
“On a été intoxiqués, empoisonnés et irradiés pendant les essais nucléaires atmosphériques.” Daniel Olanda ancien employé de la Direction des constructions et armes navales (DCAN)
Tahiti, le 7 avril 2025 – Daniel Olanda a travaillé toute sa vie à entretenir et réparer les bateaux de la force Alpha qui revenaient de Moruroa, pour la Direction des constructions et armes navales (DCAN). Aujourd’hui, il “accuse Naval Groupe de nous avoir machiavéliquement versés sur la Marine nationale pour ne pas indemniser les personnels locaux”, contrairement aux personnels venus de France. “Toute la Polynésie a servi de cobaye”, dit-il, et “c'est l'État qui doit payer car c'est l'État qui nous a empoisonnés”. Il demande réparation et à percevoir des indemnités comme ses anciens collègues de travail.
“On a été intoxiqués, empoisonnés et irradiés pendant les essais nucléaires atmosphériques.” C’est le cri de Daniel Olanda, un ancien employé de la Direction des constructions et armes navales (DCAN), où il a débuté sa carrière en juillet 1971.
Ce dernier rappelle que la DCAN était “la seule à intervenir (…) sur tous les travaux induits pour l'entretien et les réparations des navires (…) et sur tous les bateaux de la force Alpha qui venaient de Moruroa, Tematangi et Fangataufa, après les tirs pour se refaire une santé”.
Il précise que c’était pendant les tirs aériens, “donc les coques et compagnies ont tous été touchées par les nuages qui circulaient tout autour, comme nous on l’a été. On a tous servi de cobayes, nous peut-être un plus que les autres, parce qu’on travaillait là-bas. Mais toute la Polynésie a servi de cobaye”.
“On a été intoxiqués, empoisonnés et irradiés pendant les essais nucléaires atmosphériques.” C’est le cri de Daniel Olanda, un ancien employé de la Direction des constructions et armes navales (DCAN), où il a débuté sa carrière en juillet 1971.
Ce dernier rappelle que la DCAN était “la seule à intervenir (…) sur tous les travaux induits pour l'entretien et les réparations des navires (…) et sur tous les bateaux de la force Alpha qui venaient de Moruroa, Tematangi et Fangataufa, après les tirs pour se refaire une santé”.
Il précise que c’était pendant les tirs aériens, “donc les coques et compagnies ont tous été touchées par les nuages qui circulaient tout autour, comme nous on l’a été. On a tous servi de cobayes, nous peut-être un plus que les autres, parce qu’on travaillait là-bas. Mais toute la Polynésie a servi de cobaye”.
“Un gros Kärcher” pour nettoyer et “désinfecter”
“Un gros Kärcher”, c’est “le seul truc” que les employés de la DCAN avaient pour nettoyer et “soi-disant désinfecter et retirer les irradiations sur les coques des bateaux”, se rappelle Daniel Olanda.
Tous se “doutaient” de quelque chose mais c’était leur gagne-pain et surtout “on n’avait aucune connaissance des risques auxquels on était confrontés”. Il ajoute qu’ils n’avaient aucune protection, pas de dosimètre, les ateliers étaient recouverts de “tôles translucides” et les températures atteignaient même 43 voire 45 degrés Celsius “sans ventilation et on inhalait tout cela”.
Daniel Olanda est “convaincu et persuadé” que son épouse, décédée le 3 août dernier d’un cancer de l'utérus, est tombée malade “sur son lieu de travail” comme “beaucoup de Polynésiens”.
En effet, sa veuve travaillait dans le magasin de la DCAN et juste devant sa porte et ses fenêtres, Daniel et ses collègues nettoyaient le matériel arrivé tout droit de Moruroa. “Les embruns rentraient dans leur bureau et des fois, ils étaient obligés d’ouvrir les louvres car la climatisation tombait souvent en panne. Je suis persuadé que c'est là qu'elle a attrapé son cancer.”
Tous se “doutaient” de quelque chose mais c’était leur gagne-pain et surtout “on n’avait aucune connaissance des risques auxquels on était confrontés”. Il ajoute qu’ils n’avaient aucune protection, pas de dosimètre, les ateliers étaient recouverts de “tôles translucides” et les températures atteignaient même 43 voire 45 degrés Celsius “sans ventilation et on inhalait tout cela”.
Daniel Olanda est “convaincu et persuadé” que son épouse, décédée le 3 août dernier d’un cancer de l'utérus, est tombée malade “sur son lieu de travail” comme “beaucoup de Polynésiens”.
En effet, sa veuve travaillait dans le magasin de la DCAN et juste devant sa porte et ses fenêtres, Daniel et ses collègues nettoyaient le matériel arrivé tout droit de Moruroa. “Les embruns rentraient dans leur bureau et des fois, ils étaient obligés d’ouvrir les louvres car la climatisation tombait souvent en panne. Je suis persuadé que c'est là qu'elle a attrapé son cancer.”
“Ils nous ont bien usés et nous ont bien rendu malades”
Daniel Olanda ne mâche pas ses mots : “Tout le personnel local a été traité comme de la merde”, dit-il. C’est de façon ironique qu’il dit remercier le politique ainsi que Naval Groupe “de nous avoir oubliés alors qu'on doit être indemnisés plus que les autres”.
En effet, ses anciens amis de travail venus à l’époque de métropole lui ont fait part qu’ils ont été indemnisés depuis 1993 pour “empoisonnement, intoxication et irradiation” à hauteur de 220 000 francs par année de présence au Fenua, contrairement aux Polynésiens qui y ont travaillé jusqu’à leur retraite. “Peut-être qu’on ne nous considère pas comme des Français. Une fois qu’on s’est servi de nous comme du bétail pour faire les cobayes, on n’est plus des Français.”
