Bertrand GUAY / AFP
Paris, France | AFP | mercredi 02/02/2022 - Le président Emmanuel Macron s'est ému mercredi des révélations "bouleversantes" du livre-enquête dénonçant les maltraitances dans les Ehpad d'Orpea, dont les dirigeants ont dû s'expliquer devant le Parlement. Sans convaincre.
Le président "a dit que ces révélations étaient absolument choquantes, bouleversantes et qu’elles appelaient évidemment à ce que nous poursuivions notre investissement pour le grand âge", a déclaré le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal à l'issue du Conseil des ministres.
"On est là au cœur d'un système, je pense", avait commenté plus tôt sur LCI Brigitte Bourguignon, évoquant son "dégoût". La ministre déléguée à l'Autonomie commentait les informations du Canard enchaîné selon lesquelles l'ancien directeur général du groupe Yves Le Masne, limogé dimanche, a empoché près de 590.000 euros l'été dernier en revendant des actions. Et ce peu après avoir appris la préparation du livre-enquête "Les Fossoyeurs".
Auditionné mercredi après-midi, avec le directeur général France Jean-Christophe Romersi, devant la Commission sociale de l'Assemblée nationale, le PDG du géant des maisons de retraite Philippe Charrier a exclu qu'il y ait "un système Orpea consistant à optimiser le profit pour rationner nos prestations". "Je vous l'affirme: ce système n'existe en aucun cas à Orpea. Le vrai système Orpea, c'est qu'à tous les niveaux on essaie de prendre soin des personnes qui nous sont confiées".
"Quand il y a des événements indésirables, nous les suivons de très près. Nous les rapportons aux autorités de santé, nous menons des investigations et nous corrigeons", a assuré M. Charrier, évoquant 391 "événements indésirables" en 2021, dont "36 suspicions de maltraitance".
"Discours creux"
"Vous avez en Orpea un leader mondial. La France n'en a pas beaucoup. Les plus belles entreprises sont fragiles", a-t-il dit, appelant à ne pas "détruire les plus belles entreprises avec des allégations".
"La représentation nationale, je vous le dis franchement, est déçue par la qualité de vos réponses - ou de l'absence de réponses", a déclaré Fadila Khattabi, la présidente de la commission, qui recevra prochainement l'auteur de l'enquête, le journaliste Victor Castanet.
Lui aussi "outré", Nicolas Turquois (Modem) a reproché aux deux dirigeants un "discours creux sur de grands principes", suivi d'"arguments technico-administratifs, des chiffres qui ont noyé le poisson".
"J'espérais de vous transparence et humilité, que vous devez aux contribuables français et à leurs familles. Mais honnêtement quelle déception!", a renchéri Laetitia Romeiro-Dias (LREM).
Dans "Les Fossoyeurs", le journaliste Victor Castanet décrit le rationnement des fournitures médicales et de la nourriture dans des établissements aux tarifs pourtant très élevés, une maltraitance chronique des résidents, des objectifs financiers imposés à des directions contrôlées de très près par le siège. Des accusations que le groupe réfute en bloc.
"Pompe à fric"
Les autorités ont lancé mardi une "vaste opération de contrôle" d'Orpea, avec l'ouverture d'une "double enquête" administrative confiée aux inspections générales des affaires sociales (Igas) et des finances (IGF). Les établissements du groupe feront l'objet de "contrôles inopinés" diligentés par les services de l’État.
Le gouvernement a promis d'ici la fin du mois des propositions pour éviter que de telles dérives ne se reproduisent.
Brigitte Bourguignon veut faire en sorte que les établissements privés lucratifs soient considérés comme des "entreprises à mission", en vertu des dispositions de la loi Pacte de 2019. Ce statut suppose qu'un organisme tiers indépendant vérifie que l'entreprise répond aux objectifs de sa mission, en l'occurrence "le soin, la bientraitance", selon la ministre.
"Je vous assure que c'est la première fois que l'on fait une inspection" de cette importance, "parce que l'on veut frapper fort, parce que l'on ne veut plus que des groupes considèrent le grand âge comme une pompe à fric", a-t-elle martelé. "Ce n'est pas une marchandise".
Pour Pascal Champvert, le président de l'Association des directeurs au service de personnes âgées (AD-PA), "il y a bien des problèmes dans tout le secteur" des soins aux personnes âgées, en raison du "manque de financement" par l’Etat et d'un "mépris pour les personnes âgées".
Présent dans une vingtaine de pays, Orpea est l'un des principaux acteurs mondiaux de la prise en charge de la dépendance, avec un réseau de 1.156 établissements pour personnes fragiles: maisons de retraite médicalisées, cliniques de soins, cliniques de psychiatrie.
