Christophe ARCHAMBAULT / AFP
Paris, France | AFP | dimanche 11/09/2021 - Hôpitaux, maisons de retraite, soignants libéraux, aides à domicile, pompiers, ambulanciers: l'obligation vaccinale contre le Covid-19 entre en vigueur mercredi pour 2,7 millions de personnes, mais toutes n'ont pas encore reçu leur première dose.
Deux mois après l'ultimatum fixé par Emmanuel Macron, c'est l'heure de vérité pour le système de soins français. Combien de professionnels manqueront à l'appel, suspendus faute d'avoir respecté la règle?
Une minorité, certes, mais non négligeable, à en croire le dernier bilan de Santé publique France: au 7 septembre, un peu plus de 88% des soignants avaient reçu au moins une dose dans les hôpitaux et les Ehpad, près de 94% parmi les libéraux.
De simples estimations, à manier avec prudence, mais qui font foi faute de mieux. "Les établissements eux-mêmes n'ont pas de vue exhaustive sur le statut vaccinal de leurs agents", reconnaît Zaynab Riet, déléguée générale de la Fédération hospitalière de France (FHF).
Chacun tente donc d'éclaircir le brouillard par ses propres moyens. Les Hôpitaux de Paris (AP-HP) font ainsi état d'"au moins 83%" de personnels vaccinés au 8 septembre, un chiffre "très sous-estimé" selon l'institution.
Chez les pompiers, la Conférence nationale des services d'incendie et de secours (CNSIS) dénombrait 80% des effectifs "rentrés dans un schéma vaccinal" au 3 septembre.
Du côté des ambulanciers, la Fédération nationale de la mobilité sanitaire (FNMS) recensait fin août 87% de salariés vaccinés ou en passe de l'être. A contrario, "13% de la profession ne serait pas vaccinée et ne souhaiterait pas l'être", s'inquiète son président Thierry Schifano, qui dit avoir "tiré le signal d'alarme" auprès du ministère de la Santé.
Il n'est pas le seul: le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a mis en garde contre une possible "catastrophe sanitaire". Son syndicat appelle d'ailleurs à manifester mardi contre l'obligation vaccinale et les sanctions qui s'appliqueront dès le lendemain.
FO-Santé a pour sa part réclamé au gouvernement "un délai supplémentaire" afin de désamorcer "des situations ingérables" dans certains hôpitaux, où "des fermetures de services et de lits sont envisagées" en raison du nombre insuffisant d'agents vaccinés.
Même le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, a demandé jeudi d'"éviter au maximum que des gens soient sanctionnés", estimant que "l'apaisement ne ferait pas de mal".
"Nous ne tremblerons pas"
L'exécutif campe sur sa position. "Nous ne reculerons pas", a prévenu le Premier ministre, Jean Castex, fin août.
Et gare à ceux qui voudraient contourner la loi. "Le refus de se vacciner ne donnera lieu à aucun arrêt maladie", a averti le ministre de la Santé, Olivier Véran, promettant "des contrôles systématiques" pour "toute prescription jugée suspecte".
L'administration est au diapason: "Nous ne tremblerons pas s'il y a des suspensions à prononcer", affirme la directrice de l'agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France, Amélie Verdier, car "c'est notre crédibilité d'ensemble qui est engagée".
"On espère que ceux qui hésitent encore seront convaincus par la fermeté affichée", ajoute-t-elle, même si l'ARS assure ses arrières et "repère les établissements où il pourrait y avoir des difficultés pour pouvoir les aider", en mobilisant si besoin des "renforts".
Malgré ces précautions, l'esclandre est inévitable. "Certains vont instrumentaliser des cas particuliers pour essayer de faire croire qu'il y a des bataillons entiers de soignants réfractaires", prédit le président de la FHF, Frédéric Valletoux.
Tablant sur "quelques centaines" de suspensions dans les hôpitaux publics, il soutient la ligne intransigeante des pouvoirs publics, convaincu qu'"il n'y a de réponse que la fermeté".
"On ne peut pas dire tout l'été aux personnels qu'ils risquent d'être suspendus et ne pas le faire", explique Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa, fédération des Ehpad privés.
Reste-t-il un espace pour le dialogue ? La ministre déléguée à l'Autonomie, Brigitte Bourguignon, dit vouloir "continuer jusqu'au dernier moment à convaincre" dans son secteur, où elle "ne (se) résigne pas au fait que 5, 8 ou 10% des professionnels resteraient encore non vaccinés au 15 septembre".
