PALAU: Une arrivée éprouvante

De Michèle LEWON, le 10 octobre: Non, l’arrivée sur Palau n’a pas été des plus facile. Outre des conditions météorologiques peu favorables, pluie battante, vent de travers, mouvement désordonné de la houle, gros grains, l’équipage apprend par son contact à Palau que le chenal d’entrée à une largeur de 12 m alors que la pirogue en fait 8, et qu’il faudra tenir compte de plusieurs récifs et hauts fonds. Cela risque d’être sportif. Mais je vous laisse vivre cette arrivée en direct avec Hiria


Dimanche 10 Octobre 2010

Hier au soir, vers 22h30, je perçois beaucoup d’ effervescence sur le pont. La Grande Voile vient d’être affalée. Quelques minutes suivent…. Hervé vient me voir : « peux-tu vérifier notre position sur le GPS? » Il est en harnais et imperméable trempé.Je me lève immédiatement, enfile mon lycra et regarde le GPS : nous nous trouvons à 4nm du récif d’Augulpelu et nous avançons à une allure de moins de 2nds. Le risque se trouve donc à moins de 2 heures. Je l’indique à Hervé.

Je sors, me dirige à l’endroit du roof où j’avais laissé mon pantalon et mon pardessus. Je l’enfile dans la pluie, mais je suis déjà trempé. Je me dirige ensuite vers Sam qui est à la barre et lui indique notre position. Je le répète à Koronui qui est assis à ses côtés.

Entre-temps, Punua est entré se changer, et inscrire consciencieusement notre position sur la carte papier.

Sur le pont, sous une pluie battante, un vent de travers, un mouvement désordonné de la houle, je propose qu’on attende la journée ou du moins le lever du soleil pour tenter l’entrée.

Koronui me dit: it is common knowledge to never make land by night.

Hervé me signale que nous nous dirigeons sur le récif toutes voiles dehors. Il propose à Puna de ralentir. Après quelques instants les ordres arrivent : on affale tout!

Sur la carte GPS, un récif, puis deux hauts-fonds, puis 2 récifs puis un chenal séparé par une masse (Terre? Récif frangeant? Haut-fond?) qui fait une douzaine de mètres de large. Sur la carte je ne peux voir s’il s’agit d’un chenal, d’un récif, d’une île. Et il pleut toujours ; on approche des terres…

Le soleil se lève à l’arrière de la pirogue, couche d’orange vif dans le ciel, puis de bleu, puis de bleu foncé, puis de noir… Le soleil du matin en donne d’abord une couleur orangée, puis elle se teinte d’or pour donner une lumière si pure! En fait, la balise indique un récif sous-marin. Ce que nous (je) pensais être un étroit chenal physique, en est un invisible, sous l’eau. Nous le suivons et avançons doucement le long du chenal bien balisé vers des constructions.

Nous arrivons, magnifique île, toute boisée Des boules de verdures sur l’océan, entièrement préservée.

A Tahiti l’association qui a vécu avec la pirogue par points téléphone ces moments rudes souhaite que l’équipage fasse un break… un bon lit, une bonne douche, un peu de temps pour soi.

« On se regarde… comme si il y avait erreur. Nous sentons la mer, nos vêtement le bouc, nos cheveux sont hirsutes, la barbe en bataille. On nous accueille gentiment: « oh! From the canoe! ». Nous avons nos chambres! Dieu! Le lit ! Plus grand que toutes les banquettes de O Tahiti Nui Freedom; à bien y penser, peut-être aussi grand que l’espace habitable de la pirogue!... »

e!... »
Non , l'arrivée n'est pas sans repos La grande voile vient d'être affalée

Tout le monde sur le pont

Le mouvement désordonné de la houle n'arrange pas les choses

Il faut lutter contre les éléments

Tenir fermement le cap

Braver la pluie

Mémoriser cet instant

Qui appartient déjà à la légende

Et quand le jour se pointe à l'horizon

On peut enfin trouver le repos du guerrier

Rédigé par par Michele Lewon, dimanche 10 octobre 2010, à 01:36 le Dimanche 10 Octobre 2010 à 13:06 | Lu 735 fois