Daluakani, Inde | AFP | mercredi 20/03/2018 - La ponte collective des tortues olivâtres sur la plage de son village est pour Soumyaranjan Biswal une scène familière depuis toujours. Un processus de reproduction auquel ce pêcheur indien doit désormais prêter main forte pour protéger cette espèce menacée.
Année après année, ces tortues marines à la carapace vert olive parcourent des milliers de kilomètres pour venir déposer leurs œufs sur les rives de l'État indien d'Odisha (est), l'un de leurs plus importants sites de nidification de la planète.
"Nous les avons vues venir sur ces plages depuis notre enfance", raconte Soumyaranjan sur l'étendue de sable par une nuit éclairée par la lune. De petits crabes blancs passent sur ses pieds.
"Les tortues sont comme des amies maintenant", dit-il.
Mais avec une population en forte baisse, imputable principalement à la surexploitation humaine qui perturbe le rythme de reproduction lent de cet animal, les tortues olivâtres sont aujourd'hui une espèce considérée comme vulnérable. Et ses défenseurs doivent se retrousser les manches pour assurer le survie de suffisamment de bébés tortues.
Pendant la période de reproduction, des milliers de femelles peuvent émerger des eaux sous couvert de la nuit. Chacune dépose une centaine d'œufs dans un trou creusé dans le sable avec ses nageoires, avant de s'en retourner dans la mer pour y disparaître.
Ce phénomène d'arrivées en masse, qui ne survient que dans quelques endroits précis du globe, est décrit dans la communauté scientifique sous le nom d'"arribada".
"Les femelles reviennent sur cette même plage pour déposer leurs œufs, aidées par l'alignement de la mer et des étoiles", explique Soumyaranjan.
Durant la cinquantaine de jours d'incubation dans le sable, les œufs sont vulnérables à des prédateurs comme les chiens ou les vautours, et risquent d'être emportés par la marée.
Des quelque 10 millions d'œufs qui peuvent être pondus dans une "arribada", à peine 0,2% survit, selon Bijaya Kumar Kavi de l'ONG Action for Protection of Wild Animals.
Arpentant la plage, équipé d'une lampe torche et d'un bâton de bambou, Soumyaranjan identifie les nids à risques et déterre avec mille précautions les coquilles spongieuses.
Ces dernières sont déplacées en lieu sûr, dans des enclos grillagés où ils sont ré-enterrés, un petit drapeau rouge signalant la présence de chaque nid. Les habitants peuvent répéter des centaines de fois chaque année ce processus laborieux.
À une époque, l'Odisha voyait deux millions de tortues sortir de l'eau pour la ponte. Ce nombre s'est drastiquement amenuisé au fil des ans.
Les bouleversements environnementaux, le développement côtier et de la surpêche font que nombre de femelles ne survivent pas au voyage jusqu'à leur terre ancestrale. Des centaines de cadavres de tortues sont charriés par les eaux chaque année.
En 2014 et 2016, pour des raisons encore inconnues, aucune tortue n'est même venue. Les villageois, qui considèrent leur destin comme lié à celui de ces visiteurs marins, ont vu dans ce phénomène un sombre présage.
"Pour nous, les tortues sont une incarnation de Vishnu (l'un de dieux hindous majeurs, ndlr). Si elles meurent ou ne viennent pas, nous avons le sentiment que nous avons manqué leur bénédiction", explique Bichitranal Biswal, un fervent défenseur local de la conservation de ces tortues.
Amener les pêcheurs à protéger les tortues n'a pourtant pas été une mince affaire.
En 1997, les régions côtières de l'Odisha ont été décrétées réserve naturelle de la faune marine et la pêche en eaux peu profondes y est désormais interdite plus de la moitié de l'année - une perte de revenus sèche dans l'une des régions les plus pauvres d'Inde.
"Sept mois par an, les pêcheurs sont sans emploi", indique Sumanth Bindumadhav de l'ONG Humane Society International. "C'est naturel qu'ils se disent que c'est à cause des tortues."
La tâche de les convaincre de protéger ce reptile a été, dit-il, "herculéenne". Pour compenser la baisse de revenus causée par l'interdiction de la pêche, les autorités fournissent chaque mois 25 kilos de riz subventionnés aux familles affectées.
Au final, la politique de protection des tortues olivâtres repose grandement sur a relation spéciale entre les tortues et les habitants.
