Onze projets pour protéger les lagons polynésiens


Crédit Pew
Tahiti, le 10 décembre 2019 - Les onze lauréats de l'appel à projet sur la protection des lagons de Polynésie française ont présenté hier leurs différentes idées. Lancée par l’ONG Pew et la fondation Bertarelli, en partenariat avec la Fédération des associations de protection de l’environnement, cette troisième édition a montré cette année encore une très grande diversité dans les projets retenus.

Campagne de sensibilisation, jeux ludiques, spectacle de clown, jeu en bois pour sensibiliser à la protection des baleines… l'inventivité des lauréats était visible pour cette troisième édition de l'appel à projet sur la protection des lagons polynésiens de l'ONG Pew et la fondation Bertarelli, soutenu par la Fédération des associations de protection de l’environnement (FAPE - Te Ora Naho).

Les projets retenus par le jury ont tous en commun d'aider à la sauvegarde des lagons polynésiens menacés. "Les océans sont en danger. Surpêche, réchauffement climatique, pollution… les activités humaines impactent les écosystèmes marins et en particulier les coraux. Les récifs représentent moins de 1% de la surface de l’océan, mais ils hébergent plus d’un tiers des espèces marines. Les océans sont la première source de protéines au monde et nourrissent près de 2,6 milliards de personnes", explique le Dr Jérôme Petit, directeur du projet Héritage des océans de Pew et Bertarelli en Polynésie française.

L'un des moyens d'agir pour sauver et protéger l'océan est notamment de créer des zones de protection, des rahui, des PGEM (plans de gestion de l'espace maritime), des aires marines protégées, etc. afin de laisser l'écosystème en paix, pour qu'il puisse se ressourcer. "Il faudrait protéger jusqu'à 30% des zones ; actuellement seules 3% sont protégées alors que l'ONU avait fixé le seuil de 10% en 2020, soit dans quelques semaines. On est loin du compte", constate Jérôme Petit.
Malgré ce constat, le fatalisme ne semblait pas de mise hier dans les locaux de l'association. Les onze lauréats choisis par le jury parmi les 25 projets soumis par la société civile de Polynésie française, associations, écoles et entités privées ont tous proposé des idées qui devraient agir chacune à leur manière à la sauvegarde et à la protection des lagons polynésiens.

JARDIN FLEURI DE BENITIERS

Un projet prévoit l'extension du jardin fleuri de bénitiers sur l'atoll de Tatakoto.
"Tous ces projets, aussi petits qu’ils soient, apportent une pierre à l’édifice de la protection de nos lagons et contribuent à préserver la biodiversité de notre fenua. Ils permettent à des associations de s’investir concrètement dans leur commune, dans leur île, en harmonie avec ce que faisaient nos anciens", souligne Winiki Sage, le président de la FAPE.

A l'image du projet d'extension du jardin fleuri de bénitiers porté par l’association Heiva i Tatakoto. L'atoll situé à plus de 1 000 kilomètres de Tahiti, est réputé pour l'aquaculture du bénitier. Lors de l'édition précédente, l'appel à projet avait permis la création de trois zones de protection du bénitier. Cette année, ce nouvel appel devrait l'étendre. "Ce projet va nous permettre de protéger nos bénitiers, ressource importante pour notre atoll pour les générations futures. L’activité liée à l’exploitation de bénitiers a considérablement diminué ces dernières années, passant de 20 tonnes par an à 2 tonnes en 2014", précise la représentante de l’association Heiva i Tatakoto, qui constate avec espoir que grâce à ce projet "depuis quelques mois, quelques petites boutures de bénitiers apparaissent".
Les lauréats recevront chacun une subvention de 500 000 Fcfp qui devrait les aider dans la réalisation de leurs projets. Les lauréats devraient aussi pouvoir compter sur le soutien de la population puisqu'un récent sondage a montré que 87% des habitants de Polynésie française souhaite créer une zone de protection dans leur lagon.

Les lauréats de l'édition 20219.
Les 11 projets retenus pour cette édition 2019 :

-Association Uni’terre (Tamarii no te ao nei), Tahiti : Campagne de sensibilisation de la population locale et des touristes à la menace que peuvent constituer certains gestes quotidiens sur les lagons.

-Collège d’Afareaitu, Moorea : Séances pédagogiques sur le rahui et le PGEM avec les associations et les scientifiques de l’île pour une meilleure gestion de l’AMP d’Afareitu.

-CJA de Ua Huka, Marquises : Promotion du rahui de Ua Huka récemment créé à travers des séances pédagogiques et la création d’un espace rahui avec un panneau sculpté par les élèves.

-Association Moorea Biodiversité : Création d’un spectacle de clown itinérant pour sensibiliser les jeunes aux enjeux de la pollution humaine sur les écosystèmes marins.

-Association Oceania, Moorea : Création d’un jeu en bois pour sensibiliser le public à la protection des baleines et des cétacés.

-Association Heiva I Tatakoto, Tuamotu : Extension du jardin fleuri de bénitiers à Tatakoto, expositions, réunions publiques et journée de fête du rahui.

-Association Team Heke Spearfishing, Tahiti : Pêcheurs engagés pour une pêche durable et respectueuse des ressources marines, réalisation d’un documentaire vidéo sur le rahui de Rapa aux Australes comme outil de sensibilisation.

-Association Tau Pi’i Taumata Fee Faatupu Hau, Moorea : Création d’un parcours dédié à la découverte des anguilles de rivière sur le domaine d’Ōpūnohu pour promouvoir la protection de la rivière et renforcer le lien terre-mer.

-Association de protection de la passe Taipari, Punaauia, Tahiti : Renforcement de la surveillance de la zone de pêche réglementée de Nuuroa à travers une sensibilisation des riverains et la réalisation d’une fresque murale près de la zone.

-Collectif Nana Sac Plastique, Tahiti : Création d’un village de sensibilisation à la pollution plastique, organisation d'un séminaire et d’ateliers sur les déchets, sensibilisation des scolaires.

- Herenui Maretto, consultante : La jeune femme souhaite faire un diagnostic des zones protégées et un audit des projets en cours. L'idée est aussi de voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas afin de créer à terme de nouvelles zones protégées.

Rédigé par Pauline Stasi le Mardi 10 Décembre 2019 à 16:21 | Lu 3983 fois