Nouvelles sanctions américaines après la réélection de Maduro


Caracas, Venezuela | AFP | mardi 21/05/2018 - Les Etats-Unis ont infligé lundi de nouvelles sanctions financières au Venezuela, au lendemain de la réélection contestée du président socialiste Nicolas Maduro jusqu'en 2025 qui renforce l'isolement international de ce pays en crise. 

Le président américain Donald Trump a signé un décret, dont la portée était dans un premier temps difficile à évaluer, visant à réduire la capacité du régime de Caracas à vendre ses actifs. Son vice-président, Mike Pence, a qualifié le scrutin de "farce".
En revanche, le président russe Vladimir Poutine a félicité M. Maduro, lui souhaitant "une bonne santé et le succès dans la résolution des défis sociaux et économiques auxquels fait face le pays". Cuba a également applaudi la "large victoire" du dirigeant vénézuélien, l'assurant de son soutien.
Dans une série de tweets, M. Maduro a remercié "Vladimir Poutine pour sa reconnaissance de notre triomphe", "le Président de la République de Chine Xi Jinping pour son message d'appréciation de la grande victoire" ainsi que les dirigeants de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, et du Nicaragua, Daniel Ortega.
Lors d'un scrutin critiqué par la communauté internationale et boycotté par l'opposition qui dénonçait une "supercherie", M. Maduro, 55 ans, a obtenu 68% des voix contre 21,2% à son principal adversaire Henri Falcon, 56 ans. Ce dernier a dénoncé un scrutin sans "légitimité" et réclamé une nouvelle élection avant la fin de l'année.
L'abstention de 52% est la plus élevée depuis les débuts de la démocratie dans le pays en 1958. A la dernière élection présidentielle en 2013, où Maduro s'était mesuré à l'opposition réunie autour d'Henrique Capriles, le taux de participation avait été de 79,69%.
M. Falcon a accusé le gouvernement d'avoir fait pression sur les électeurs, notamment avec les "points rouges", des tentes installées par le PSUV (au pouvoir) où les électeurs venaient s'inscrire après avoir voté dimanche dans l'espoir de recevoir une prime promise par le président. L'horaire tardif de fermeture des bureaux de vote a également été dénoncé.
L'autre adversaire de M. Maduro, le pasteur évangélique Javier Bertucci, 48 ans, crédité de 11% des suffrages, a également dénoncé l'élection et appelé à un nouveau vote.
  - "Dicateur" -  
M. Maduro s'est réjoui, lui, d'un "record historique" dimanche assurant à ses sympathisants: "jamais auparavant un candidat présidentiel n'avait gagné avec 68% des voix du peuple, et jamais auparavant il n'avait 47 points d'avance sur le second candidat".
"On a encore gagné ! Nous avons encore triomphé ! Nous sommes la force de l'histoire transformée en une victoire populaire permanente", a ajouté le président qui doit débuter son nouveau mandat de six ans en janvier 2019 et a promis de travailler au redressement de l'économie.
Les résultats annoncés ont été rejetés par le Chili, le Panama, le Costa Rica tout comme par le Groupe de Lima, une alliance de pays d'Amérique et des Caraïbes qui comprend l'Argentine, le Brésil, le Canada, la Colombie et le Mexique.
Les 14 pays du Groupe de Lima ont annoncé lundi le rappel de leurs ambassadeurs du Venezuela au lendemain de ce scrutin et vont "coordonner des actions pour que les organismes financiers internationaux et régionaux n'octroient plus de prêts au gouvernement du Venezuela".
En marge du de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 lundi à Buenos Aires les Etats-Unis, l'Argentine, l'Australie, le Canada, le Chili et le Mexique ont condamné la réélection de Nicolas Maduro.
Luis Almagro, le Secrétaire général de l'Organisation des états américains (OEA), a traité M. Maduro de "dictateur" qui "a essayé -sans succès- de donner à son régime totalitaire des vêtements démocratiques" et dit que l'OEA continuera à "lutter pour des sanctions plus sévères contre le régime".
Madrid va étudier avec l'UE des "mesures opportunes" et "continuer de "travailler pour soulager les souffrances des Vénézuéliens".
La quasi totalité des responsables gouvernementaux, y compris M. Maduro, sont visés par des sanctions de l'UE ou de Washington.
Les Etats-Unis, qui achètent un tiers du brut vénézuélien, ont menacé d'un embargo pétrolier et interdisent à leurs citoyens toute transaction sur la dette vénézuélienne. En novembre 2017, le Venezuela et sa compagnie pétrolière nationale PDVSA ont été déclarés en défaut partiel par plusieurs agences de notation.
  - Pénurie -  
Touché par l'effondrement des cours du brut depuis 2014, le Venezuela, qui tire 96% de ses revenus du pétrole, souffre d'un manque de devises qui l'a plongé dans une crise aiguë. En cinq ans le PIB a fondu de 45% selon le FMI, qui anticipe une contraction de 15% en 2018 et une inflation de 13.800%. La production de pétrole  est au plus bas depuis 30 ans.
Les Vénézuéliens souffrent de pénuries de nourriture, de médicaments ou d'électricité conjuguées à la hausse de l'insécurité. Un salaire minimum mensuel permet à peine d'acheter un kilo de lait en poudre. Des centaines de milliers de personnes ont préféré quitter le pays.
M. Maduro, qui s'appuie sur la Chine et la Russie, soutient que cette situation est la conséquence d'une "guerre économique" livrée par la droite et les Etats-Unis pour le renverser.
L'opposition vénézuélienne de son côté accuse le chef de l'Etat de saper la démocratie. Quatre mois de manifestations quasi quotidiennes de l'opposition qui ont fait 125 morts à la mi-2017 ont été balayés avec la mise en place d'une assemblée constituante, toute puissante arme politique au service du camp au pouvoir.

le Mardi 22 Mai 2018 à 03:08 | Lu 112 fois