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ONU : Edouard Fritch va "prendre contact avec l'organisation"


Edouard Fritch, mardi 7 octobre là Punaauia
Edouard Fritch, mardi 7 octobre là Punaauia
PAPEETE, 8 octobre 2014 - Edouard Fritch a déploré de n'avoir pas été invité, interrogé ce mardi au sujet du déplacement au siège de l'ONU à New York du leader indépendantiste Oscar Temaru. Le Président de la Polynésie française assure qu'il doit "dans les jours à venir faire le nécessaire pour prendre contact avec l'organisation".

Oscar Temaru, Moetai Brotherson et Richard Tuheiava, ont été auditionné mercredi 8 à New York par la Quatrième commission de l’ONU chargée des politiques spéciales et de la décolonisation, dans le cadre du processus engagé le 13 mai 2013, avec la réinscription de la Polynésie française sur la liste onusienne des territoires non autonomes.

Vous annonciez lors de votre élection à la Présidence que vous iriez porter "l'autre voix" à l'ONU. Oscar Temaru s'y est rendu lundi, seul.

Edouard Fritch : Pour l'heure nous ne sommes pas encore invités et je ne connais pas l'ordre du jour du déplacement d'Oscar Temaru. J'espère vivement en tous cas que, lors de la prochaine session, le gouvernement de la Polynésie puisse aussi faire ce déplacement afin de donner la situation exacte de ce pays. Aujourd'hui, l'organisation des Nations unies n'entend qu'une seule voix : celle d'Oscar Temaru. Nous avons tout intérêt, à mon avis, que la Polynésie, par le biais de ses représentants, aille faire une explication de texte sur ce qui se passe ici. Pour l'heure, aucune invitation ne nous est parvenue. Je dois dans les jours à venir faire le nécessaire pour prendre contact avec l'organisation.

Le processus engagé depuis la réinscription en mai 2013 de la collectivité de Polynésie française sur la liste des pays à décoloniser, comment le percevez-vous ?

Edouard Fritch : Nous nous sommes toujours inscrits contre la démarche initiée par M. Oscar Temaru. Nous savons très bien que son seul objectif est l'indépendance de notre pays. Nous nous inscrivons totalement à l'opposé de cela. Pour l'heure, le souci que j'ai est d'expliquer comment les institutions fonctionnent en Polynésie française. Il est important d'affirmer que nous sommes un pays autonome, financièrement autonome, que nous nous gouvernons démocratiquement avec une assemblée élue par le peuple, et un président élu par cette assemblée… Tous les ingrédients sont rassemblés en Polynésie française pour que la démocratie fonctionne dans de bonnes conditions. Je ne vois pas, ni ne ressens pour l'heure, le besoin d'évoluer vers une démarche indépendantiste ou de très large autonomie, à l'instar des îles Cook. Je suis plus préoccupé par un besoin de clarification, au niveau de l'organisation : nous devons aussi nous exprimer, dire que l'ère de la colonisation est révolue dans ce pays. Aujourd'hui nous décidons de manière autonome de notre développement et du devenir de cette population.

L'émancipation institutionnelle à l'œuvre chez notre voisin de Nouvelle Calédonie, n'est-elle pas souhaitable, selon vous, pour la Polynésie ?

Edouard Fritch : Il ne s'agit pas de dire si elle est souhaitable ou pas. Il me semble que la population polynésienne ne demande pas cela. Il suffit de regarder les résultats de nos élections en Polynésie française. La réalité des polynésiens n'a rien de semblable avec celle des kanaks. Ils sont, là-bas, très occupés par leur avenir institutionnel ce n'est pas le cas des polynésiens. Nous sommes ici préoccupés par le développement du pays : notre souci à tous c'est de donner du travail à nos enfants ; de faire décoller l'économie de ce pays ; de vivre en bonne harmonie avec les représentants de l'Etat en Polynésie française. Notre souci se cantonne à ce schéma. Nous ne sommes pas dans la même démarche que les calédoniens.

Rédigé par JPV le Mercredi 8 Octobre 2014 à 10:33 | Lu 1258 fois