Ouverture de la session budgétaire : des discours très politiques


La session budgétaire 2012 s’est ouverte ce jeudi 20 septembre à 9 heures à l’Assemblée de Polynésie française. Une rentrée politique attendue qui a permis au président de l’assemblée, Jacqui Drollet et au président du Pays, Oscar Temaru de faire leurs discours, tous deux plus de politique générale que spécifiquement budgétaire. En face, l’opposition, réglementairement contrainte au silence durant les discours, n’a pu faire autre chose que murmurer, parfois, sa désapprobation. Car, les deux présidents ont mis en garde les élus et les citoyens d’écouter «les chants des sirènes». «Ne succombez pas aux chants des sirènes, à la nostalgie de la facilité, aux fausses solutions périmées (…) N’écoutez pas ceux-là même qui vous prédisent l’apocalypse. Ne prêtez pas l’oreille aux chants des sibylles» soutenait d’abord Jacqui Drollet. Une déclaration dont l’écho chez Oscar Temaru était le suivant : « Avant d’entamer les perspectives et le cap que nous voulons prendre, il nous faut regarder, tous ensemble, en Polynésiens responsables l’état de notre Pays, de notre société d’aujourd’hui. Cet exercice de vérité est nécessaire si l’on veut adopter les bonnes mesures pour demain, et non, comme certains, proposer l’illusion d’un retour à une époque révolue, à une situation irréaliste».

Pour ce qui est des prémisses des orientations budgétaires saisies dans les deux discours de ce jeudi 20 septembre, retenons qu’assemblée et présidence appuient toutes deux le développement économique de la Polynésie sur le secteur primaire, le tourisme et l’énergie. Mais Jacqui Drollet rappelle que le Pays a injecté en 2011, 26 milliards de Fcfp de subventions notamment en faveur des opérateurs économiques et des entreprises et il prévient : «Nous ne pouvons pas faire l’économie d’une analyse détaillée de ces aides. A qui profitent-elles ? Y a-t-il des effets d’aubaine ? Si oui, qui sont les passagers clandestins qui profitent des avantages sans s’acquitter de leur juste quote-part (…) Je souhaiterais également que puissent être abordés les sujets tels que la structure des prix des hydrocarbures subventionnés par le Pays, les circuits de commercialisation, de transport et de stockage, les régimes fiscaux privilégiés accordés par le Pays à certaines catégories professionnelles notamment». Et le président de l’assemblée de Polynésie française se déclare favorable à la mise en place d’un véritable droit de la concurrence.

Oscar Temaru a tenu, lui, à présenter un bilan non exhaustif des principales actions du gouvernement à ce jour, depuis son avènement en avril 2011. Suit un long inventaire à la Prévert avec entre autres, la libéralisation du ciel polynésien, la première loi de Pays sur le time-share, la rationalisation budgétaire avec la fermeture de certains établissements publics, le soutien appuyé aux communes pour leur développement, la réhabilitation du marae Taata de Paea, l’intégration des stagiaires du Capes ici en Polynésie, le recensement général de l’agriculture qui a démarré, le plan d’accès à la terre… Pour autant les perspectives d’avenir, selon le président Temaru ne sont pas très optimistes car le problème de la Polynésie n’est pas conjoncturel mais structurel explique-t-il. «En fait pour mieux comprendre le malaise actuel il nous faut intégrer et gérer un lourd héritage. Celui d’une société aux valeurs bouleversées, gérée pendant trop longtemps par des cigales. Malgré les milliards de l’ère CEP, puis de l’ère Chirac, ces cigales n’ont pas su opérer un véritable développement économique durable (…) Pire encore, elles n’ont parfois pas pu résister à dévoyer des outils ou des moyens qui auraient dû être gérés avec le souci du denier public».
Retrouver l'intégralité du discours d'Oscar Temaru

Après ces discours une suspension de séance a été observée avant d’en venir au point 1 de l’ordre du jour sur le projet de convention entre la Polynésie française et l’agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (Acsé). Puis les élus se sont interrompus pour déjeuner. La séance a repris jeudi après-midi vers 14 heures sur les autres points à l'ordre du jour.

20120920 - DISCOURS PR - Ouverture session budgétaire - V2.pdf  (198.27 Ko)


Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 20 Septembre 2012 à 12:40 | Lu 1624 fois