En dix jours, son cours de bourse s'est effondré de plus de moitié.
Le président "a dit que ces révélations étaient absolument choquantes, bouleversantes et qu’elles appelaient évidemment à ce que nous poursuivions notre investissement pour le grand âge", a déclaré le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal à l'issue du Conseil des ministres.
"On est là au cœur d'un système, je pense", avait commenté plus tôt sur LCI Brigitte Bourguignon, évoquant son "dégoût". La ministre déléguée à l'Autonomie commentait les informations du Canard enchaîné selon lesquelles l'ancien directeur général du groupe Yves Le Masne, limogé dimanche, a empoché près de 590.000 euros l'été dernier en revendant des actions. Et ce peu après avoir appris la préparation du livre-enquête "Les Fossoyeurs".
Auditionné mercredi après-midi, avec le directeur général France Jean-Christophe Romersi, devant la Commission sociale de l'Assemblée nationale, le PDG du géant des maisons de retraite Philippe Charrier a exclu qu'il y ait "un système Orpea consistant à optimiser le profit pour rationner nos prestations". "Je vous l'affirme: ce système n'existe en aucun cas à Orpea. Le vrai système Orpea, c'est qu'à tous les niveaux on essaie de prendre soin des personnes qui nous sont confiées".
"Quand il y a des événements indésirables, nous les suivons de très près. Nous les rapportons aux autorités de santé, nous menons des investigations et nous corrigeons", a assuré M. Charrier, évoquant 391 "événements indésirables" en 2021, dont "36 suspicions de maltraitance".
"Discours creux"
"Vous avez en Orpea un leader mondial. La France n'en a pas beaucoup. Les plus belles entreprises sont fragiles", a-t-il dit, appelant à ne pas "détruire les plus belles entreprises avec des allégations".
"La représentation nationale, je vous le dis franchement, est déçue par la qualité de vos réponses - ou de l'absence de réponses", a déclaré Fadila Khattabi, la présidente de la commission, qui recevra prochainement l'auteur de l'enquête, le journaliste Victor Castanet.
Lui aussi "outré", Nicolas Turquois (Modem) a reproché aux deux dirigeants un "discours creux sur de grands principes", suivi d'"arguments technico-administratifs, des chiffres qui ont noyé le poisson".
"J'espérais de vous transparence et humilité, que vous devez aux contribuables français et à leurs familles. Mais honnêtement quelle déception!", a renchéri Laetitia Romeiro-Dias (LREM).
Dans "Les Fossoyeurs", le journaliste Victor Castanet décrit le rationnement des fournitures médicales et de la nourriture dans des établissements aux tarifs pourtant très élevés, une maltraitance chronique des résidents, des objectifs financiers imposés à des directions contrôlées de très près par le siège. Des accusations que le groupe réfute en bloc.
"Pompe à fric"
Les autorités ont lancé mardi une "vaste opération de contrôle" d'Orpea, avec l'ouverture d'une "double enquête" administrative confiée aux inspections générales des affaires sociales (Igas) et des finances (IGF). Les établissements du groupe feront l'objet de "contrôles inopinés" diligentés par les services de l’État.
Le gouvernement a promis d'ici la fin du mois des propositions pour éviter que de telles dérives ne se reproduisent.
Brigitte Bourguignon veut faire en sorte que les établissements privés lucratifs soient considérés comme des "entreprises à mission", en vertu des dispositions de la loi Pacte de 2019. Ce statut suppose qu'un organisme tiers indépendant vérifie que l'entreprise répond aux objectifs de sa mission, en l'occurrence "le soin, la bientraitance", selon la ministre.
"Je vous assure que c'est la première fois que l'on fait une inspection" de cette importance, "parce que l'on veut frapper fort, parce que l'on ne veut plus que des groupes considèrent le grand âge comme une pompe à fric", a-t-elle martelé. "Ce n'est pas une marchandise".
Pour Pascal Champvert, le président de l'Association des directeurs au service de personnes âgées (AD-PA), "il y a bien des problèmes dans tout le secteur" des soins aux personnes âgées, en raison du "manque de financement" par l’Etat et d'un "mépris pour les personnes âgées".
Présent dans une vingtaine de pays, Orpea est l'un des principaux acteurs mondiaux de la prise en charge de la dépendance, avec un réseau de 1.156 établissements pour personnes fragiles: maisons de retraite médicalisées, cliniques de soins, cliniques de psychiatrie.
En dix jours, son cours de bourse s'est effondré de plus de moitié.