce qui a obligé le Port à revoir sa copie. Aujourd'hui, l'appel d'offres pour les architectes doit encore être relancé, donc les travaux ne commenceront qu'au deuxième trimestre 2021 au plus tôt.
Scannés pour le coronavirus
Si l'accès au paquebot Costa Deliziosa nous a été interdit, l'agent maritime du Port nous assure que la température de tous les croisiéristes est mesurée avec un thermomètre à la sortie du bateau. Une mesure qui irait au-delà des annonces du ministère de la Santé qui expliquait la semaine dernière : "Pour les navires de croisière, le bureau de veille sanitaire est destinataire deux jours avant l’arrivée du navire en Polynésie française, puis chaque jour dans les eaux polynésiennes, d’une déclaration de santé des passagers par le service médical à bord."