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Nuihau Laurey cède la candidature à la présidence à Nicole Sanquer


Tahiti, le 18 avril 2023 – Changement de cap pour A Here ia Porinetia avant le second tour des élections territoriales. Pour donner un “nouvel élan” à sa campagne, la tête de liste Nuihau Laurey a proposé mardi soir en conseil politique que la présidente du parti, Nicole Sanquer, soit finalement la candidate à la présidence du Pays en cas de victoire des vert et blanc.
 
Vous venez de tenir votre conseil politique et vous avez annoncé une nouvelle à vos colistiers ?

On est en conseil politique. Il est vrai que les événements politique s'accélèrent, on a entendu parler d'une fusion entre le Tapura et le Amuitahira'a. On a entendu parler de tractations, de personnes qui vont être sur la liste. Je n'ai pas la teneur exacte de ce qui va se passer. Nous, on regarde les chiffres aussi : on est troisième à cette élection, le Tavini est en tête, le Tapura est deuxième. On a fait le choix de ne pas s'allier. On a effectivement eu des appels, on a discuté, mais on a pris une décision hier [Lundi, NDLR] en conseil politique de ne pas faire d'alliance. Les militants ont voté à l'unanimité pour rester seuls. (…) Par contre, de l'autre côté, ça discute beaucoup et il nous faut donner un nouveau souffle à cette campagne. (…) Il nous faut réagir. Pendant la campagne, il y a eu beaucoup de demandes de changement de gouvernance. On a fait des propositions de changement du système politique, du système économique, et la question m'a souvent été posée : ‘Pourquoi ce n'est pas une femme ?’ Le sujet est même venu sur les antennes avec la question de la femme en politique. C'est vrai qu'au premier tour, il y avait sept hommes qui se battaient, soit pour conserver le pouvoir, soit pour le retrouver à nouveau. Et donc c'est vrai que cette question de la gouvernance et de la place de la femme en politique s'est posée. À l'occasion de ce conseil, aujourd'hui, j'ai proposé un changement pour donner un nouvel élan en proposant la candidature à la présidence de Nicole Sanquer, la présidente de notre parti. Nous avons échangé et le conseil politique a adopté cette proposition que nous allons faire pour cette campagne avec enfin une femme candidate à la présidence de la Polynésie française.”
 
Qu'est-ce que ça change fondamentalement d'avoir Nuihau Laurey président ou Nicole Sanquer présidente ?

C'est toute la question qui s'est posée au premier tour. Parce que sur tous les plateaux, j'ai été questionné sur ça, et d'autres candidats l'ont aussi été. C'est vrai que nous faisons une proposition de rupture du système politique et du système institutionnel, mais il faut aussi entendre les demandes qui se sont faites pendant ce premier tour. La question du changement radical de gouvernance, d'une femme à la tête du Pays, parce que les pratiques du pouvoir masculines, on les connaît depuis longtemps, et de voir surtout sept hommes candidats à la présidence dans ce contexte-là, ça a fait réfléchir beaucoup de personnes. Nous, il nous faut aussi trouver un nouvel élan pour ce second tour et c'est la proposition que nous faisons. Le programme ne change pas, nous proposons un programme de rupture.”
 
N'est-ce pas aussi pour contrer les effets de communication autour des alliances qui viennent de se faire entre le Tapura et le Amuitahira'a ?

Si on était dans cette démarche, on aurait participé activement à toutes ces discussions pour obtenir des places. Ça n'a pas été du tout notre démarche. Mais c'est vrai que nous, on a posé la question de la présence de la femme et la question de la candidature à la présidence du Pays, elle a été tranchée. On est dans un deuxième tour. On a une situation de retard. Elle est objective, on est troisième. Donc il faut apporter un nouveau souffle, c'est ce que nous proposons.”
 
Pourquoi ne pas l'avoir fait dès le début et est-ce que ça ne paraît pas être de l'habillage aujourd'hui que vous êtes troisième, que vous avez moins de chances qu'avant les résultats du premier tour de vous faire élire ?

C'est-à-dire qu'au premier tour, on nous a dit : 'Ah, c'est dommage qu'il n'y ait pas une femme', et maintenant qu'on propose une femme, on nous dit : 'Ah c'est dommage que vous n'ayez pas proposé ça au premier tour'. Si demain, on propose à nouveau un homme, on va nous dire 'Ah c'était mieux avec une femme'. Il y a toujours des mécontents. Nous, on est contents d'avoir accédé au second tour, parce que beaucoup disaient que c'était impossible avec ce mode de scrutin. On y est au second tour. On propose une troisième voie. On propose en plus une rupture dans la gouvernance. Et dans ce contexte où on voit bien les tractations, quel est le but de ces tractations ? Rester au pouvoir le plus longtemps possible, retrouver le pouvoir, échanger des postes, avoir des portefeuilles ministériels... Nous, on veut montrer qu'on est là pour porter une troisième voie, quel que soit le candidat à la présidence. Et puisqu'une grande partie de la population souhaite une rupture de la gouvernance, nous la proposons.”
 
Justement, en parlant de ces négociations, vous avez rencontré hier Gaston Flosse. Sur quoi avez-vous échangé ? Est-ce que vous avez essayé vous aussi de négocier avec lui un rapprochement ? Et avez-vous discuté avec d'autres listes qui sont, ou non, au second tour ?

On a eu des appels du Tapura. On a eu des appels du Tahoera'a [du Amuitahiraa, NDLR]. On s'est rendu à l'invitation. On a discuté. Le président Flosse nous a indiqué qu'il était en discussion avec le Tapura. Nous, nous avons indiqué clairement que nous ne souhaitions pas d'alliance puisque depuis deux ans, nous contestons les mesures qui sont prises. L'essentiel de notre programme est en réaction à cette gouvernance-là, à ces choix politiques, à ces choix économiques. Donc venir dire entre les deux tours 'finalement on est d'accord', en termes de crédibilité politique, je ne sais pas s'il y a quelque chose de plus imbécile.”
 
Vous n'y croyez pas du tout à cette alliance ?

Je pense que beaucoup de gens se détournent de la politique du fait de ces pratiques. Après, on est en démocratie et le peuple va se prononcer le 30 avril. Les partis sont libres de faire leur choix de stratégie. On a fait le nôtre. Je ne sais pas ce que ça va donner. On verra le 30 avril prochain.”
 
Est-ce que vous avez discuté avec Teva Rohfritsch depuis le premier tour des élections territoriales ?

Nous savons qu'ils ont tenu un conseil politique hier et des personnes ont pris des contacts dans notre équipe. Ils nous ont indiqué qu'ils faisaient une conférence de presse pour indiquer leur soutien, mais je n'ai pas plus d'informations.”
 
Vous n'avez pas eu Teva Rohfritsch ?

Non, pas depuis dimanche.”
 
Avait-il été question d'un soutien si ça ne passait pas avant ce premier tour, ou en tout cas d'un rapprochement ou d'une proximité entre vous ?

Oui, nous avons évoqué ce point-là lorsque nous étions sur l'enregistrement à TNTV. Maintenant, c'est leur décision. On l'attend. On verra ce qu'il en est.”
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun et Antoine Samoyeau le Mardi 18 Avril 2023 à 20:26 | Lu 5836 fois