ONU : Les hakaiki plaident pour l’émancipation des Marquises... par rapport à Tahiti


Tahiti, le 2 octobre 2023 - Dans une lettre ouverte adressée hier, au secrétaire général de l’ONU et au président Macron, les maires des Marquises plaident pour un référendum d’autodétermination des Marquises… par rapport à Tahiti.
 
À la veille de la réunion à New York de la 4e commission de l’ONU en charge des questions de décolonisation, les six maires de l’archipel des Marquises signent une lettre ouverte adressée à Antonio Guterres, secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, au président Emmanuel Macron et au président Brotherson, dans laquelle ils rappellent leur volonté d’une évolution statutaire qui leur soit propre et, au besoin, dissociée de celle voulue à Tahiti. “Le gouvernement polynésien nous annonce un développement économique sans précédent […]. Cette perspective inquiète grandement la population marquisienne, qui craint de perdre le contrôle sur le devenir de l’archipel.” Le courrier ne se prive pas de rappeler qu’aux dernières élections territoriales, le parti indépendantiste a recueilli à peine plus du quart (25,19%) des suffrages marquisiens.
 
Communauté d’archipel
 
“Notre archipel se distingue par une identité culturelle forte, souligne le courrier, en citant pour preuve le processus en cours et largement documenté visant un classement des Marquises au patrimoine de l’Unesco. Récemment, une nouvelle pierre a été apportée au débat institutionnel sur les Marquises. Le 28 novembre 2022 a été voté par les élus de la Codim un vœu tendant à faire évoluer leur communauté de communes en ‘communauté d’archipel’” (Codam). Un ensemble géographique qui “pourrait disposer de compétences administratives” dans les domaines du développement économique, touristique, rural et maritime, en matière d’aménagement, d’actions sanitaires et sociales, en matière de culture et de patrimoine, de protection de l’environnement, avec pouvoir d’adaptation des textes de l’État et du Pays. “On peut également envisager des ressources fiscales propres”, détaillent les hakaiki, une part réservée sur le Fonds intercommunal de péréquation (FIP). “La Codam pourrait en outre percevoir des dotations de l’État” au titre de collectivité territoriale.
 
Pour les hakaiki, dans cette perspective, l’évolution statutaire de l’archipel passe par la reconnaissance des Marquises comme une institution du Pays et le processus de décolonisation de la Polynésie française ne sera pas achevé tant que l’existence juridique des ‘aires culturelles spécifiques’ qui la composent ne sera pas reconnue par l’État et par le Pays d’outre-mer qu’est la Polynésie française. “Dans la perspective d’un référendum d’autodétermination, ce droit à la différenciation devra pouvoir s’exprimer au travers de l’organisation d’un scrutin propre à l’archipel.”

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 2 Octobre 2023 à 19:28 | Lu 3899 fois