ONU : Tuvalu, Nauru et Salomon parrainent le projet de résolution pour la réinscription


PAPEETE, vendredi 8 février 2013 - Le Président Oscar Temaru a confirmé à la presse que les trois pays qui ont sponsorisé le projet de réinscription de la Polynésie française sur la liste onusienne des pays non autonomes à décoloniser sont les Tuvalu, l'état insulaire de Nauru et les îles Salomon, trois communautés du Pacifique sud. "Les pays les plus petits, les plus pauvres", a en outre commenté le chef du gouvernement de Polynésie française, en guise de confirmation. "Heureusement qu'il y a les pauvres, pour les pauvres".

Le Sénateur Richard Tuheiava rentre d'une mission d'une semaine à New-York, ce vendredi. Il est porteur du document L66 d'enregistrement du projet de résolution de Polynésie française, au Secrétariat de l'Assemblée des Nations Unies.

> Le projet de résolution déposé est à consulter (eng) ICI

Le président Oscar Temaru a annoncé jeudi matin aux conseillers de l'Assemblée, à la surprise générale, que le projet de résolution polynésien était finalement enregistré aux Nations Unies, mais il est d'abord resté mystérieux sur l'identité des "primary sponsors", les pays membres ayant parrainé le projet de résolution.

Dans la journée de jeudi, le Tahoera'a Huiraatira a mis en doute cette information, annonçant avoir eu un démenti de la part de "Paris". "Nous avons aussitôt appelé Paris pour nous informer, surtout pour avoir des précisions et si c’était la vérité ou non", a déclaré Gaston Flosse dans l'après-midi. "A l’instant nous venons de recevoir une réponse et ils ont cherché, il n’y a aucune inscription, en tout cas dans les travaux de l’assemblée générale. Alors, il se peut que ce soit peut-être en commission, mais même en commission il n’y a pas d’inscription à l’ordre du jour. Notre interlocuteur nous dit, même si c’était inscrit, et ça ne peut être à l’ordre du jour que d’une commission, et bien cette demande d’inscription a peu de chance d’aboutir. Voilà exactement ce que nous avons reçu comme information de Paris".

On nous informe, du côté de la présidence que ce projet de résolution intitulé "Proposed UNGA Resolution on French Polynesia", sera étudié à l'ONU, au cours d'une assemblée générale ad-hoc, entre le 22 février et la première semaine de mars prochains.

Le Pays se garde l’initiative de la date : "S’il n’y a aucune complication administrative, la décision nous revient. On estimera le moment opportun", nous indiquait la Présidence, jeudi.

La délégation polynésienne, conduite aux Nations Unies par le sénateur Tuheiava, vient d'effectuer une mission d'une semaine à New York pour rencontrer les pays membres de l'Assemblée générale non encore sensibilisés aux arguments de Maohi Nui. "On est dans la dernière ligne droite", nous assurait-on dans l'entourage du Président, jeudi.

Samedi 2 février déjà, en marge du congrès Tavini Huiraatira, motu Ovini-Vaitupa à Faa'a, Oscar Temaru avait annoncé à la presse sa certitude quant au résultat du vote de la résolution pour l’inscription de la Polynésie française sur la liste des pays non autonomes. "Il n’y a pas de grands et petits états au Nations Unies. Avec toutes les rencontres que nous avons effectuées, nous sommes sûrs aujourd’hui que si cette résolution est présentée à l’Assemblée générale, elle passera. Et je pense que la France le sait déjà. (...) Une fois notre pays réinscrit, il faudra mettre en place les futurs accords... de Ma'ohi Nui”, avait alors déclaré le président.


Les cinq points du projet de résolution

Le "Projet de résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la Polynésie française" enregistré jeudi matin à New York, au secrétariat de l’Assemblée générale de l’ONU, s’articule autour de cinq points. Extrait :


L’Assemblée générale,

(…)

1. Affirme le droit inaliénable du peuple Ma’ohi à l’autodétermination incluant l’indépendance en accord avec le chapitre XI de la Charte des Nations Unies et de la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale UN, Reconnait que la Polynésie française demeure un territoire non autonome selon les termes de la Charte, et Déclare que selon l’article 73 (5) de la Charte des Nations Unies, le Gouvernement de France a l’obligation, en tant que puissance administratrice du territoire, de transmettre l’information au sujet de la Polynésie française dans les conditions prévues par le Chapitre XI de la Charte ;

2. Décide de réinscrire la Polynésie française sur la liste des pays non autonomes des Nations Unies ;

3. Demande au Comité spécial chargé de l’application de la Déclaration sur l’accession à l’indépendance des territoires coloniaux et des peuples, d’instruire la question de la Polynésie française, lors de sa prochaine session et d’évoquer la question en Assemblée générale lors de sa 68ème session ;

4. Appelle le Gouvernement de France à intensifier son dialogue avec la Polynésie française, afin de parvenir à un Accord de coopération, à inclure entre-autres points un processus d’autodétermination équitable et efficace, ainsi que les termes et le calendrier pour la mise en place d’un acte d’autodétermination ; suivi d’un cadre de coopération afin de parvenir à un développement social et économique durable, comme prévu par les termes de l’Article 73 (4) de la Charte des Nations Unies ;

5. Demande au Secrétaire général de consulter les avis des états membres, organisations régionales, ainsi que de toute entité pertinente, et de rendre compte de la mise en œuvre de la présente résolution dans sa 68e session.



Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Vendredi 8 Février 2013 à 10:10 | Lu 3926 fois