PPN : Que sont les produits de première nécessité ?


PAPEETE, le 18 octobre 2016 - À presque 3000F le kilo, le thon blanc n’a jamais été aussi cher alors que c’est un produit dit de première nécessité. La rédaction de Tahiti infos vous explique le mécanisme des produits de première nécessité.


Que sont les produits de première nécessité ?

Les Produits de première nécessité (PPN) sont un dispositif mis en place par e gouvernement afin de permettre aux familles les plus modestes de s’alimenter correctement. Le Pays a ainsi établi une liste de produits dits de « première nécessité », c’est-à-dire de produits étant à la base de l’alimentation des Polynésiens.

Cette liste fait-elle l’unanimité ?
Pas du tout. La liste de ces produits de première nécessité fait l’objet de nombreuses controverses. En effet alors que certains dénoncent la mise en place de tarifs artificiels qui faussent le marché d’autres dénoncent le bienfondé de la liste d’un aspect nutritionnel. En effet le Corned Beef ou encore la mayonnaise, la margarine... sont considérés comme des produits de première nécessité, dans un pays où le taux d’obésité bat des records on peut comprendre le scepticisme des nutritionnistes.

Pourquoi les PPN sont-ils controversés ?
Les PPN sont controversés pour plusieurs raisons. D’un point de vue économique, ils fixent des tarifs artificiels et empêchent les mécanismes économiques de réguler le marché. L’exemple du riz est criant. Depuis environ vingt, le prix du riz n’a pas évolué, par ailleurs les importateurs de riz bénéficiaient d’aides financières. En 2015 un importateur tiers a tenté de faire une incursion sur le riz PPN, il s’est rapidement vu refoulé du marché, alors même qu’il proposait des prix moins chers que les importateurs historiques, après avoir rendu publique sa situation le nouvel importateur a fait modifier la réglementation PPN pour le riz, depuis le mois d’avril un quatrième importateur de riz PPN est même apparu, faisant encore baisser les prix. Ainsi depuis vingt ans le riz PPN était vendu à un prix élevé du fait de la non-concurrence. Depuis, les aides aux importateurs de riz PPN ont été supprimées.

D’un point de vue nutritionnel, la lise des PPN pose le problème de l’équilibre alimentaire : se nourrir exclusivement avec des PPN entraine un déséquilibre alimentaire. En effet, les PPN sont pour beaucoup des produits riches et gras (corned beef, mayonnaise, beurre…) qui incitent à la consommation de plats préparés, au détriment des fruits et légumes locaux.


Pourquoi les PPN ont-ils réellement été mis en place ?

Au départ, les PPN ont été mis en place pour lutter contre l’inflation des prix, et soutenir les familles les plus modestes. La problématique principale est essentiellement économique.

Comment reconnaître les produits PPN ?
Les commerçants doivent obligatoirement marquer les produits PPN afin que le consommateur puisse les identifier rapidement. Ainsi la réglementation impose aux distributeurs de signaler les produits PPN soit : par le biais de supports de couleur rouge vif, soit par l’inscription des prix au marqueur rouge.

Quel est l’impact sur les importateurs ?
Les produits de première nécessité sont exonérés de tous droits et taxes et leur fret à destination des îles autres que Tahiti est pris en charge par le budget de la Polynésie française.
La marge globale de commercialisation (grossiste + détaillant) de ces produits est fixée en valeur absolue ou relative (à l’exception du riz, de la baguette de pain…).
Les prix des PPN font l’objet d’un suivi attentif de la part de la direction générale des affaires économiques (DGAE).
Pour les îles (autres que Tahiti), un coefficient multiplicateur de 1,02 s’applique au prix limite de vente de Tahiti (article 5).

Est ce le même fonctionnement pour tous les produits PPN ?
Non, il faut distinguer deux types de PPN : il y a les produits soumis à la procédure d’appel d’offres ou à un régime de taxation de prix spécifique tels que : le riz, le sucre et la farine, ceux là sont vendus à un prix unique sur tout le Territoire de la Polynésie française, et ceux qui sont soumis à une marge globale de commercialisation maximale.

Un exemple concret ?
Les prix de vente du pain sont fixés par un arrêté pour l’ensemble de la Polynésie française :
Une baguette de pain mesurant entre 50 et 60 centimètres et pour un poids minimal de 250 gramme doit être vendue aux prix suivants:
prix de gros : 50 F
prix de détail : 53 F
dans les îles autres que Tahiti, Moorea, Raiatea, Tahaa, Huahine et Bora Bora :
baguette d’un poids minimal de 300 gr : 66 F
pain d’un poids minimal de 500 gr : 86 F
pain d’un poids minimal de 620 gr : 96 F

La liste des PPN peut-elle être modifiée ?
Oui, la liste de ces produits aurait été modifiée 62 fois depuis 1992. Elle va, de fait, faire l'objet d'une nouvelle modification au travers d’une réforme d'ampleur. Le ministre de la Relance économique avait annoncé cette réforme fin avril. La liste devrait être réduite de moitié, passant de 30 à 15 familles de produits avec le retrait de plus de 50 % des produits actuellement classés PPN.

Pourquoi ces changements ?
Exit tout ce qui n’est pas alimentaire, pour ne conserver, dans les familles alimentaires, que les produits de base "pas nuisibles pour la santé". Le système d'encadrement des prix pourrait également inclure la notion de marges en valeur relative, notamment pour les archipels. La prise en charge du fret en direction des archipels sera maintenue, mais sur la base d’un système également réformé. C’est une façon de répondre aux détracteurs tant économiques que nutritionnels des PPN . Par ailleurs, la nouvelle autorité de la concurrence a ouvert un dossier sur les PPN afin d’émettre un avis sur son impact sur la concurrence. L’entité devrait remettre son rapport d’ici la fin de l’année.


Combien coutent les PPN à la collectivité ?
Qu’il s’agisse de moins-values fiscales ou de subventions, le système PPN représente actuellement pour la collectivité une dépense de près 2,2 milliards Fcfp par an. Les économies réalisées pourraient abonder un fonds d’aide d’urgence en faveur des plus défavorisés.






Rédigé par Marie Caroline Carrère le Mardi 18 Octobre 2016 à 11:22 | Lu 14521 fois