Tahiti, le 27 avril 2022 – Passé sous les radars depuis septembre dernier avec l'abandon de la procédure d'appel à manifestation d'intérêts initiée deux ans plus tôt, le projet de l'aménagement touristique de 40 hectares du “Village tahitien” à Punaauia a refait surface mardi en séance à l'assemblée. Les élus de la majorité ont voté une mesure permettant de débloquer les freins fonciers à l'investissement qui avaient fait patiner la dernière procédure d'appel aux investisseurs. L'opposition a raillé une arlésienne, qui devrait refaire parler d'elle en cette période électorale.
On l'avait laissé sur un “retour à zéro” en septembre 2021, le Village tahitien a refait parler de lui cette semaine à l'assemblée. Mardi, les élus de la majorité Tapura ont voté le toilettage d'une délibération portant sur “la composition et l'administration du domaine public” pour permettre de lever les freins à l'investissement –principalement fonciers– qui avaient fait capoter la dernière procédure d'appel à manifestation d'intérêts pour le faramineux projet d'aménagement touristique de 40 hectares à Punaauia.
“Toujours d'actualité”
Il y a sept mois, le nouveau ministre en charge des Grands Travaux, René Temeharo, avait récupéré le dossier sans autre choix que de le saborder. L'appel à manifestation d'intérêts initié en 2019 par son prédécesseur, Teva Rohfritsch, s'était heurté à la frilosité des investisseurs locaux sur un détail foncier épineux et technique : le Pays proposait aux candidats de se positionner sur des terrains relevant de son domaine public, via des “baux administratifs”. Des baux limités à 35 ans et renouvelables une fois, ne permettant aucune sous-location et limitant les recours à la défiscalisation.
À l'époque, René Temeharo avait annoncé dans nos colonnes qu'il prévoyait d'une part de transférer les lots du Village tahitien du domaine public vers le domaine privé, et d'autre part qu'il comptait modifier la réglementation pour autoriser le transfert dans le domaine privé des remblais publics au bout d'un an d'occupation, contre cinq ans actuellement. C'est cette seconde étape qui est passée mardi à l'assemblée. “N'en déplaise aux détracteurs de notre majorité qui, à l'approche de rendez-vous électoraux importants, seraient naturellement tentés d'en faire un sujet de politique politicienne, le projet d'aménagement touristique baptisé Village tahitien est toujours d'actualité”, s'est flattée mardi matin l'élue Tapura Monette Harua. Tout en tempérant immédiatement par une formule plus prudente : “Il s'élabore, se murit et se transforme lentement mais surement. Surtout, sans faire de bruit et loin des annonces prématurées susceptibles de laisser penser que l'affaire est dans le sac alors que rien n'est encore acquis.”
Avant d'étudier le toilettage technique du jour, l'élue Tapura et sa collègue Teapehu Teahe ont rappelé en séance l'état des “actions programmées” ne serait-ce qu'en 2022 pour le projet du Village tahitien : 50 millions de Fcfp pour les études d'aménagement des espaces culturels, 153 millions de Fcfp pour les études de viabilisation des lots, 765 millions de subvention pour les études de construction du complexe de salles de spectacles et de congrès, 300 millions de travaux d'assainissement pluvial ou encore 4,5 millions d'études d'analyse des “sols vaseux”. Un montant d'investissement “de plus d'un milliard”, a relevé Monette Harua, insistant sur le “travail de longue haleine” sur ce dossier. “Pour qu'au final, le moment venu, la mariée soit la plus séduisante et la plus attractive possible pour les investisseurs potentiels.”
On l'avait laissé sur un “retour à zéro” en septembre 2021, le Village tahitien a refait parler de lui cette semaine à l'assemblée. Mardi, les élus de la majorité Tapura ont voté le toilettage d'une délibération portant sur “la composition et l'administration du domaine public” pour permettre de lever les freins à l'investissement –principalement fonciers– qui avaient fait capoter la dernière procédure d'appel à manifestation d'intérêts pour le faramineux projet d'aménagement touristique de 40 hectares à Punaauia.
“Toujours d'actualité”
Il y a sept mois, le nouveau ministre en charge des Grands Travaux, René Temeharo, avait récupéré le dossier sans autre choix que de le saborder. L'appel à manifestation d'intérêts initié en 2019 par son prédécesseur, Teva Rohfritsch, s'était heurté à la frilosité des investisseurs locaux sur un détail foncier épineux et technique : le Pays proposait aux candidats de se positionner sur des terrains relevant de son domaine public, via des “baux administratifs”. Des baux limités à 35 ans et renouvelables une fois, ne permettant aucune sous-location et limitant les recours à la défiscalisation.
À l'époque, René Temeharo avait annoncé dans nos colonnes qu'il prévoyait d'une part de transférer les lots du Village tahitien du domaine public vers le domaine privé, et d'autre part qu'il comptait modifier la réglementation pour autoriser le transfert dans le domaine privé des remblais publics au bout d'un an d'occupation, contre cinq ans actuellement. C'est cette seconde étape qui est passée mardi à l'assemblée. “N'en déplaise aux détracteurs de notre majorité qui, à l'approche de rendez-vous électoraux importants, seraient naturellement tentés d'en faire un sujet de politique politicienne, le projet d'aménagement touristique baptisé Village tahitien est toujours d'actualité”, s'est flattée mardi matin l'élue Tapura Monette Harua. Tout en tempérant immédiatement par une formule plus prudente : “Il s'élabore, se murit et se transforme lentement mais surement. Surtout, sans faire de bruit et loin des annonces prématurées susceptibles de laisser penser que l'affaire est dans le sac alors que rien n'est encore acquis.”