Daniel Olanda explique que ses anciens collègues ont été indemnisés grâce au procès de la CFDT contre Naval Groupe dans les années 1990. “Comme ils ont vu qu'il y avait pas mal de personnel local à indemniser, machiavéliquement, ils nous ont reversés sur la Marine nationale pour ne pas supporter les frais. Mais c'est vrai qu'après 30 ou 35 ans de service, on ne sert plus à rien. Ils nous ont bien usés et nous ont bien rendu malades (…) et on a eu peau de banane, voilà vive la France !”
Et pourtant il affirme qu’à ce jour, ils sont à peine une centaine d’anciens travailleurs à être toujours en vie. “Ce n’est rien du tout pour Naval Groupe qui ne sait plus où mettre son argent et qui traite les marchés par milliards d'euros.”
En effet, ses anciens amis de travail venus à l’époque de métropole lui ont fait part qu’ils ont été indemnisés depuis 1993 pour “empoisonnement, intoxication et irradiation” à hauteur de 220 000 francs par année de présence au Fenua, contrairement aux Polynésiens qui y ont travaillé jusqu’à leur retraite. “Peut-être qu’on ne nous considère pas comme des Français. Une fois qu’on s’est servi de nous comme du bétail pour faire les cobayes, on n’est plus des Français.”
Daniel Olanda explique que ses anciens collègues ont été indemnisés grâce au procès de la CFDT contre Naval Groupe dans les années 1990. “Comme ils ont vu qu'il y avait pas mal de personnel local à indemniser, machiavéliquement, ils nous ont reversés sur la Marine nationale pour ne pas supporter les frais. Mais c'est vrai qu'après 30 ou 35 ans de service, on ne sert plus à rien. Ils nous ont bien usés et nous ont bien rendu malades (…) et on a eu peau de banane, voilà vive la France !”
Et pourtant il affirme qu’à ce jour, ils sont à peine une centaine d’anciens travailleurs à être toujours en vie. “Ce n’est rien du tout pour Naval Groupe qui ne sait plus où mettre son argent et qui traite les marchés par milliards d'euros.”
“Je suis triste et déçu d’être français”
Daniel Olanda demande à ce que toutes les personnes ayant travaillé pendant et jusqu'à à la fin des essais nucléaires “soient indemnisées”. Il tire à boulets rouges sur le Civen : “Ce sont des enfoirés comme disait Coluche, parce qu'ils ne prennent pas en compte les réflexions que tu fais. On dirait que l'argent sort de leur poche. C'est l'État qui doit payer car c'est l'État qui nous a empoisonnés.”
Pour ce qui est de son propre dossier, il assure que les députés et sénateurs du Fenua sont tous au courant de sa situation, “mais il n’y en a pas beaucoup qui bougent (…). Je suis triste et déçu d’être français car on n’a pas été traités comme les autres. C’est une attitude colonialiste.”
Après être resté plus de trois ans sans faire d’examens médicaux, Daniel Olanda a découvert en décembre dernier qu’il avait un problème au niveau du rein. “Ce problème, il vient peut-être des liquides qu’on a manipulés, comme le trichloréthylène pour dissoudre le vernis d’imprégnation des moteurs électriques et le pyralène qui a été interdit après. On travaillait sans gants.”
Et il y a quelques années, on lui a également retiré “sur le côté droit, un petit truc un peu moins gros qu'une balle de ping-pong” car on lui avait détecté un début de cancer de la peau. Mais Daniel Olanda ne se plaint pas car il considère que “ma femme a payé plus cher moi, elle est décédée”.
“Je ne sais plus à quelle porte frapper” pour que la DCAN, aujourd’hui le Naval Groupe, indemnise les travailleurs polynésiens. Effectivement, même des années après, Daniel Olanda ne lâche rien et n’a pas l’intention de le faire.
Il cherche toujours des personnes qui pourraient l’aider à porter cette affaire d’indemnisation au tribunal. “Je ne pense pas qu’on perdra”, ajoute-t-il optimiste. “Si on se base sur ce qu’ils ont fait pour les ouvriers métropolitains, ils sont obligés de nous indemniser.”
Pour ce qui est de son propre dossier, il assure que les députés et sénateurs du Fenua sont tous au courant de sa situation, “mais il n’y en a pas beaucoup qui bougent (…). Je suis triste et déçu d’être français car on n’a pas été traités comme les autres. C’est une attitude colonialiste.”
Après être resté plus de trois ans sans faire d’examens médicaux, Daniel Olanda a découvert en décembre dernier qu’il avait un problème au niveau du rein. “Ce problème, il vient peut-être des liquides qu’on a manipulés, comme le trichloréthylène pour dissoudre le vernis d’imprégnation des moteurs électriques et le pyralène qui a été interdit après. On travaillait sans gants.”
Et il y a quelques années, on lui a également retiré “sur le côté droit, un petit truc un peu moins gros qu'une balle de ping-pong” car on lui avait détecté un début de cancer de la peau. Mais Daniel Olanda ne se plaint pas car il considère que “ma femme a payé plus cher moi, elle est décédée”.
“Je ne sais plus à quelle porte frapper” pour que la DCAN, aujourd’hui le Naval Groupe, indemnise les travailleurs polynésiens. Effectivement, même des années après, Daniel Olanda ne lâche rien et n’a pas l’intention de le faire.
Il cherche toujours des personnes qui pourraient l’aider à porter cette affaire d’indemnisation au tribunal. “Je ne pense pas qu’on perdra”, ajoute-t-il optimiste. “Si on se base sur ce qu’ils ont fait pour les ouvriers métropolitains, ils sont obligés de nous indemniser.”