Sur l'atoll de Moruroa les installations militaires sont toujours en place et une surveillance du site (à la fois pour mesurer le risque radiologique et géomécanique) est assurée par l'armée depuis la fin des essais nucléaires. (Photo AFP/Greg Boissy)
PAPEETE, le 1er décembre 2014. Sitôt adopté par les élus de l'assemblée territoriale, le texte de la résolution sur les conséquences écologiques des essais nucléaires menés en Polynésie française, va servir à étoffer le dossier onusien polynésien. Un coup de pouce inespéré pour les élus indépendantistes.
Sitôt adopté, le texte de la résolution a été adressé aux pays sponsors de la Polynésie française au sein de l'Organisation des Nations Unies (Onu). "Cette résolution commence à faire parler d'elle dans les ambassades onusiennes. Il y a des demandes d'explications de la part de certains pays" explique Richard Tuheiava. Le représentant UPLD, ex-sénateur devrait se rendre à nouveau vers New York en fin de semaine, pour les travaux de la 69e session de l'assemblée générale de l'ONU.
Ce vendredi 5 décembre à New York, les rapports de la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation seront examinés par l'assemblée générale de l'ONU. Richard Tuheiava, régulièrement auditionné par les instances onusiennes a eu en mains le rapport rédigé sur la Polynésie française. Un texte qui manque, selon lui, de fond. "Le rapport sur la Polynésie française est très insuffisant. Il n'est que factuel et manque d'analyses. Le point de vue de l'ONU sur les essais nucléaires est un peu trop stérilisé à mon goût". Aussi, cette résolution polynésienne adoptée à la majorité des représentants de l'assemblée territoriale, vient éclairer les pays membres de l'ONU, d'un point de vue nouveau et majoritaire, réclamant la reconnaissance du fait nucléaire et de leurs effets irréversibles.
"Nous pensons que le Tahoeraa n'avait pas idée du calendrier des réunions de l'ONU et ignorait qu'un rendez-vous avec l'assemblée générale était programmé pour la fin de cette semaine. Cela dit, la résolution va surtout nous servir pour les travaux qui seront menés à l'ONU au cours de l'année prochaine auprès du comité de décolonisation" explique Richard Tuheiava. Dès février 2015, les élus indépendantistes demanderont, comme l'année prochaine, à être auditionnés par le comité spécial et ils se rendront au séminaire régional de la décolonisation qui se tiendra au Nicaragua.
Depuis la réinscription de la Polynésie française sur la liste des pays non autonomes à décoloniser en mai 2013, les indépendantistes restent pour l'instant les seuls à intervenir auprès de l'organisation internationale. Pourtant, le 12 septembre dernier, au moment de son élection à la présidence du Pays, Edouard Fritch déclarait : "Dans le respect de la démocratie, je ferai également entendre, auprès des instances de l’ONU, la voix de tous les Polynésiens de sensibilité autonomiste. Je leur dirai que le son de cloche déployé par le Tavini ne reflète pas la réalité et les convictions d’une grande partie de notre population. Devant l’Onu, il y aura désormais, un autre son de cloche que celui de Monsieur Temaru".
Edouard Fritch réitérait son intérêt à défendre une autre voix, au début du mois d'octobre dernier, alors qu'Oscar Temaru, Richard Tueihava et Moetai Brotherson étaient intervenus au sein du comité de décolonisation. "J'espère vivement que lors de la prochaine session, le gouvernement de la Polynésie puisse aussi faire ce déplacement afin de donner la situation exacte de ce pays. Nous avons tout intérêt, à mon avis, que la Polynésie, par le biais de ses représentants, aille faire une explication de texte sur ce qui se passe ici". Pourtant, selon une source proche du président polynésien, aucun contact n'a été recherché depuis à l'Onu. "On verra ça en mars prochain" nous répond-t-on.
