Oscar Temaru annonce une "joint venture" entre le pays et une société chinoise


Le président Oscar Temaru a annoncé jeudi 31 mai la signature d’un protocole d’accord destiné à mettre en place une joint venture avec une société chinoise. Cette association semble encadrée par un arrangement dans lequel le pays apporterait ses ressources dans le domaine de l’aquaculture et l’entreprise chinoise, ses moyens techniques et financiers. Une société derrière laquelle il y a « le gouvernement chinois », indique le président du gouvernement de Polynésie française.
Deux émissaires du fonds d’investissement chinois Tianjin Jasmin Fund Management Corporation ont effectué une visite sur le territoire la semaine dernière. Ils ont notamment été invités à constater les installations du port de pêche de Fare Ute et du centre technique aquacole Vaia de Vairao. Le protocole d'accord aurait été signé vendredi dernier. Cet accord sino-tahitien serait lié au développement de ce qu'Oscar Temaru avait annoncé et qualifé de "hub" et "d'écosystème économique" autour de l'atoll de Hao, à l'ouverture de la session administrative de l'Assemblée de Polynésie française, le 12 avril dernier. Ce jeudi, il nous confiait :

Oscar Temaru : : (…) Nous avons des changements à faire, il y a des décisions difficiles à prendre et il y a du travail ici. Hier soir (Débat sur les législatives, Polynésie 1ère, ndlr) j’ai écouté certains intervenants dire qu’ils iraient à Paris pour demander la création de 10.000 emplois. Je me suis dit mon Dieu, il y a déjà des millions de personnes là-bas qui n’ont pas de travail. Il y a du travail à faire ici : qu’on le veuille ou non il faudra retourner à la terre. Il faut développer l’économie endogène. Il y a de quoi faire dans notre Pays. Nous sommes entourés d’une zone maritime de 5 millions de km2. Nous venons… Je viens de signer un protocole d’accord avec une société chinoise, pour mettre en place ce que l’on appelle un « joint venture ». Et donc ça va se faire. Et pour mettre en place ce « joint venture » on aura besoin de compétences. Certainement d’avocats spécialisés dans ce secteur là, d’experts comptables, puisque la Chine arrive avec sa technologie, avec ses moyens financiers également, avec un marché d’1.3 milliards d’habitants. Nous arrivons avec nos ressources, pour faire de l’aquaculture : élevage de rori, de pahua, de poissons. Je pense que les deux confondus… L’avenir nous dira que nous allons dans le bon sens. Il y aura des milliers d’emplois de créés. Et il y aura autre chose à faire encore dans le futur. C’est donc de ça dont nous parlons à cette population. Il y a de quoi faire dans ce pays. (…)

"(...) Derrière cette société, c'est le gouvernement chinois"

Tahiti Infos : Vous nous parlez d’un accord de partenariat avec une société chinoise. La semaine dernière deux émissaires du fonds d’investissement Tianjin Jasmin Fund ont été reçus sur le territoire et ont visité diverses installations. Dans quelle entreprise locale ce fonds d’investissement va-t-il investir ?

Oscar Temaru : Dans un premier temps, ce sera le gouvernement qui travaillera avec cette société, parce que derrière cette société c’est le gouvernement chinois.

Tahiti Infos : On parle d’un accord qui stipule le reversement de 15 milliards Fcfp au pays, chaque année.

Oscar Temaru : Il s’agira de 10 milliards Fcfp d’investissement par an. Pour construire un centre de recherche, pour construire une écloserie, pour mettre en place les infrastructures qu’il faut et surtout essayer d’ouvrir cet aéroport de Hao à l’international. Il y a aussi de la transformation à faire : ce n’est pas tout de faire l’élevage, il faut aussi faire de la transformation et s’occuper de la commercialisation.

Tahiti Infos : Le pays a-t-il compétence à passer des accords commerciaux avec une nation étrangère, comme cela semble être le cas dans cette « joint venture » ?

Oscar Temaru : Si on veut développer ce pays, il nous faut cette compétence.

Tahiti Infos : A-t-on cette compétence aujourd’hui ?

Oscar Temaru : Non, non, non, non, non, mais il nous faut cette compétence. Si on n’a pas compris cela… C’est ça la mondialisation ! Sinon on veut nous cloisonner dans un… Non, non, on parlera de tout cela avec M. François Hollande.
(...) Cette « joint venture » sera mise en place à Hong Kong, voilà !

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 31 Mai 2012 à 15:37 | Lu 3160 fois