« Pacific Partnership » 2011 : le binôme franco-néo-zélandais


Embarquement de l’hélicoptère Puma de l’armée française à bord de la frégate néo-zélandaise HMNZS Canterbury lors de son passage à Nouméa le vendredi 8 avril 2011 (Source photo : Ministère néo-zélandais de la défense).
NOUMÉA, lundi 11 avril 2011 (Flash d'Océanie) – Les préparatifs d’une opération militaire de grande envergure placée sous le signe du partenariat et de l’interopérabilité ont débuté en fin de semaine dernière avec le passage à Nouméa (Nouvelle-Calédonie) de la frégate de la marine néo-zélandaise HMNZS Canterbury, qui a effectué une escale pour embarquer un hélicoptère Puma et du personnel de l’armée française.
Dans le cadre de ces manœuvres régionales océaniennes placées initialement sous l’égide des États-Unis, et qui verront aussi le déploiement d’importants moyens militaires australiens, le binôme franco-néo-zélandais a été formé pour assurer un des volets de « Pacific Partnership », plus précisément au Nord de l’archipel de Tonga, sur l’île de Niuatopu où les deux armées étaient déjà intervenues en octobre 2009 à la suite des dégâts et victimes causées par un tsunami régional qui avait aussi frappés les deux Samoa (occidentales, État indépendant et américaines), précise l’armée néo-zélandaise dans un communiqué en fin de semaine dernière.
Au plan régional, Pacific Partnership aura, suivant ses lieux d’intervention et les moyens déployés, vocation à, tout en simulant une intervention, assurer des tournées à caractère humanitaire et sanitaire, parfois même de type génie civil et construction.
Côté néo-zélandais, concernant l’association avec les forces françaises, le Commandant du HMNZS Canterbury, Jim Gilmour, estimait en fin de semaine dernière que des appareils français de type Puma sont « cruciaux pour les besoins de cet exercice, car ils permettent d’acheminer rapidement des vivres et du matériel à terre ».
Le Puma permet de transporter jusqu’à douze personnes et deux tonnes de matériel par voyage, rappelle par ailleurs l’armée néo-zélandaise, citant le Capitaine Youri Sicard, pilote de l’un de ces engins.
Les manœuvres Pacific Partnership, version 2001, viennent aussi, au cours des quatre mois à venir, donner de la substance à une association de plus en plus fréquente dans la zone Pacifique, entre forces françaises, australiennes, néo-zélandaise et américaines, sous la forme d’un axe « FRANZUS ».
Se joignent aussi à l’édition 2011 de Pacific Partnership des éléments venus du Japon, du Canada, de Singapour et de l’Espagne.
Cette opération, pilotée par les États-Unis, devrait avoir, à partir d’avril 2011, un caractère largement humanitaire, avec des escales dans plusieurs pays insulaires de la région, dont Tonga, Vanuatu, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Timor oriental et les États Fédérés de Micronésie.
« Cette mission a pour objectif de renforcer les relations internationales et l’interopérabilité en matière d’aide aux sinistrés de catastrophes naturelles dans la région », annonçait on ne peut plus clairement mi-mars 2011 le ministère australien de la défense Stephen Smith.
Pacific Partnership a été lancée après le tsunami du 26 décembre 2004 dans l’Océan Indien et depuis, se tient chaque année.
Fin avril 2011, les forces mobilisées dans le cadre de ces manœuvres, déployées à travers toute la région du Pacifique Sud-ouest, devraient aussi s’associer ostensiblement aux commémorations, comme chaque année, de l’ « ANZAC Day » en mémoire des victimes des corps expéditionnaires australien et néo-zélandais morts au combat sur des théâtres lointains au cours des deux guerres mondiales du vingtième siècle.