Sitôt adopté, le texte de la résolution a été adressé aux pays sponsors de la Polynésie française au sein de l'Organisation des Nations Unies (Onu). "Cette résolution commence à faire parler d'elle dans les ambassades onusiennes. Il y a des demandes d'explications de la part de certains pays" explique Richard Tuheiava. Le représentant UPLD, ex-sénateur devrait se rendre à nouveau vers New York en fin de semaine, pour les travaux de la 69e session de l'assemblée générale de l'ONU.
Ce vendredi 5 décembre à New York, les rapports de la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation seront examinés par l'assemblée générale de l'ONU. Richard Tuheiava, régulièrement auditionné par les instances onusiennes a eu en mains le rapport rédigé sur la Polynésie française. Un texte qui manque, selon lui, de fond. "Le rapport sur la Polynésie française est très insuffisant. Il n'est que factuel et manque d'analyses. Le point de vue de l'ONU sur les essais nucléaires est un peu trop stérilisé à mon goût". Aussi, cette résolution polynésienne adoptée à la majorité des représentants de l'assemblée territoriale, vient éclairer les pays membres de l'ONU, d'un point de vue nouveau et majoritaire, réclamant la reconnaissance du fait nucléaire et de leurs effets irréversibles.
"Nous pensons que le Tahoeraa n'avait pas idée du calendrier des réunions de l'ONU et ignorait qu'un rendez-vous avec l'assemblée générale était programmé pour la fin de cette semaine. Cela dit, la résolution va surtout nous servir pour les travaux qui seront menés à l'ONU au cours de l'année prochaine auprès du comité de décolonisation" explique Richard Tuheiava. Dès février 2015, les élus indépendantistes demanderont, comme l'année prochaine, à être auditionnés par le comité spécial et ils se rendront au séminaire régional de la décolonisation qui se tiendra au Nicaragua.
Depuis la réinscription de la Polynésie française sur la liste des pays non autonomes à décoloniser en mai 2013, les indépendantistes restent pour l'instant les seuls à intervenir auprès de l'organisation internationale. Pourtant, le 12 septembre dernier, au moment de son élection à la présidence du Pays, Edouard Fritch déclarait : "Dans le respect de la démocratie, je ferai également entendre, auprès des instances de l’ONU, la voix de tous les Polynésiens de sensibilité autonomiste. Je leur dirai que le son de cloche déployé par le Tavini ne reflète pas la réalité et les convictions d’une grande partie de notre population. Devant l’Onu, il y aura désormais, un autre son de cloche que celui de Monsieur Temaru".
Edouard Fritch réitérait son intérêt à défendre une autre voix, au début du mois d'octobre dernier, alors qu'Oscar Temaru, Richard Tueihava et Moetai Brotherson étaient intervenus au sein du comité de décolonisation. "J'espère vivement que lors de la prochaine session, le gouvernement de la Polynésie puisse aussi faire ce déplacement afin de donner la situation exacte de ce pays. Nous avons tout intérêt, à mon avis, que la Polynésie, par le biais de ses représentants, aille faire une explication de texte sur ce qui se passe ici". Pourtant, selon une source proche du président polynésien, aucun contact n'a été recherché depuis à l'Onu. "On verra ça en mars prochain" nous répond-t-on.
Teura Iriti, sénatrice de Polynésie française.
Des échos jusqu'au sénat
Alors même que la résolution n'était pas encore discutée par les représentants polynésiens, au Sénat jeudi dernier, Teura Iriti posait une question au gouvernement français mêlant financement au RSPF et rente nucléaire. "La résolution examinée à Papeete tend à refuser que la rente nucléaire compensant la dérégulation économique causée par l’implantation, puis par le départ, du centre d’expérimentation nucléaire, soit versée pour «solde de tout compte» (…) Quelles garanties le gouvernement peut-il donner aux Polynésiens pour que soit, enfin, reconnu et indemnisé l’un des pires préjudices écologiques infligé à l’environnement depuis la naissance de l’humanité ?" plaidait la sénatrice polynésienne depuis les rangs du groupe UDI.
