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Nucléaire : “Nous rappellerons au président Macron ces décisions du Conseil d’Etat”


Tahiti, le 4 février 2020 - Le Père Uebe Carlson, président par intérim de l’association 193 pour la préservation de la mémoire historique et l’indemnisation des victimes des 193 essais nucléaires français en Polynésie, s'exprime à propos des deux arrêts pris par le Conseil d'Etat concernant l'application de la loi Morin.

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Quelles actions prévoyez-vous à 193, après ces deux arrêts du Conseil d’Etat ?
“C’est une très bonne nouvelle pour toutes les familles qui ont déposé une demande avant l’amendement Lana Tetuanui. C’est vraiment un encouragement aussi pour toutes les familles à se manifester pour que cet amendement soit supprimé ou suspendu en attendant des études sérieuses de la part de l’Etat à propos de la réalité des maladies qui touchent notre pays. C’est une décision qui réjouit et qui devrait encourager toutes les familles en souffrance à se manifester.”
 
Quel regard avez-vous sur les chiffres de l’indemnisation en 2019 ?
“Très pessimiste. On voit bien aussi que le nombre de dossiers a considérablement baissé. Et ne tournons pas autour du pot : l’amendement Tetuanui a découragé beaucoup de familles polynésiennes à entamer une demande d’indemnisation. Et ce alors que tous les paramètres de la loi d’indemnisation sont présents dans l’histoire des uns et des autres. A notre avis, le Civen fonctionne d’une manière très arbitraire. On ne compte plus les dossiers acceptés sans auditions, ni ceux rejetés sans fondement, sans explication. D’une certaine manière, ce comité est dans l’illégalité lorsque son président déclare que le seuil d’un millisievert n’est pas un frein. Sur quelle base comment sont-ils en mesure d’accepter un dossier à 0,6 mSv et d’en rejeter un autre à 0,9 mSv ? Ce comité ne permet pas d’avoir une vision juste des choses. Cela cause du trouble au sein des familles en souffrance.”
 
Comptez-vous saisir le président Macron à ce sujet lors de sa visite en Polynésie ?
“A l’association 193, et j’espère que nous ne serons pas seuls, nous n’allons pas laisser cette visite se dérouler d’une manière tranquille. Et ce d’autant plus qu’il vient ici pour un sommet pour la planète. Ici, nous avons un lieu des plus pollués de la République française. Et c’est ici que l’on vient parler de la santé de la planète ? Nous rappellerons au président Macron ces décisions du Conseil d’Etat. Leur portée nous semble propre à rappeler au président de la République que de sérieuses études doivent être conduites sur la situation sanitaire de la Polynésie après les essais nucléaires. Nous lui rappellerons aussi l’existence de ce référendum local, signé par plus de 55 000 pétitionnaires pour que soit mis en place ici un véritable questionnement sur les conséquences du nucléaire, dans lequel l’Etat doit prendre toutes ses responsabilités.”
 
Qu’attendez-vous sur la question de l’indemnisation des victimes des essais nucléaires ?
“Certains proposent de faire une autre loi. Nous pensons que c’est du temps perdu. On pense que la loi Morin, avant l’amendement Tetuanui, est une loi qui permet d’être indemnisé et de tenir compte des éléments nécessaires à une juste réparation. Encore une fois, concernant le renversement de la présomption de causalité, nous doutons des interprétations du Civen et de l’Etat par rapport à ce qui s’est réellement passé. Pour nous cette loi pourrait fonctionner sans les verrous tels que l’amendement Tetuanui, et si elle permettait de tenir compte des dommages collatéraux et notamment transgénérationnels. (…) Sur la question des maladies, Emmanuel Macron nous avait répondu au début de son mandat en affirmant qu’il était sensible à cette question des maladies transgénérationnelles. Où en est-on de cette sensibilité après quelques années ? La date butoir du 31 décembre 1998 n’est pas sérieuse, partant de là dans la loi Morin.
Enfin, comme le demande de nombreuses associations aujourd’hui, nous attendons un réel pardon de la part de l’Etat. Un pardon qui s’accompagne de réparations justes et normales. Nous ne sommes pas en train que mendier. C’est une question de justice.”

Rédigé par Propos recueillis par Jean-Pierre Viatge le Mardi 4 Février 2020 à 18:43 | Lu 3305 fois