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ONU : la présidence réagit à l'audition des indépendantistes


ONU : la présidence réagit à l'audition des indépendantistes
PAPEETE, jeudi 10 octobre 2013. Les interventions ce mardi devant la Quatrième commission de l’ONU, chargée des questions de décolonisation, des leaders indépendantistes Oscar Temaru et Richard Tuheiava ont fait réagir la présidence polynésienne qui campe dans sa position de la chaise vide.
Pas question d’aller faire entendre la voix autonomiste polynésienne au sein des locaux de l’ONU à New York. C’est, en résumé, la position du gouvernement actuel après les auditions mardi à New York d’Oscar Temaru et Richard Tuheiava. Une position qui n’a pas bougé d’un iota depuis le début. Niant à l’ONU une quelconque légitimité à agir sur son avenir, la nouvelle majorité ne veut pas aller porter son message directement devant les instances onusiennes.

La position anti-indépendantiste de l’actuelle majorité a été rappelée diplomatiquement à Auckland lors du 3e somment du Polynesian Leaders Group, puis au 44e Forum du Pacifique, le message est donc passé. Dans un communiqué de presse publié ce mercredi soir, la présidence polynésienne explique «Comme cela été rappelé dans la résolution votée par l’Assemblée de la Polynésie française et adressée au Président de la République, l’ONU n’a pas à s’ingérer dans les affaires intérieures de la Polynésie française, Pays qui se gouverne librement et de manière totalement autonome au sein de la République française. C’est à l’Etat et au Président de la République, et à lui seul d’organiser un tel référendum. Toute initiative onusienne sera fermement boycottée par la majorité actuelle». La majorité préfère donc jouer la carte de la chaise vide devant la Quatrième commission onusienne alors même que celle-ci doit rendre l’an prochain un rapport sur la situation de la Polynésie française qui sera exposé devant l’Assemblée générale de l’organisation mondiale.

Pourtant, toutes les voix peuvent s’exprimer à New York comme le précise
le texte de la résolution onusienne. «Sachant qu’il importe, pour que le Comité spécial comprenne mieux la situation politique des peuples des territoires et puisse s’acquitter efficacement de son mandat, au cas par cas, que cet organe soit tenu informé par les puissances administrantes et reçoive des renseignements d’autres sources appropriées, y compris des représentants des territoires, en ce qui concerne les vœux et aspirations des peuples des territoires». Une voie que les indépendantistes ont visiblement l’intention d’user chaque fois que l’occasion leur sera offerte.

Quant à la question des délais d’organisation d’un référendum d’autodétermination en Polynésie française, évidemment les avis des deux grands clans politiques –indépendantiste et autonomiste- divergent. Oscar Temaru et Richard Tuheiava sont allés, au nom de l’UPLD, plaider devant la Quatrième commission de l’ONU une demande de temporisation au motif que «toute proposition d’organiser un référendum immédiatement sur l’indépendance reviendrait à une tentative de contourner un processus authentique d’autodétermination», a averti Oscar Temaru. Le communiqué de la présidence polynésienne dit strictement l’inverse : «Le Gouvernement de la Polynésie française réitère sa volonté que soit organisé dans les meilleurs délais un tel référendum afin de clarifier durablement le choix des Polynésiens (…) Le développement de notre Pays et sa stabilité exigent que cette question soit clarifiée dans les meilleurs délais par l‘organisation d’un référendum ouvert à tous sans exclusions». Le gel du corps électoral va ainsi devenir, jusqu’à l’organisation de ce référendum d’autodétermination, une source de débats politiquement très aiguisés et un creuset de tensions. A moins qu’à force d’attendre comme c’est le cas pour la Nouvelle Calédonie -réinscrite sur la liste des territoires non autonomes en 1986, et dont le référendum d’autodétermination est prévu entre 2014 et 2018- on n’en vienne un jour à rechercher le consensus plutôt que l’affrontement.


Pour lire in extenso le communiqué de la présidence de la Polynésie française, CLIQUER ICI

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 10 Octobre 2013 à 14:49 | Lu 2668 fois