Nul n'est censé ignorer les ZPR


Tahiti, le 20 décembre 2021 – Des associations de Punaauia qui se battent pour la préservation des espèces marines, regrettent un manque d’information concernant les zones de pêche réglementées (ZPR) de Punaauia. Elles œuvrent afin de sensibiliser la population aux règles spécifiques de pêche instaurées dans ces zones, en évitant de passer par la répression.
 
Préserver les espèces marines : c'est l'objectif premier que se sont fixé les associations de Punaauia et que la commune a d’ailleurs confirmé à la suite du “constat alarmant de l’appauvrissement des ressources du lagon”. La surexploitation des lagons fait des dégâts et empêche une gestion et une utilisation durables des ressources. De ce fait, chaque commune a fixé “des portions délimitées de l’espace maritime où des règles de pêche spécifiques sont instaurées”, ce sont les zones de pêche réglementées (ZPR), reconnaissables grâce à des balises jaunes. Les règles concernent : les techniques de pêche autorisées, les espèces concernées et les périodes définies. À la tête de ce dispositif se tient un comité de gestion chargé du suivi des ZPR qui participe à la surveillance, alerte des autorités en cas de dysfonctionnement, et sensibilise les différents acteurs aux règles d’exploitation.
 

Les ZPR de Punaauia: Tata'a (PK8), Nuuroa (PK14) et Atehi (PK18)PK
Les ZPR de Punaauia largement ignorées
 
La communication et l’information autour des zones de pêche sont insuffisantes. De trop nombreuses personnes qui ignorent encore l'existence même de ces ZPR à Punaauia, sans parler des restrictions qui s'y appliquent.
Dans la commune, trois grandes zones de pêche sont réglementées : celle de Tata’a (PK8) qui s’étend de l’hôtel Intercontinental à la marina Taina. Puis, celle de Nuuroa (PK14) qui part de la marina Taina et va jusqu'à l’hôtel Sofitel Ia Ora (ex-Méridien). Enfin, Atehi (PK18) qui se prolonge jusqu’à la plage publique de Mahana Park. Dans ces trois zones sont uniquement autorisées la pêche à la ligne (pêche à la traîne comprise) et la pêche sous-marine et seulement de jour. Dans la ZPR de Nuuroa (PK14), d'autres pratiques sont autorisées : la pêche au filet du ature, à condition d’un filet maillant d’une longueur maximale de 100 m et uniquement de 5h à 12h, et la pêche à l’épuisette de ina’a, ou alevins de gobidés.

Il est interdit de pêcher les langoustes dans les ZPR de Punaauia, au même titre que les cigales de mer, sous peine de sanctions sévères. La détention de toutes les espèces élevées dans un enclos ou parcs est prohibée. En dehors des ZPR, l’exploitation des espèces marines telles que le burgau, le troca, la langouste, le crabe vert, la cigale de mer, le bénitier et la squille est soumise à des conditions. Ne peuvent être pêchées : les femelles qui portent des œufs, les espèces n’étant pas en mesure de se reproduire (n’ayant pas encore atteint la taille minimum), et durant les périodes définies. Par exemple, la pêche à la langouste hors ZPR est interdite à partir du mois de février à avril. La période pour la cigale de mer et le crabe vert s’étend de novembre à janvier. Toute infraction de ces règles est passible de peines pouvant atteindre 6 mois d’emprisonnement et/ou 300 000 Fcfp d’amende, ainsi que la confiscation du matériel.
 

Le combat de plusieurs associations
 
Plusieurs associations dédiées à la protection des ressources marines de la commune comme Tamari’i no te moana, Tamari’i Pointe des pêcheurs et Pa’e pa’e no te ora s'activent pour une meilleure communication autour des ZPR. Elles espèrent faire avancer les choses en évitant de passer par la répression. 

C'est le cas notamment de Tamari’i no te moana de Punaauia qui souhaite communiquer sur l’importance des ZPR et lutte sans relâche pour faire respecter ces zones.
Avec une quinzaine de membres à son actif, elle veille à la surveillance de la ZPR Nuuroa. Elle n’a malheureusement pas assez d'effectifs, mais surtout d’influence, pour empêcher la violation des règles. Les principaux risques sont liés à la surexploitation des ressources marines, avec pour seul intérêt “l’appât du gain”. L’association a observé plusieurs infractions telles que la pêche de langoustes ou de cigales de mer, et cela en quantité exorbitante. Même les autorités sont dépourvues de moyens pour interpeller les contrevenants, comme le déplore Bastien Allegret, le président de l’association : “On a la chance que la police nous aide. Mais même eux sont limités dans leurs actions. Les ZPR ont été mise en place, mais les plongeurs qui violent la réglementation agissent beaucoup de nuit. En plus, ils savent que pour ne pas se faire attraper, ils ont juste à rester dans l’eau”.

Tamari’i no te moana insiste sur l'importance de la communication et l'information de la population. Déjà soutenue par des partenaires tels que la Direction de l’environnement (Diren), la Fédération des associations de protection de l’environnement (Fape) ou encore Pew, elle espère entreprendre des actions significatives et efficaces, notamment en s’alliant aux autres associations luttant pour la même cause.
 

Bastien Allegret, Président de l'association Tamari'i no te moana
Les enfants de l'océan
 
L’association Tamari’i no te moana, créée il y 1 an et demi, compte une quinzaine de membres. Outre les actions de sensibilisation auprès du grand public, elle souhaite également sensibiliser plus particulièrement la jeunesse en mettant en place des actions pédagogiques ciblées. Elle fait aussi régulièrement appel à des bénévoles pour des ramassages de déchets marins et terrestres.

L'association est présidée par Bastien Allegret qui est aussi professeur au sein du collège Henri Hiro. Il explique : “J’essaye de mêler projets environnementaux avec des projets artistiques”. Ainsi, une exposition d’œuvres sur le thème de l’environnement, était organisée la semaine dernière avec ses élèves de quatrième au restaurant Meherio de Papeete. Deux artistes se sont associés à l'initiative : Taina Perolini et Tehono Sandras. D'autre part, sa classe participe au Heiva Taure’a, qui a pour thème le rahui (restriction de l’usage d’une ressource naturelle).

"Tahitian trash", oeuvre de la classe de 4e du collège Henri Hiro

Rédigé par Meleana Che Fat le Lundi 20 Décembre 2021 à 17:46 | Lu 2071 fois