Avant d'étudier le toilettage technique du jour, l'élue Tapura et sa collègue Teapehu Teahe ont rappelé en séance l'état des “actions programmées” ne serait-ce qu'en 2022 pour le projet du Village tahitien : 50 millions de Fcfp pour les études d'aménagement des espaces culturels, 153 millions de Fcfp pour les études de viabilisation des lots, 765 millions de subvention pour les études de construction du complexe de salles de spectacles et de congrès, 300 millions de travaux d'assainissement pluvial ou encore 4,5 millions d'études d'analyse des “sols vaseux”. Un montant d'investissement “de plus d'un milliard”, a relevé Monette Harua, insistant sur le “travail de longue haleine” sur ce dossier. “Pour qu'au final, le moment venu, la mariée soit la plus séduisante et la plus attractive possible pour les investisseurs potentiels.”
“La Case à Toto”
Alors que le projet initié par Gaston Flosse, déjà en période électorale en 2013, refait surface à un an des territoriales de 2023, l'opposition s'est gaussée de l'entêtement de la majorité à s'accrocher à ce serpent de mer touristico-électoraliste. “Un projet totalement déraisonnable d'aménagement touristique dénommé tout d'abord Tahiti Mahana Beach, qui est devenu Village tahitien pour finir aujourd'hui Case à Toto”, a raillé le représentant Tavini, Moetai Brotherson. Un projet, selon l'élu indépendantiste, “toujours plus grand, toujours plus fort, toujours plus haut, sans se soucier d'environnement, d'alimentation en eau, de gestion des déchets” et surtout qui échoue inlassablement à trouver des investisseurs véritablement intéressés par un projet aussi colossal.
“Ils sont où ces investisseurs ? De 2013 à 2022, notre assemblée et le Pays n'ont cessé d'octroyer des subventions à TNAD, à G2P, à réaménager le contexte administratif, réglementaire, juridique pour qu'enfin il y ait suffisamment d'attractivité pour les investisseurs potentiels… Ils sont où ces investisseurs ?”, a conclu Moetai Brotherson, annonçant l'abstention de son groupe sur ce dossier. Une abstention partagée dans les rangs des non-inscrits, au sein desquels le représentant Geffry Salmon est apparu bien moins à même de défendre le projet que lorsqu'il officiait comme ministre du Tourisme de Gaston Flosse entre 2013 et 2014. “On peut comprendre qu'un tel projet exige prudence et demande que du temps soit donné au temps, mais avouez que dans le cas d'espèce, vous avez une notion biblique du temps”, s'est lui-aussi amusé le représentant.
Côté majorité, pas question néanmoins de laisser filer le filon du Village tahitien. On confirmait mercredi qu'après le vote de ce texte à l'assemblée une nouvelle procédure d'appel aux investisseurs serait lancée dans les prochains mois. Mais pas nécessairement sur le modèle de l'appel à manifestation d'intérêts de 2019. “Il y a plusieurs hypothèses qui seront proposées au conseil des ministres, mais nous lui en réservons la primeur”, assurait-on mercredi soir au sein du gouvernement.
Alors que le projet initié par Gaston Flosse, déjà en période électorale en 2013, refait surface à un an des territoriales de 2023, l'opposition s'est gaussée de l'entêtement de la majorité à s'accrocher à ce serpent de mer touristico-électoraliste. “Un projet totalement déraisonnable d'aménagement touristique dénommé tout d'abord Tahiti Mahana Beach, qui est devenu Village tahitien pour finir aujourd'hui Case à Toto”, a raillé le représentant Tavini, Moetai Brotherson. Un projet, selon l'élu indépendantiste, “toujours plus grand, toujours plus fort, toujours plus haut, sans se soucier d'environnement, d'alimentation en eau, de gestion des déchets” et surtout qui échoue inlassablement à trouver des investisseurs véritablement intéressés par un projet aussi colossal.
“Ils sont où ces investisseurs ? De 2013 à 2022, notre assemblée et le Pays n'ont cessé d'octroyer des subventions à TNAD, à G2P, à réaménager le contexte administratif, réglementaire, juridique pour qu'enfin il y ait suffisamment d'attractivité pour les investisseurs potentiels… Ils sont où ces investisseurs ?”, a conclu Moetai Brotherson, annonçant l'abstention de son groupe sur ce dossier. Une abstention partagée dans les rangs des non-inscrits, au sein desquels le représentant Geffry Salmon est apparu bien moins à même de défendre le projet que lorsqu'il officiait comme ministre du Tourisme de Gaston Flosse entre 2013 et 2014. “On peut comprendre qu'un tel projet exige prudence et demande que du temps soit donné au temps, mais avouez que dans le cas d'espèce, vous avez une notion biblique du temps”, s'est lui-aussi amusé le représentant.
Côté majorité, pas question néanmoins de laisser filer le filon du Village tahitien. On confirmait mercredi qu'après le vote de ce texte à l'assemblée une nouvelle procédure d'appel aux investisseurs serait lancée dans les prochains mois. Mais pas nécessairement sur le modèle de l'appel à manifestation d'intérêts de 2019. “Il y a plusieurs hypothèses qui seront proposées au conseil des ministres, mais nous lui en réservons la primeur”, assurait-on mercredi soir au sein du gouvernement.