Oscar Temaru : "Mon seul souci, c'est que les avions volent"


« Le "quarteron" de pilotes mécontents auquel vous faites référence ne m’a pas dicté la conduite à suivre». Attaqué ce matin par Tearii Alpha sur sa gestion de la crise à ATN (voir la question orale en bas de cet article), Oscar Temaru répond qu’il assume l’entière responsabilité de ses actes, et de ses déclarations. Autrement dit, qu’il ne retient pas Cédric Pastour, à qui il aurait fait, avant la grève, plusieurs propositions pour une sortie de crise en douceur. Notamment sur le point le plus litigieux : l’embauche d’un directeur des opérations aériennes venu de chez Air Calin.

« Ma proposition portait notamment sur la candidature "externe" d’un professionnel de l’aéronautique mais originaire de Tahiti qui n’aurait pas été issu de la corporation des personnels techniques d’Air Tahiti Nui » explique Oscar Temaru. Le président affirme avoir également proposé à Cédric Pastour d'abandonner la présidence du CA, mais de rester directeur général. Deux solutions qui auraient été déclinées par le PDG. "En revanche, d’un commun accord au vu de sa position ferme, il a proposé le principe de sa révocation qui serait alors présentée au conseil d’administration d’Air Tahiti Nui", affirme le président.


Qui pour succéder à Cédric Pastour?

Oscar Temaru a déclaré jeudi matin qu’il y avait « plusieurs candidats » pour remplacer Cédric Pastour. Des candidats polynésiens, aurait-il déclaré en tahitien. « Il a dit que c’était l’intérêt du pays d’avoir des Polynésiens à la tête des établissements publics », explique Gaston Tong Sang, qui s’insurge contre ces propos « à connotation raciste ». « Aux dernières nouvelles, nous sommes Français, tout comme Cédric Pastour », tient à préciser l’ancien président du Pays, qui déplore « qu’on retombe dans les errements du passé ». « Tout le monde s’était engagé à dépolitiser nos SEM » rappelle Gaston Tong Sang.

« Le pays est le principal actionnaire de cette société, et c’est de ma responsabilité » lui réplique Oscar Temaru, interrogé par la presse à l'issue des questions orales.



Tahiti-Infos: Avez vous un candidat à la présidence d’Air Tahiti Nui ?

Oscar Temaru : Oui, il y en a même plusieurs.

De qui s’agit-il ?

Alors là...Vous attendez que le conseil d’administration se réunisse, puis qu’il prenne sa décision.

Ce sont des candidats polynésiens ? c’est une chose à laquelle vous tenez ?

Ça sera un candidat qui aura toute la confiance du gouvernement de notre pays.

C’est quelqu’un qui a déjà eu de telles fonctions dans l’aéronautique ?

Vous le saurez le jour où la décision sera prise.

Est-ce que vous redoutez le mouvement de grève de l’Union pour l’Avenir d’Air Tahiti Nui ?

Non...Je pense que tout le monde est reponsable. Vous avez vu ce qui s’est passé (avec les autres syndicats la semaine précédente ndlr). Je leur ai demandé de reprendre le travail et ils l’ont fait aussitôt. Ils sont conscients des problèmes que rencontre notre pays, surtout sur le plan économique.

M. Pastour n’est-il pas en train de devenir un bouc-émissaire dans ce conflit ?

Non, pas du tout. Comme je viens de le dire, nous nous sommes rencontrés en présence du ministre de l’emploi et nous lui avons donné 24H pour lever cette grève. Il m’a dit que c’était à moi de le faire, « sinon révoquez-moi », nous a-t-il dit.

Vous avez donc l’impression que M. Pastour ne souhaite pas rester à la tête de la compagnie ?

Peut-être. Je sais qu’il a d’autres occupations ailleurs, qu’il est très occupé. Je n’ai personnellement rien contre ce monsieur là, mais on ne peut pas prendre en otage un pays, surtout dans la situation économique difficile que nous connaissons.

C’est lui qui prend en otage le pays ou ce sont les syndicats ?

Je parle à tout le monde.

Vous ne pensez pas que changer encore de PDG puisse nuire à la compagnie ?

Non, puisqu’il a déjà mis en place trois directeurs généraux adjoints. Il m’a demandé tout de suite de recevoir ces trois DGA, et le secrétaire général de l’entreprise, en me disant que j’aurai à m’appuyer sur eux pour continuer la gestion de l’entreprise. Il souhaite que les projets qu'il a mis en place se poursuivent.

Pourquoi ne pas garder M. Pastour qui a mis ces projets en place ?

Il fallait que les avions volent. C’est mon seul souci.

Beaucoup de syndicats parlent d’ingérence politique dans la gestion d’ATN. Est-ce que ce n’est pas le problème de cette compagnie aujourd’hui ?

Le pays est le principal actionnaire de cette société, et c’est de ma responsabilité. 24H de plus et la compagnie aérienne était en faillite. Vous savez ce que c’est ? Cette grève avait déjà coûté 140 millions. (le coût de la location d’un avion de la compagnie Air New Zealand pendant 5 jours ndlr).



Rédigé par F K le Jeudi 7 Juillet 2011 à 12:02 | Lu 4009 fois