Nouméa, France | AFP | vendredi 05/07/2024 - Au moins 2,2 milliards d'euros: la facture des émeutes survenues en Nouvelle-Calédonie à la suite de la réforme électorale rejetée par les indépendantistes continue à grimper, et avec elle les critiques sur la contribution de l'Etat français, jugée bien trop faible.
La dernière évaluation réalisée par le gouvernement local, arrêtée au 22 juin dernier, a estimé le coût de la crise à 1,2 milliard d'euros pour le secteur privé, et à 1 milliard de plus pour les infrastructures publiques.
Les violences qui ont éclaté à partir du 13 mai dernier après le vote par le Parlement de la réforme du corps électoral ont fait 9 morts et causé des dégâts considérables, selon le dernier bilan officiel.
Selon un document du gouvernement local que l'AFP a pu consulter, quelque 700 entreprises privées ont été incendiées, pillées ou vandalisées.
Côté public, 19 écoles sont parties en fumée, de même que plusieurs médiathèques, des locaux techniques ou des bureaux, pour 385,3 millions d'euros.
En outre, le chômage total ou partiel pourrait toucher quelque 24.000 personnes, soit plus d'un salarié sur quatre du territoire français du Pacifique Sud, selon le même document, qui évalue le coût de son financement à 234,5 millions d'euros sur l'année.
Quant à la note des pertes de recettes fiscales, de cotisations sociales et de taxes douanières liées à la destruction du tissu économique local, elle est estimée à 364,4 millions d'euros.
A ce jour, la Nouvelle-Calédonie a déjà bénéficié de plus de 250 millions d'euros d'aides publiques, a fait savoir mardi le haut-commissaire de la République, "soit davantage que les concours financiers que l'Etat verse chaque année aux collectivités" du territoire.
Parmi ces aides, un fonds de solidarité pour les entreprises destiné à compenser une partie de leur perte de chiffres d'affaires et une avance remboursable de 100 millions d'euros au gouvernement.
L'Etat doit aussi financer à hauteur de 51 millions d'euros le dispositif d'activité partielle pour les salariés des entreprises affectées, soit 19.000 personnes.
Nettement insuffisant, regrettent déjà élus et représentants du patronat locaux.
"Il y a de quoi tenir jusqu'à fin août", estime Yannick Slamet, en charge du budget au gouvernement local. "A partir de septembre, on n'a pas de quoi payer les fonctionnaires", souligne-t-il.
- "Faillite" -
"L'Etat n'a pas pris la mesure de la crise", regrette Philippe Michel, élu du groupe non-indépendantiste Calédonie ensemble au congrès.
"Comment peut-il proposer des prêts que, de toute façon, on ne pourra pas rembourser puisqu'à ce rythme nous allons à la faillite", s'insurge-t-il.
L'archipel est déjà très endetté: un versement de 50 millions d'euros, affecté jeudi au budget du territoire, a déjà fait grimper son taux d'endettement à 180%.
Son inquiétude est partagée par tous les acteurs politique locaux.
Calédonie ensemble a ainsi proposé une "union sacrée" des élus et le loyaliste Nicolas Metzdorf suggéré une mission transpartisane qui a l'oreille des indépendantistes, désireux de négocier avec Paris pour "transformer les prêts en subventions".
Leurs préoccupations sont largement partagées par les chefs d'entreprises.
"Le pronostic vital de l'économie calédonienne est engagé et on nous propose des prêts pour reconstruire", déplore Romain Babey, vice-président de la Fédération des industries de Nouvelle-Calédonie.
"Ce qu'il nous faut", enchaîne-t-il, "ce sont des aides directes pour payer le loyer de nos entreprises, l'électricité, pas des aides annoncées comme providentielles et généreuses pour refinancer les banques dans le but de reconstruire".
Côté du gouvernement calédonien, Yannick Slamet indique "travailler avec l'Etat pour trouver des sources de financement complémentaire".
La contractualisation en 2025 d'un "grand emprunt" pour rembourser les prêts et avances de 2024 et financer la reconstruction est également à l'étude.
Et la collectivité de Nouvelle-Calédonie a également déjà sollicité la transformation en subvention des deux prêts (400 millions d'euros) contractés auprès de l'Etat pendant l'épidémie de Covid.
