Les associations et collectifs de Moorea déplorent un manque de considération de leurs revendications de la part du Pays et de la commune.
Moorea, le 21 septembre 2021 - Après plusieurs semaines de manifestations contre les projets immobiliers, les associations et les collectifs, déçus, n'attendent même plus que le conseil municipal et le gouvernement prennent en considération leurs revendications. C’est du moins le sentiment qui règne après que le Pays a adopté la modification du PGA et du PGEM. Reste à savoir à présent s’ils abandonnent définitivement leur lutte ou s’ils continuent à défendre leurs revendications sans passer par les élus.
Bien que la fédération des associations de protection de l'environnement (Fape) ait interpellé la semaine dernière les pouvoirs publics sur les problématiques générées par les projets immobiliers à Moorea, les associations et le collectifs de l’île sœur, qui manifestent depuis plusieurs semaines contre ces projets, semblent désormais résignés. Ils ont le sentiment qu’ils n’ont plus grand chose à attendre de la municipalité ou du gouvernement local. Surtout après les récentes prises de décisions en conseil des ministres, en faveur du conseil municipal. En effet, le Pays vient notamment d’approuver la rectification du Plan général d’aménagement (PGA) de la commune de Moorea-Maiao, consistant à requalifier la terre Momona Tehiu 2 à Maharepa, actuellement classée en zone équipement, en zone économique en faveur de la société immobilière Sogil.
"Des projets qui valent des milliards"
Ce qui représente forcément une déception pour les opposants à cette modification. "On estime qu’il aurait fallu réfléchir dans le cadre d’une révision du PGA entier. On ne voit pas de façon très normale que des élus qui sont censés représenter les intérêts de la population acceptent cela sans plus de réflexion", réagit Dom Leoture, président de la fédération Aimeho To'u Ora avant d’ajouter "qu’il y a, parmi les 33 conseillers municipaux de Moorea, des personnes avec des visions très diverses. Mais quand un hypnotiseur vient avec des projets qui valent des milliards, les gens pensent que ces milliards vont amener de la richesse pour l’île. Ils ne se rendent pas compte des effets pervers sur le long terme qui fait que cet argent va bénéficier à des personnes qui ne font pas forcément partie de la population." L’idée d’un dialogue avec les élus semble s’éloigner un peu plus chaque jour, malgré les nombreuses sollicitations.
"Notre constat est que les politiciens ne nous écoutent pas et ne veulent pas travailler avec nous. Le seul moyen qu’on a pour l’instant est d’aller sur le point juridique", constate le président de la fédération environnementale. Celui-ci annonce toutefois la création du collectif Moorea Avenir qui tentera d’être une force de proposition auprès de la mairie pour la prochaine révision du PGA.
Outre le PGA, la modification de la révision du Plan de gestion de l'espace maritime (PGEM) par le gouvernement a elle aussi fait beaucoup réagir. Cette modification prévoit notamment la création de zones de développement prioritaire qui passeraient au-dessus des interdictions de la réglementation du PGEM. Difficile dans ce cas pour les collectifs de ne pas faire le lien direct avec le futur projet touristique du groupe Wane à Temae et une possible construction de bungalows sur pilotis dans la zone d’aire marine protégée de Nuarei.
"Des années de travail à la poubelle"
Parmi les grands déçus, les membres du comité de pêche de Teavaro qui ont notamment travaillé à la création d’une zone tapu pour la régénération des espèces maritimes au sein de cette zone lagonaire. "C’était un projet pour tenter de repeupler et de donner plus de vie à notre lagon. Celui-ci devait être profitable pour nos pêcheurs, nos touristes et tous ceux qui aiment le beau lagon de Temae. Ce sont finalement des années de travail qu’on met à la poubelle pour le soi-disant développement économique de notre pays. On s’est quand même réunis pendant plus de quatre ans avec le comité de pêche de Teavaro, les prestataires, la mairie de Moorea ainsi que les services du Pays pour réfléchir et trouver un juste milieu pour la gestion du lagon de Teavaro. C’est ce qui a été fait dans les autres communes", regrette Rahiti Buchin, membre du comité de pêche. Les pêcheurs attendaient justement le soutien officiel des élus de la majorité pour mener à bien leur projet et pour trouver les fonds nécessaires auprès de différents organismes. "Ils nous ont un peu envoyés balader. Ce n’est plus la peine de les solliciter, car on les a déjà rencontrés. On les comprend mieux maintenant", peste-t-il.
Manque de considération
Un constat partagé par l’association des habitants de Temae dont les membres ne croient plus à une quelconque considération de la municipalité ou du gouvernement local. L’association les a en effet sollicités plusieurs fois afin de leur demander d’acquérir la route du motu ainsi que de la cocoteraie du site pour le bien de la population. Mais les récentes décisions du conseil des ministres brisent toutes leurs volontés.
"On est arrivé à la limite de toute discussion malgré nos sollicitations et nos revendications adressées à la mairie, au Pays et au groupe Wane. Le gouvernement montre, à travers la modification du PGEM, qu’il a décidé d’aller au bout de ce qui est prévu. Qu’ils prennent leurs responsabilités et nous on prend les nôtres", réagit Alain Bonno, le président de l’association des habitants de Temae. Ce dernier n’est pas encore convaincu du bien fondé du futur projet touristique du groupe Wane à Temae. "Pour le gouvernement, il faut développer le pays. Mais le projet de Wane est, selon nous, un modèle arriéré. Ils veulent construire des hôtels 5 étoiles alors que le tourisme va mal et que les résidents locaux ne peuvent pas y accéder. On dit aux gens de Moorea de dégager, car il leur faut de la place", conclut-il.
