Orientations budgétaires : le ministère pose les bases de son plan quinquennal de santé publique en 2016


En 2016, l’effort de prévention sera centré sur la lutte contre le surpoids et l’obésité. On compte aujourd’hui en Polynésie près de 70 % de la population en surpoids, dont 40 % au stade de l’obésité.
PAPEETE, 1er novembre 2015 - Le ministère de Patrick Howell devrait disposer de 9,5 milliards Fcfp en faveur de la mission santé, l’an prochain. L’exercice 2016 doit être consacré à la mise en œuvre des orientations stratégiques du Schéma d’Organisation Sanitaire 2015-2020.

Dans le discours prononcé jeudi devant la représentation polynésienne, Edouard Fritch a présenté le Schéma d’organisation sanitaire pour les cinq prochaines années comme une réforme "ambitieuse" et "indispensable" de l’organisation du système sanitaire polynésien. A l’heure où la collectivité est confrontée à la nécessité de remédier aux déséquilibres structurels du système de Protection sociale généralisée (PSG), qui 20 ans après son instauration devrait générer un déficit de 8 milliards Fcfp en 2015, le Schéma d’Organisation Sanitaire 2015-2020 pose les bases tactiques que la collectivité envisage en matière de santé publique.

Le ministère de la santé s’est attaché au cours de l’année 2015 à concevoir une politique de santé pour les dix ans à venir et s’est fixé une feuille de route avec des Orientations stratégiques 2015-2024.

L’exercice 2016 doit être consacré à la mise en œuvre des orientations stratégiques du Schéma d’Organisation Sanitaire 2015-2020.

Sa mission se décompose en trois axes : l’axe "Offre de santé – Médecine curative" dans lequel sont imputées les actions liées a la planification de l’offre de soins, dans les hôpitaux, les dispensaires et les autres structures publiques d’offre de soins, au contrôle et à la formation continue aux métiers de la santé ; l’axe "Santé publique – Prévention" dans lequel sont imputées les actions relatives au suivi des maladies transmissibles et non transmissibles, à la lutte contre les addictions, à la lutte contre les vecteurs de maladie, aux campagnes de vaccination, à la protection de la mère et de l’enfant et à la santé mentale ; et enfin l’axe "Veille et sécurité sanitaires" au sein duquel sont regroupées les opérations de contrôle sanitaire des installations publiques ou privées ainsi que le contrôle sanitaire des produits commercialisés. Ce programme recense également les actions relatives à la lutte contre les fraudes, la sécurité sanitaire des animaux ainsi que celles visant à organiser les plans de préparation aux pandémies.

Sur les 9,5 milliards Fcfp que prévoit de consacrer le budget 2016 à la mission santé (dont 6,7 milliards en dépenses de personnels), 5,85 milliards seront dédiés à l’offre de santé, 3,03 milliards à la prévention et 603,5 millions en faveur de la sécurité sanitaire.

Le Pays ne dispose plus d’observatoire de la santé depuis 2003. Une Autorité de régulation de la santé et de la Protection sociale doit être créée en 2016. Elle sera chargée de la définition des orientations stratégiques, de la mise en œuvre et de la régulation de la politique de santé qui doit être mise en place en 2016. Parallèlement, les activités publiques de soins et de prévention opérées par la Direction de la santé seront réorganisées au sein d’un établissement public de soins primaires et les hôpitaux périphériques seront rattachés au CHPF pour former une communauté hospitalière polynésienne autour d’une entité unique. Celle-ci doit regrouper le CHPF et les établissements de santé de Taravao, Uturoa et Taiohae.

En 2016, le Pays prévoit de consacrer, en fonctionnement, 1,588 milliard à la médecine curative publique (hors dépenses de personnel). Ce budget prévoit notamment l’aménagement de deux hélistations (Moorea et Taravao), les dépenses de formation continue de 49 infirmiers, la création de 25 postes de dialyse supplémentaires, le maintien de 70 places d’hospitalisation complète en service psychiatrique et le maintien de 196 places d’hospitalisation de jour.

Le projet de budget prévoit de consacrer 526 millions Fcfp à la prévention, en 2016 hors dépenses de personnel. L’effort sera appliqué à la lutte contre le surpoids et l’obésité. On compte aujourd’hui en Polynésie près de 70 % de la population en surpoids, dont 40 % au stade de l’obésité. Ce phénomène est à l’origine de maladies telles que le diabète, l’hypertension, l’insuffisance rhénale ou encore les troubles cardio-vasculaires, impactant fortement les dépenses de santé. En 2025, le Pays estime pouvoir réduire de 70 à 40% la part de la population en surpoids et de 40 à 10% le taux d’obésité.

Le projet de budget prévoit 213,2 millions Fcfp en faveur du programme de veille et de sécurité sanitaire. En 2015, les moyens budgétaires ont servi à compenser la dette liée aux analyses médicales faites par l’Institut Louis Malardé (ILM) pour le compte de la Direction de la santé. L’effort d’investissement avait été dédié à l’acquisition du laboratoire NSB3 (Niveau de sécurité biologique 3). En 2016, les demandes budgétaires en fonctionnement correspondent à une reconduction du budget primitif 2015. Aucun investissement n’est prévu.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 2 Novembre 2015 à 06:21 | Lu 1423 fois