"Les gens ici ressentent une connexion personnelle avec les tortues et ont développé un sens de propriété. Cela a aidé notre projet de conservation", note Sumanth Bindumadhav.
Année après année, ces tortues marines à la carapace vert olive parcourent des milliers de kilomètres pour venir déposer leurs œufs sur les rives de l'État indien d'Odisha (est), l'un de leurs plus importants sites de nidification de la planète.
"Nous les avons vues venir sur ces plages depuis notre enfance", raconte Soumyaranjan sur l'étendue de sable par une nuit éclairée par la lune. De petits crabes blancs passent sur ses pieds.
"Les tortues sont comme des amies maintenant", dit-il.
Mais avec une population en forte baisse, imputable principalement à la surexploitation humaine qui perturbe le rythme de reproduction lent de cet animal, les tortues olivâtres sont aujourd'hui une espèce considérée comme vulnérable. Et ses défenseurs doivent se retrousser les manches pour assurer le survie de suffisamment de bébés tortues.
Pendant la période de reproduction, des milliers de femelles peuvent émerger des eaux sous couvert de la nuit. Chacune dépose une centaine d'œufs dans un trou creusé dans le sable avec ses nageoires, avant de s'en retourner dans la mer pour y disparaître.
Ce phénomène d'arrivées en masse, qui ne survient que dans quelques endroits précis du globe, est décrit dans la communauté scientifique sous le nom d'"arribada".
"Les femelles reviennent sur cette même plage pour déposer leurs œufs, aidées par l'alignement de la mer et des étoiles", explique Soumyaranjan.
Durant la cinquantaine de jours d'incubation dans le sable, les œufs sont vulnérables à des prédateurs comme les chiens ou les vautours, et risquent d'être emportés par la marée.
Des quelque 10 millions d'œufs qui peuvent être pondus dans une "arribada", à peine 0,2% survit, selon Bijaya Kumar Kavi de l'ONG Action for Protection of Wild Animals.
Arpentant la plage, équipé d'une lampe torche et d'un bâton de bambou, Soumyaranjan identifie les nids à risques et déterre avec mille précautions les coquilles spongieuses.
Ces dernières sont déplacées en lieu sûr, dans des enclos grillagés où ils sont ré-enterrés, un petit drapeau rouge signalant la présence de chaque nid. Les habitants peuvent répéter des centaines de fois chaque année ce processus laborieux.
- 'Connexion personnelle' -
À une époque, l'Odisha voyait deux millions de tortues sortir de l'eau pour la ponte. Ce nombre s'est drastiquement amenuisé au fil des ans.
Les bouleversements environnementaux, le développement côtier et de la surpêche font que nombre de femelles ne survivent pas au voyage jusqu'à leur terre ancestrale. Des centaines de cadavres de tortues sont charriés par les eaux chaque année.
En 2014 et 2016, pour des raisons encore inconnues, aucune tortue n'est même venue. Les villageois, qui considèrent leur destin comme lié à celui de ces visiteurs marins, ont vu dans ce phénomène un sombre présage.
"Pour nous, les tortues sont une incarnation de Vishnu (l'un de dieux hindous majeurs, ndlr). Si elles meurent ou ne viennent pas, nous avons le sentiment que nous avons manqué leur bénédiction", explique Bichitranal Biswal, un fervent défenseur local de la conservation de ces tortues.
Amener les pêcheurs à protéger les tortues n'a pourtant pas été une mince affaire.
En 1997, les régions côtières de l'Odisha ont été décrétées réserve naturelle de la faune marine et la pêche en eaux peu profondes y est désormais interdite plus de la moitié de l'année - une perte de revenus sèche dans l'une des régions les plus pauvres d'Inde.
"Sept mois par an, les pêcheurs sont sans emploi", indique Sumanth Bindumadhav de l'ONG Humane Society International. "C'est naturel qu'ils se disent que c'est à cause des tortues."
La tâche de les convaincre de protéger ce reptile a été, dit-il, "herculéenne". Pour compenser la baisse de revenus causée par l'interdiction de la pêche, les autorités fournissent chaque mois 25 kilos de riz subventionnés aux familles affectées.
Au final, la politique de protection des tortues olivâtres repose grandement sur a relation spéciale entre les tortues et les habitants.
"Les gens ici ressentent une connexion personnelle avec les tortues et ont développé un sens de propriété. Cela a aidé notre projet de conservation", note Sumanth Bindumadhav.