Bien que la fédération des associations de protection de l'environnement (Fape) ait interpellé la semaine dernière les pouvoirs publics sur les problématiques générées par les projets immobiliers à Moorea, les associations et le collectifs de l’île sœur, qui manifestent depuis plusieurs semaines contre ces projets, semblent désormais résignés. Ils ont le sentiment qu’ils n’ont plus grand chose à attendre de la municipalité ou du gouvernement local. Surtout après les récentes prises de décisions en conseil des ministres, en faveur du conseil municipal. En effet, le Pays vient notamment d’approuver la rectification du Plan général d’aménagement (PGA) de la commune de Moorea-Maiao, consistant à requalifier la terre Momona Tehiu 2 à Maharepa, actuellement classée en zone équipement, en zone économique en faveur de la société immobilière Sogil.
"Des projets qui valent des milliards"
Ce qui représente forcément une déception pour les opposants à cette modification. "On estime qu’il aurait fallu réfléchir dans le cadre d’une révision du PGA entier. On ne voit pas de façon très normale que des élus qui sont censés représenter les intérêts de la population acceptent cela sans plus de réflexion", réagit Dom Leoture, président de la fédération Aimeho To'u Ora avant d’ajouter "qu’il y a, parmi les 33 conseillers municipaux de Moorea, des personnes avec des visions très diverses. Mais quand un hypnotiseur vient avec des projets qui valent des milliards, les gens pensent que ces milliards vont amener de la richesse pour l’île. Ils ne se rendent pas compte des effets pervers sur le long terme qui fait que cet argent va bénéficier à des personnes qui ne font pas forcément partie de la population." L’idée d’un dialogue avec les élus semble s’éloigner un peu plus chaque jour, malgré les nombreuses sollicitations.
"Notre constat est que les politiciens ne nous écoutent pas et ne veulent pas travailler avec nous. Le seul moyen qu’on a pour l’instant est d’aller sur le point juridique", constate le président de la fédération environnementale. Celui-ci annonce toutefois la création du collectif Moorea Avenir qui tentera d’être une force de proposition auprès de la mairie pour la prochaine révision du PGA.
Outre le PGA, la modification de la révision du Plan de gestion de l'espace maritime (PGEM) par le gouvernement a elle aussi fait beaucoup réagir. Cette modification prévoit notamment la création de zones de développement prioritaire qui passeraient au-dessus des interdictions de la réglementation du PGEM. Difficile dans ce cas pour les collectifs de ne pas faire le lien direct avec le futur projet touristique du groupe Wane à Temae et une possible construction de bungalows sur pilotis dans la zone d’aire marine protégée de Nuarei.
"Des années de travail à la poubelle"
Parmi les grands déçus, les membres du comité de pêche de Teavaro qui ont notamment travaillé à la création d’une zone tapu pour la régénération des espèces maritimes au sein de cette zone lagonaire. "C’était un projet pour tenter de repeupler et de donner plus de vie à notre lagon. Celui-ci devait être profitable pour nos pêcheurs, nos touristes et tous ceux qui aiment le beau lagon de Temae. Ce sont finalement des années de travail qu’on met à la poubelle pour le soi-disant développement économique de notre pays. On s’est quand même réunis pendant plus de quatre ans avec le comité de pêche de Teavaro, les prestataires, la mairie de Moorea ainsi que les services du Pays pour réfléchir et trouver un juste milieu pour la gestion du lagon de Teavaro. C’est ce qui a été fait dans les autres communes", regrette Rahiti Buchin, membre du comité de pêche. Les pêcheurs attendaient justement le soutien officiel des élus de la majorité pour mener à bien leur projet et pour trouver les fonds nécessaires auprès de différents organismes. "Ils nous ont un peu envoyés balader. Ce n’est plus la peine de les solliciter, car on les a déjà rencontrés. On les comprend mieux maintenant", peste-t-il.
Manque de considération
Un constat partagé par l’association des habitants de Temae dont les membres ne croient plus à une quelconque considération de la municipalité ou du gouvernement local. L’association les a en effet sollicités plusieurs fois afin de leur demander d’acquérir la route du motu ainsi que de la cocoteraie du site pour le bien de la population. Mais les récentes décisions du conseil des ministres brisent toutes leurs volontés.
"On est arrivé à la limite de toute discussion malgré nos sollicitations et nos revendications adressées à la mairie, au Pays et au groupe Wane. Le gouvernement montre, à travers la modification du PGEM, qu’il a décidé d’aller au bout de ce qui est prévu. Qu’ils prennent leurs responsabilités et nous on prend les nôtres", réagit Alain Bonno, le président de l’association des habitants de Temae. Ce dernier n’est pas encore convaincu du bien fondé du futur projet touristique du groupe Wane à Temae. "Pour le gouvernement, il faut développer le pays. Mais le projet de Wane est, selon nous, un modèle arriéré. Ils veulent construire des hôtels 5 étoiles alors que le tourisme va mal et que les résidents locaux ne peuvent pas y accéder. On dit aux gens de Moorea de dégager, car il leur faut de la place", conclut-il.