Le bilan des dégâts est encore loin d'être définitif. Après un site minier mardi, une école jeudi, c'est une salle de sports qui a été incendiée vendredi 5 juillet...
La dernière évaluation réalisée par le gouvernement local, arrêtée au 22 juin dernier, a estimé le coût de la crise à 1,2 milliard d'euros pour le secteur privé, et à 1 milliard de plus pour les infrastructures publiques.
Les violences qui ont éclaté à partir du 13 mai dernier après le vote par le Parlement de la réforme du corps électoral ont fait 9 morts et causé des dégâts considérables, selon le dernier bilan officiel.
Selon un document du gouvernement local que l'AFP a pu consulter, quelque 700 entreprises privées ont été incendiées, pillées ou vandalisées.
Côté public, 19 écoles sont parties en fumée, de même que plusieurs médiathèques, des locaux techniques ou des bureaux, pour 385,3 millions d'euros.
En outre, le chômage total ou partiel pourrait toucher quelque 24.000 personnes, soit plus d'un salarié sur quatre du territoire français du Pacifique Sud, selon le même document, qui évalue le coût de son financement à 234,5 millions d'euros sur l'année.
Quant à la note des pertes de recettes fiscales, de cotisations sociales et de taxes douanières liées à la destruction du tissu économique local, elle est estimée à 364,4 millions d'euros.
A ce jour, la Nouvelle-Calédonie a déjà bénéficié de plus de 250 millions d'euros d'aides publiques, a fait savoir mardi le haut-commissaire de la République, "soit davantage que les concours financiers que l'Etat verse chaque année aux collectivités" du territoire.
Parmi ces aides, un fonds de solidarité pour les entreprises destiné à compenser une partie de leur perte de chiffres d'affaires et une avance remboursable de 100 millions d'euros au gouvernement.
L'Etat doit aussi financer à hauteur de 51 millions d'euros le dispositif d'activité partielle pour les salariés des entreprises affectées, soit 19.000 personnes.
Nettement insuffisant, regrettent déjà élus et représentants du patronat locaux.
"Il y a de quoi tenir jusqu'à fin août", estime Yannick Slamet, en charge du budget au gouvernement local. "A partir de septembre, on n'a pas de quoi payer les fonctionnaires", souligne-t-il.
- "Faillite" -
"L'Etat n'a pas pris la mesure de la crise", regrette Philippe Michel, élu du groupe non-indépendantiste Calédonie ensemble au congrès.
"Comment peut-il proposer des prêts que, de toute façon, on ne pourra pas rembourser puisqu'à ce rythme nous allons à la faillite", s'insurge-t-il.
L'archipel est déjà très endetté: un versement de 50 millions d'euros, affecté jeudi au budget du territoire, a déjà fait grimper son taux d'endettement à 180%.
Son inquiétude est partagée par tous les acteurs politique locaux.
Calédonie ensemble a ainsi proposé une "union sacrée" des élus et le loyaliste Nicolas Metzdorf suggéré une mission transpartisane qui a l'oreille des indépendantistes, désireux de négocier avec Paris pour "transformer les prêts en subventions".
Leurs préoccupations sont largement partagées par les chefs d'entreprises.
"Le pronostic vital de l'économie calédonienne est engagé et on nous propose des prêts pour reconstruire", déplore Romain Babey, vice-président de la Fédération des industries de Nouvelle-Calédonie.
"Ce qu'il nous faut", enchaîne-t-il, "ce sont des aides directes pour payer le loyer de nos entreprises, l'électricité, pas des aides annoncées comme providentielles et généreuses pour refinancer les banques dans le but de reconstruire".
Côté du gouvernement calédonien, Yannick Slamet indique "travailler avec l'Etat pour trouver des sources de financement complémentaire".
La contractualisation en 2025 d'un "grand emprunt" pour rembourser les prêts et avances de 2024 et financer la reconstruction est également à l'étude.
Et la collectivité de Nouvelle-Calédonie a également déjà sollicité la transformation en subvention des deux prêts (400 millions d'euros) contractés auprès de l'Etat pendant l'épidémie de Covid.
Le bilan des dégâts est encore loin d'être définitif. Après un site minier mardi, une école jeudi, c'est une salle de sports qui a été incendiée vendredi 5 juillet...