En matière de surveillance maritime aussi

Ces dernières semaines, la multiplication de déclarations concordantes de la part de responsables politiques ou militaires des gouvernements français, australien, néo-zélandais et américains a clairement esquissé ce qui pourrait très rapidement devenir une alliance élargie entre ces quatre pays, notamment en matière d’interopérabilité et d’actions concertées dans la grande région de l’Océan Pacifique.
Mi-mars 2011, l’agence des pêcheries du Forum des Îles du Pacifique (FFA, basée à Honiara) et le Secrétariat Général de la communauté du Pacifique (CPS, basé à Nouméa, Nouvelle-Calédonie) annonçaient la couleur en référence directe à un programme financé par l’Union Européenne et baptisé « DEVFISH » (pour « développement » et « poisson »).
Ce programme, qui bénéficie d’un soutien de l’UE à hauteur de 8,2 millions d’euros pour les cinq années à venir dans le cadre du Fonds Européen de Développement, le FED), a pour principal objectif de préserver la ressource halieutiques dans les États insulaire de l’Océanie, et avant tout de mieux gérer et contrôler les activités de pêche illicite et non signalée.
Le constat de départ a été une nouvelle fois rappelé par ces deux organisations chargées de mettre en œuvre cet ambitieux programme : les activités de pêche illicite et non signalée privent les États riverains et souverains dans leurs eaux territoriales de la majeure partie des revenus de ces pêches et donc d’un potentiel fort de développement.
En annonçant le lancement de cette nouvelle phase de Devfish (II), les organisations régionales ont aussi souligné que désormais, en matière de police des pêches, le socle porteur serait quadripode : États-Unis, Australie, Nouvelle-Zélande et France, les quatre pays considérés comme des puissances régionales et qui disposent des moyens de leurs marines respectives.
La France, l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont partenaires dans le cadre de l’accord dit « FRANZ » (acronyme des trois pays) qui, depuis fin 1992, se concentre surtout sur une meilleure coordination de l’aide aux petits pays insulaires riverains frappés par des catastrophes naturelles.
Des approches initiales avaient eu lieu, dès 2006, afin de proposer ce dispositif en mode de surveillance des activités de pêche de la région, au bénéfice des États riverains, dont les moyens maritimes sont extrêmement limités.
Par ailleurs, chacune des marines de ces trois pays effectue régulièrement des opérations de surveillance, en mode coopération avec les autorités locales.
De fait, ces derniers jours, les déclarations et actes se sont multipliés en direction d’une matérialisation de cette nouvelle alliance qui semble à la fois intégrer le pacte FRANZ et, plus ancien encore, le pacte Australie-Nouvelle-Zélande-États-Unis (ANZUS) pour devenir de facto « FRANZUS ».
Mi-mars 2011, à Auckland, le Général de Brigade Olivier Tramond, Commandant supérieur des Forces Armées françaises en Nouvelle-Calédonie (FANC), participait à une réunion entre officiers supérieurs « FRANZUS ».
Outre l’aspect protocolaire et une réception donnée à bord du patrouilleur La Glorieuse (basé à Nouméa) du 12 au 16 mars et un hommage aux victimes du récent séisme du 22 février 2011, le chef des forces françaises en Nouvelle-Calédonie a évoqué avec ses partenaires régionaux le mode quadrilatéral, sur fonds d’enjeux de sécurité, d’aide humanitaire et de surveillance des zones économiques de cette immense superficie océanique.
Lors d’une toute récente visite en Polynésie française, les 8 et 9 mars 2011, le secrétaire d’État australien chargé des affaires du Pacifique, Richard Marles, a aussi tenu un certains nombre de réunions avec les autorités locales, ainsi qu’avec le Haut-commissaire de la République française dans cette collectivité, Richard Didier.
Il avait ensuite clairement exprimé la nécessité pour les puissances régionales, sous forme de défi, d’ « élaborer un réseau inclusif de surveillance maritime pour les Zones Exclusives Économiques des pays du Pacifique ».
« Et c’est ce qui est en train de se faire à travers des pourparlers d’un groupe quadrilatéral qui comprend la France, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis … Pour faire en sorte que les moyens de chacune de ces nations servent à construire un important réseau de surveillance maritime.

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Rédigé par PAD le Dimanche 10 Avril 2011 à 21:58 | Lu 1228 fois