Dans sa réponse, la ministre des outre-mer, George Pau-Langevin rappelait "les aides spécifiques mises en place précisément pour réparer ce préjudice (…) Depuis 2002, plus de 1,7 milliard d’euros, soit 204 milliards de francs pacifiques, ont déjà été versés". La ministre évoque ensuite un mauvais timing de cette requête alors que l'Etat travaille au rétablissement de sa participation financière au régime de solidarité polynésien.
Alors même que la résolution n'était pas encore discutée par les représentants polynésiens, au Sénat jeudi dernier, Teura Iriti posait une question au gouvernement français mêlant financement au RSPF et rente nucléaire. "La résolution examinée à Papeete tend à refuser que la rente nucléaire compensant la dérégulation économique causée par l’implantation, puis par le départ, du centre d’expérimentation nucléaire, soit versée pour «solde de tout compte» (…) Quelles garanties le gouvernement peut-il donner aux Polynésiens pour que soit, enfin, reconnu et indemnisé l’un des pires préjudices écologiques infligé à l’environnement depuis la naissance de l’humanité ?" plaidait la sénatrice polynésienne depuis les rangs du groupe UDI.
Dans sa réponse, la ministre des outre-mer, George Pau-Langevin rappelait "les aides spécifiques mises en place précisément pour réparer ce préjudice (…) Depuis 2002, plus de 1,7 milliard d’euros, soit 204 milliards de francs pacifiques, ont déjà été versés". La ministre évoque ensuite un mauvais timing de cette requête alors que l'Etat travaille au rétablissement de sa participation financière au régime de solidarité polynésien.
Le haussaire reste dubitatif
Interrogé dimanche soir sur le plateau de Polynésie 1re, le Haut commissaire a réitéré son analyse. Pour Lionel Beffre, "cette résolution tombe un peu comme un cheveu sur la soupe la soupe". Il ajoute que rien dans le programme politique du parti majoritaire ne laissait entrevoir des demandes quant au nucléaire. "Je me suis aperçu, quand j'ai lu la page 10 sur l'environnement, qu'il n'était jamais question de nucléaire. Donc je ne comprends pas pourquoi tout d'un coup le sujet est posé de cette manière".
Il s'interroge toujours sur l'assise légale de ce texte adopté par l'assemblée polynésienne. L'article 133 de la loi organique sur le statut de la Polynésie française stipule que "dans les matières de la compétence de l'Etat, l'assemblée de la Polynésie française ou sa commission permanente peut adopter des résolutions tendant soit à étendre des lois ou règlements en vigueur en métropole, soit à abroger, modifier ou compléter les dispositions législatives ou réglementaires applicables en Polynésie française". Effectivement, il ne s'agit pas, en la matière, de modifier des dispositions législatives ou réglementaires.
Interrogé dimanche soir sur le plateau de Polynésie 1re, le Haut commissaire a réitéré son analyse. Pour Lionel Beffre, "cette résolution tombe un peu comme un cheveu sur la soupe la soupe". Il ajoute que rien dans le programme politique du parti majoritaire ne laissait entrevoir des demandes quant au nucléaire. "Je me suis aperçu, quand j'ai lu la page 10 sur l'environnement, qu'il n'était jamais question de nucléaire. Donc je ne comprends pas pourquoi tout d'un coup le sujet est posé de cette manière".
Il s'interroge toujours sur l'assise légale de ce texte adopté par l'assemblée polynésienne. L'article 133 de la loi organique sur le statut de la Polynésie française stipule que "dans les matières de la compétence de l'Etat, l'assemblée de la Polynésie française ou sa commission permanente peut adopter des résolutions tendant soit à étendre des lois ou règlements en vigueur en métropole, soit à abroger, modifier ou compléter les dispositions législatives ou réglementaires applicables en Polynésie française". Effectivement, il ne s'agit pas, en la matière, de modifier des dispositions législatives ou réglementaires.