Pa'e Pa'e no te Ora lutte sans relache pour protéger le lagon de Punaauia


Arrachage de turbinaria par les bénévoles de l'association
PUNAAUIA, le 15 février 2015 - Cette association créée en 2003 ne fait pas beaucoup de publicité et n'a pas un gros budget, mais elle peut compter sur ses bénévoles sur-motivés pour agir en faveur de l'environnement et de la plage du PK 18.

Fondée en 2003 par Vavitu Mooria et Titaua Cheuf (décédé en 2013), et rassemblant 40 membres actifs, l'association Pa'e Pa'e no te Ora se fait de plus en plus connaître, surtout grâce à son sentier pédagogique sous-marin.

L'association se veut à la fois à visée sociale, via la réinsertion de jeunes de Punaauia, et environnementale à travers plusieurs actions pour la protection du lagon de la commune et de sa plage de sable blanc. C'est surtout auprès de la jeunesse qu’œuvre Pa'e Pa'e no te Ora, en accueillant les classes au PK 17,5 afin de leur faire visiter le sentier sous-marin créé en 2009.

Organisé en double fer à cheval sur une surface de 48 m², ce sentier sous-marin a accueilli 2500 élèves masqués et palmés l'année dernière. Ils y ont découvert les différentes espèces du lagon, que ce soit les poissons, coraux, éponges, anémones, crabes…

Un beau panneau résume toute cette richesse, mais ce sont les bénévoles qui expliquent aux enfants les anecdotes qui donnent leur magie à ce lieu. Par exemple comment la biodiversité de l'endroit change la nuit : il faut se coucher tard et se munir d'une lampe torche pour venir surprendre les habitants nocturnes de ces patates entretenues et protégées par les bénévoles.

Un lagon attaqué de toutes part

Car il y a du travail pour défendre ce petit bout de lagon contre les catastrophes qui s'abattent partout sur nos mers. Espèces invasives, pollution, réchauffement climatique, pêcheurs adeptes du braconnage, baigneurs inattentifs qui brisent les coraux… Un travail acharné est nécessaire pour maintenir le fragile équilibre entre les différentes espèces.

En ce moment, les bénévoles se retrouvent plusieurs fois par mois sur leur petit sentier afin de lutter contre trois plaies :

- arracher les turbinarias, une algue envahissante qui empêche le corail de se développer
- ramasser les taramea, ou couronne d'épines, des étoiles de mer dévoreuses de corail
- chasser les stégastes, ce poisson jardinier très agressif qui cultive ses algues préférées, quitte à tuer le corail, et qui en plus chasse les autres espèces de ses patates, mettant en péril les alevins qui en ont besoin pour se cacher des prédateurs

A chaque fois, le principal responsable de cette invasion est l'homme, qui rejette des engrais artificiels dans les rivières et chasse les prédateurs naturels de ces espèces.

C'est pour cela que tout passe par la jeunesse. Des ateliers de bouturage de corail, des visites pédagogiques, des interventions dans les classes, des journées de ramassage des détritus… Tout est bon pour faire passer le message. Et l'association forme 5 jeunes de la commune, avec l'aide de la mairie, à surveiller les baignades et à promouvoir la biodiversité auprès des promeneurs de la plage et des scolaires.

Des actions scientifiques

Thierry Nouaille, le nouveau président de l'association, nous explique comment cette année Pa'e Pa'e no te Ora va aussi consacrer une partie de son attention à l'intérieur des terres, et en particulier les rivières : « Pour protéger le lagon il faut aussi s'occuper de la montagne afin d'identifier les points de pollution » nous explique-t-il.

Et pour pouvoir mesurer l'impact des activités humaines sur l'évolution du lagon, son association a acheté un petit bateau de 6m50 pour patrouiller les eaux, et faciliter ses « reef-check » (voir encadré).

En travaillant avec des cabinets d'expertise, des scientifiques de l'IFRECOR et avec son propre travail sur le terrain depuis plus de 10 ans, Pa'e Pa'e no te Ora constate un appauvrissement continu et général du nombre d’individus et d'espèces dans le lagon de Punaauia. De quoi les motiver à aller encore plus vite et plus fort dans leur combat, avant qu'il ne soit trop tard.

(Crédit pour toutes les photos : Pa'e Pa'e no te Ora ou leur page Facebook)



Neuf ans de « reef-check » et un triste bilan

Depuis 2006, Pa'e Pa'e no te Ora compte les espèces et les individus sur deux sites : PK 15 et PK 18. Elle envoie ensuite toutes ces données à la fondation internationale Reef Check.

Les bénévoles comptent tous les être vivants dans la zone :

- Les poissons (carangues, chirurgiens, perches, perroquets, rougets, picots, mulets à barbillons, becs de canne, murènes, napoléons...)
- Invertébrés : étoiles de mer,coussins de requin, oursins, porcelaines, burgaus, trocas, langoustes, bénitiers

« Nous observons une raréfaction de l'ensemble des acteurs subaquatiques » note Thierry Nouaille. Principales constatations : dégradations par ancre, par dynamite, déchets de filets, maladie du corail, animaux de plus en plus rares (tritons, crevette rayée, oursin crayon) blanchissement du corail...

Vavitu Mooria, co-fondateur de l'association, et ses équipes de bénévoles sont toujours motivés pour nettoyer leur plage et arrêter les pollueurs

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Samedi 14 Février 2015 à 16:35 | Lu 2476 fois