Ouverture du procès de l'attentat de Nice devant la cour d'assises spéciale de Paris


Thomas SAMSON / AFP
Paris, France | AFP | lundi 05/09/2022 - Le procès de l'attentat de Nice s'est ouvert lundi après-midi à Paris, un peu plus de six ans après la course meurtrière du camion conduit par Mohamed Lahouaiej-Bouhlel dans la foule venue assister au feu d'artifice du 14 juillet 2016 sur la Promenade des Anglais.

L'audience de la cour d'assises spéciale, présidée par le juge Laurent Raviot, a débuté dans une salle remplie aux trois quarts.

Très formelle, cette première audience a débuté par la vérification de l'identité des huit accusés, puis sera entièrement consacrée à l'actualisation des constitutions de partie civile. Elles étaient d'ores et déjà 865 avant le procès.

Seuls sept accusés étaient présents dans la salle d'audience. Le huitième, Brahim Tritrou, actuellement détenu en Tunisie, sera "jugé par défaut", a indiqué M. Raviot, en précisant qu'il avait rédigé une demande d'entraide pénale internationale aux autorités judiciaires tunisiennes mais qu'il n'avait reçu aucune réponse de leur part.

Parmi les accusés, trois d'entre eux - Ramzi Arefa, Chokri Chafroud et Artan Henaj - comparaissent dans le box car détenus, dont un (Artan Henaj) dans le cadre d'une autre affaire.

Les quatre autres - Maksim Celaj, Endri Elezi, Mohamed Ghraieb et Enkeledja Zace - ont été placés sous contrôle judiciaire et se sont présentés libres devant la cour.

Alors que le président rappelait aux accusés leur droit au silence, Endri Elezi, jugé pour trafic d'armes, demande au président: "C'est quoi le mieux ? Garder le silence ou parler ?" "Voyez avec votre avocat", lui répond le président sans s'émouvoir.

Au total, 86 personnes ont perdu la vie et plus de 450 autres ont été blessées dans l'attaque du 14 juillet 2016, revendiquée par le groupe Etat islamique (EI). Il s'agit de l'attentat le plus meurtrier commis sur le sol français après les attaques du 13 novembre 2015 contre le Stade de France, le Bataclan et les terrasses parisiennes.

L'assaillant, tué par la police le soir de l'attentat, est le grand absent du procès, retransmis en direct dans une salle du palais des congrès de Nice.

Par rapport au procès du 13-Novembre, les mesures de sécurité ont été sensiblement allégées aux abords du Palais de justice de Paris, même si les contrôles restent cependant stricts pour accéder à la salle d'audience.

A Nice, où l'audience est retransmise dans une salle spécialement aménagée, seule une poignée de parties civiles s'étaient déplacées lundi, selon un journaliste de l'AFP.

"Ca fait six ans qu'on attend, le procès pour nous va être très dur, mais c'est important de pouvoir s'exprimer sur ce qu'on a vécu dans un premier temps, que tout le monde puisse ressentir le drame qu'on a dû vivre", a témoigné Seloua Mensi, qui a perdu sa sœur dans l'attentat.

Pas fiché

Le procès doit se dérouler jusqu'au 16 décembre.

Les premières paroles des accusés sont attendues mardi.

Trois accusés seulement (Ramzi Kevin Arefa, Chokri Chafroud et Mohamed Ghraieb) sont poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste. En état de récidive légale, le premier encourt la réclusion criminelle à perpétuité, les deux autres une peine de vingt ans de prison.

Pour l'accusation, ils auraient "apporté leur concours à la préparation" de l'attentat commis par Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. Ce Tunisien de 31 ans, chauffeur-livreur au caractère instable, était plus connu avant les faits pour des actes de violence, notamment contre son épouse, que pour sa proximité avec la mouvance jihadiste.

Aucun des accusés n'est poursuivi pour complicité d'assassinats ou tentative d'assassinats en bande organisée. L'enquête n'a pas permis de déterminer s'ils étaient au courant du projet d'attentat.

L'accusation a toutefois souligné leur "très grande proximité" avec Mohamed Lahouaiej-Bouhlel et estimé qu'ils étaient "pleinement conscients" de son adhésion "à l'idéologie du jihad armé" et de "sa fascination pour les passages à l'acte violents".

Selon le dossier d'accusation, ce n'est qu'une dizaine de jours avant l'attentat que le Tunisien a montré des signes de radicalisation, même s'il "s'était inscrit dans une démarche idéologique d'inspiration jihadiste plusieurs mois avant".

Il n'était pas fiché pour radicalisation par les services de renseignement.

Si le groupe EI a revendiqué l'attentat, l'enquête n'a pu établir aucun lien direct entre Mohamed Lahouaiej-Bouhlel et l'organisation jihadiste. Cette revendication "paraît être davantage (...) de pure opportunité", conclut-elle.

Les cinq autres accusés sont poursuivis pour des délits de droit commun - association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes - et encourent cinq à dix ans d'emprisonnement.

Comme celui du 13-Novembre, le procès de l'attentat de Nice sera filmé et enregistré pour les archives historiques.

Rédigé par RB le Lundi 5 Septembre 2022 à 05:50 | Lu 165 fois