"L'inquiétude est plus importante dans le secteur des personnes âgées" qu'à l'hôpital, souligne la Fehap, fédération du secteur privé associatif. Sa présidente, Marie-Sophie Desaulle, résume l'état d'esprit général: "On verra le jour dit les difficultés que ça pose et comment on peut y répondre".
Deux mois après l'ultimatum fixé par Emmanuel Macron, c'est l'heure de vérité pour le système de soins français. Combien de professionnels manqueront à l'appel, suspendus faute d'avoir respecté la règle?
Une minorité, certes, mais non négligeable, à en croire le dernier bilan de Santé publique France: au 7 septembre, un peu plus de 88% des soignants avaient reçu au moins une dose dans les hôpitaux et les Ehpad, près de 94% parmi les libéraux.
De simples estimations, à manier avec prudence, mais qui font foi faute de mieux. "Les établissements eux-mêmes n'ont pas de vue exhaustive sur le statut vaccinal de leurs agents", reconnaît Zaynab Riet, déléguée générale de la Fédération hospitalière de France (FHF).
Chacun tente donc d'éclaircir le brouillard par ses propres moyens. Les Hôpitaux de Paris (AP-HP) font ainsi état d'"au moins 83%" de personnels vaccinés au 8 septembre, un chiffre "très sous-estimé" selon l'institution.
Chez les pompiers, la Conférence nationale des services d'incendie et de secours (CNSIS) dénombrait 80% des effectifs "rentrés dans un schéma vaccinal" au 3 septembre.
Du côté des ambulanciers, la Fédération nationale de la mobilité sanitaire (FNMS) recensait fin août 87% de salariés vaccinés ou en passe de l'être. A contrario, "13% de la profession ne serait pas vaccinée et ne souhaiterait pas l'être", s'inquiète son président Thierry Schifano, qui dit avoir "tiré le signal d'alarme" auprès du ministère de la Santé.
Il n'est pas le seul: le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a mis en garde contre une possible "catastrophe sanitaire". Son syndicat appelle d'ailleurs à manifester mardi contre l'obligation vaccinale et les sanctions qui s'appliqueront dès le lendemain.
FO-Santé a pour sa part réclamé au gouvernement "un délai supplémentaire" afin de désamorcer "des situations ingérables" dans certains hôpitaux, où "des fermetures de services et de lits sont envisagées" en raison du nombre insuffisant d'agents vaccinés.
Même le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, a demandé jeudi d'"éviter au maximum que des gens soient sanctionnés", estimant que "l'apaisement ne ferait pas de mal".
"Nous ne tremblerons pas"
L'exécutif campe sur sa position. "Nous ne reculerons pas", a prévenu le Premier ministre, Jean Castex, fin août.
Et gare à ceux qui voudraient contourner la loi. "Le refus de se vacciner ne donnera lieu à aucun arrêt maladie", a averti le ministre de la Santé, Olivier Véran, promettant "des contrôles systématiques" pour "toute prescription jugée suspecte".
L'administration est au diapason: "Nous ne tremblerons pas s'il y a des suspensions à prononcer", affirme la directrice de l'agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France, Amélie Verdier, car "c'est notre crédibilité d'ensemble qui est engagée".
"On espère que ceux qui hésitent encore seront convaincus par la fermeté affichée", ajoute-t-elle, même si l'ARS assure ses arrières et "repère les établissements où il pourrait y avoir des difficultés pour pouvoir les aider", en mobilisant si besoin des "renforts".
Malgré ces précautions, l'esclandre est inévitable. "Certains vont instrumentaliser des cas particuliers pour essayer de faire croire qu'il y a des bataillons entiers de soignants réfractaires", prédit le président de la FHF, Frédéric Valletoux.
Tablant sur "quelques centaines" de suspensions dans les hôpitaux publics, il soutient la ligne intransigeante des pouvoirs publics, convaincu qu'"il n'y a de réponse que la fermeté".
"On ne peut pas dire tout l'été aux personnels qu'ils risquent d'être suspendus et ne pas le faire", explique Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa, fédération des Ehpad privés.
Reste-t-il un espace pour le dialogue ? La ministre déléguée à l'Autonomie, Brigitte Bourguignon, dit vouloir "continuer jusqu'au dernier moment à convaincre" dans son secteur, où elle "ne (se) résigne pas au fait que 5, 8 ou 10% des professionnels resteraient encore non vaccinés au 15 septembre".
"L'inquiétude est plus importante dans le secteur des personnes âgées" qu'à l'hôpital, souligne la Fehap, fédération du secteur privé associatif. Sa présidente, Marie-Sophie Desaulle, résume l'état d'esprit général: "On verra le jour dit les difficultés que ça pose et comment on peut y répondre".