Nouvelle évasion en masse d’une prison papoue


PORT-MORESBY, vendredi 21 octobre 2011 (Flash d’Océanie) – Au moins trente détenus de la prison provinciale de Jomba (province de Madang) se sont échappés jeudi de cet établissement, rapporte le quotidien papou Post Courier.
Les détenus avaient été placés dans un quartier censé être de haute sécurité, ayant pour la plupart été condamnés pour des crimes allant du viol au meurtre, en passant par la détention illégale d’armes lourdes.
Quatre des agents de police affectés à la surveillance de cette prison et qui se trouvaient être en service au moment de l’évasion ont immédiatement été suspendus, à titre conservatoire.

La dernière évasion en masse en Papouasie-Nouvelle-Guinée remonté à seulement quelques mois lorsque début mai 2011, 91 détenus du centre pénitentiaire de la province des Hauts-Plateaux avaient pris le large, à l’aide de très solides complicités extérieures : cet établissement avait auparavant fait l’objet d’une véritable attaque par un groupe de six hommes lourdement armés, qui en ont aussi profité pour mettre à sac l’armurerie.
Cet assaut aurait eu lieu aux alentour d’une heure d matin et aurait vu ce groupe d’hommes cagoulés faire irruption, équipés de fusils d’assaut semi-automatiques AR15, avant de rapidement maîtriser deux gardiens et de les ligoter.
Selon les agents sur place, ayant assisté aux faits, les perpétrateurs semblaient suivre un scénario préétabli et qui consistait à libérer les pensionnaires du quartier de haute sécurité, avant de s’emparer de toutes les armes disponibles.
Ils sont repartis avec des fusils d’assaut, des carabines, des fusils à pompe et un stock de munitions.
Seul point positif mis en avant par le chef-adjoint de la police locale, Henry Wavik : huit détenus dont les cellules avaient été ouvertes par le groupe armé ont finalement décidé de ne pas s’enfuir.
Les prisonniers « loyaux » avaient alors déclaré à la police que cette opération ne les concernait pas dans la mesure où elle ciblait très clairement deux dangereux criminels (condamnés pour meurtre) qui venaient tout juste d’être incarcérés dans ce centre, deux jours auparavant.
Henry Wavik a aussi précisé que des attaques similaires sur cette prison avaient déjà eu lieu à plusieurs reprises en 2007, 2009 et 2010.

Fin décembre 2010, le système carcéral de Papouasie-Nouvelle-Guinée a connu une autre de ces mésaventures, dans un autre établissement avec l’évasion collective de vingt cinq pensionnaires décrits comme des « criminels endurcis » du centrer pénitentiaire policier de Baisu (province des Hauts-Plateaux).
Les fuyards s’étaient échappés en deux vagues successives en l’espace de moins d’une semaine.
Les évasions ont eu lieu soit au cours de transferts de prisonniers de leurs cellules vers les sites où, la journée, ils sont affectés à des travaux d’intérêt général, soit à la faveur d’un trou pratiqué dans le mur des cellules.
Le Superintendant Kaiglo Ambane, chef de la police de cette province, avait aussi à l’époque tiré la sonnette d’alarme concernant l’état de cette prison, dont il juge désormais les cellules impropres à leur affectation actuelle.
Il avait exhorté les autorités provinciales et nationales à débloquer des budgets suffisants pour rénover un noyau dur de quatre des onze bâtiments, pour la plupart construits avant l’indépendance et qui, selon lui, « tombent en ruines ».
« On a besoin de trois cent mille Kina (87.650 euros) pour quatre cellules, pour construire des cages à l’intérieur, pour empêcher les gens de s’échapper (…) Sinon, il y aura forcément d’autres évasions », avait-il averti.

Prison déclarée «impropre à l’habitation humaine »

Dans cette même prison de Baisu, six prisonniers qui tentaient de s’évader ont été abattus sur place par la police le 5 novembre 2010.
Douze autres candidats à la cavale avaient aussi été gravement blessés par balles.
L’établissement a ensuite été déclaré «impropre à l’habitation humaine » à la suite d’une inspection par les services sanitaires.
Les victimes faisaient partie d’un groupe d’une cinquantaine de criminels tentant de réaliser une évasion collective et qui avaient, les jours précédents, demandé à l’administration leur transfert dans d’autres établissements, du fait de l’apparition récente de cas de dysenterie qui avaient déjà fait cinq victimes parmi les pensionnaires de ce centre au cours des semaines récentes.
L’inspection, réalisée par les services sanitaires de la province des Hauts-Plateaux de l’Ouest et une équipe de l’hôpital de Mount Hagen, avait confirmé les craintes des prisonniers : elle s’est dans un premier temps soldée par une recommandation de fermeture de la prison de Baisu, en raison d’une épidémie de dysenterie.
Le Dr Michael Dokup, qui dirige le service de médecine générale à l’hôpital de Mount Hagen, avait par ailleurs recommandé le transfert immédiat des prisonniers se trouvant encore incarcérés dans cet établissement.
Il avait aussi dénoncé au passage de nombreuses carences au plan de l’hygiène élémentaire de l’établissement, citant en vrac l’absence d’eau potable et le fait que les prisonniers soient de ce fait contraints de boire l’eau provenant du système d’égouts.
« Même un porc enfermé là-dedans mourrait », avait-il lancé à l’issue de son inspection, tout en s’en prenant sans ambages aux propos tenus par le ministre des services pénitentiaires, Tony Aimo, ainsi que par le chef de la police de cette province, Richard Sikani, qui avaient publiquement considéré en substance que du point de vue du maintien de l’ordre, la fusillade était justifiée.
Les familles des victimes exigent depuis l’ouverture d’une enquête, affirmant que contrairement aux déclarations de la hiérarchie, aucun tir de sommation n’avait eu lieu.
Fin mai 2010, Manfred Nowak, rapporteur spécial sur les questions de torture, à l’issue de sa visite en Papouasie-Nouvelle-Guinée, était particulièrement virulent vis-à-vis de la situation papoue.
Avant même que de quitter ce pays, sur le mode de constatations préliminaires, il avait pris les devants pour dénoncer les conditions en milieu carcéral et cité en exemple de nombreux témoignages de personnes interrogées ou interpellées, qui auraient fait l’objet de tortures « systématiques » de la part des forces de l’ordre.
M. Nowak a notamment visité, au cours de cette mission d’une dizaine de jours, plusieurs prisons et constaté des conditions de détentions « inacceptables » au plan de l’hygiène.

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Rédigé par PAD le Vendredi 21 Octobre 2011 à 05:44 | Lu 481 fois