Nuisances : la DSP affine ses méthodes de lutte contre les runs sauvages


Les policiers en tenue sont désormais secondés par des collègues en civil qui relèvent les plaques des contrevenants et les convoquent pour "conduite inadaptée aux circonstances". (Archives)
PAPEETE, le 8 novembre 2016 - Les bruyantes courses nocturnes de deux-roues débridés continuent d'exaspérer, tous les week-ends, les riverains des grands axes de circulation desservant Papeete, Pirae et Arue. La police tente une nouvelle approche pour essayer d'endiguer le phénomène.


Plusieurs centaines de deux-roues, moteurs pétaradant, fonçant tel un essaim d'abeilles depuis le rond-point de Arue en direction du parking de la salle Aorai Tini Hau, à Pirae. C'était il y a deux semaines, dans la nuit de vendredi à samedi. Et avec lui son lot de nuisances sonores, sans parler des risques d'accidents pris par cette population jeune, le plus souvent "de vieux mineurs, ou de jeunes adultes" souligne avec malice le commandant Loïc Hanuse. Comme à chaque fois, le standard de la DSP a croulé cette nuit-là sous les appels de riverains excédés par le boucan produit par cet énième rassemblement sauvage d'engins le plus souvent trafiqués.

En complément des habituelles opérations ciblées, en uniforme et à bord de véhicules sérigraphiés, la police a décidé d'élargir sa capacité de réponse et se positionne désormais en civil, sur le terrain, pour relever discrètement les plaques des engins en infraction et mettre les contrevenants à l'amende.

L'engin immobilisé à la DSP

"A chaque fois que nous organisons des opérations de contrôles ciblés, la plupart de ces jeunes passent encore entre les mailles du filet et certains cherchent parfois à fuir à tout prix", constate le commandant de police, qui rappelle et insiste sur le fait qu'il est dans le même temps hors de question de se lancer dans des courses poursuites qui risqueraient de mettre à la fois la vie des policiers et des fuyards en danger. "Nous avons donc trouvé un nouvel angle d'attaque en plaçant aux abords des dispositifs quelqu'un en civil qui se charge de relever les plaques d'immatriculation des engins en infraction". Rien de plus ne se passe le soir-même. La douloureuse sera présentée la semaine suivante directement au commissariat de police.

"Nous convoquons le titulaire de la carte grise du deux-roues pour lui signaler quand nous l'avons constaté, une conduite inadaptée aux circonstances, sanctionnée d'une amende de 16 100 francs". Le contrevenant est prié de se présenter à l'hôtel de police avec son engin qui est ensuite passé au crible : défaut d'assurances, défaut d'équipement, pot trafiqué, pneus lisses, "si l'infraction justifie l'immobilisation nous conservons le scooter ou la moto dans nos murs jusqu'à ce que la personne se soit mis en règle".

50 immatriculations relevées, 33 convocations à la DSP

Et cela peut parfois coûter cher : "Les parents d'un jeune sont repartis avec quatre amendes à 16 100 francs la semaine dernière, ça peut faire réfléchir…" espère le policier. "On espère que cette méthode plus douce portera ses fruits, et que ce n'est pas parce qu'ils ne croisent pas de voiture sérigraphiée ou de policiers en tenue que les amateurs de runs se sentiront à l'abri".

Sur les deux derniers week-ends, 50 immatriculations ont été relevées pour ces conduites dangereuses, 33 pilotes de ces deux-roues ont été convoqués et 28 ont fait l'objet de contraventions.





Les runs sauvages provoque aussi un sentiment d'insécurité chez les automobilistes pris dans les courses.


Rédigé par Raphaël Pierre le Mardi 8 Novembre 2016 à 17:45 | Lu 9524 fois