Jérôme Gasior, tête de la liste Union Polynésienne Républicaine pour les élections territoriales du 22 avril 2018.
PAPEETE, 27 mars 2018 - Sept listes sont officiellement déclarées en course pour les élections territoriales d'avril prochain, auprès des services de l'Etat. Au nombre de celles-ci la formation "Union Polynésienne Républicaine" tente d'inscrire dans le paysage local son autre façon de faire de la politique.
Rencontre avec Jérôme Gasior, la tête de liste de l'UPR. Polynésien d'adoption, il se dit "très content de conduire un groupe qui représente tout le monde ; toutes les catégories socio-professionnelles. C’est une liste très jeune aussi : nous avons 40 ans de moyenne d’âge. Je pense que l’on est probablement une des plus jeunes. (…) Nous sommes face à des gens qui sont au pouvoir depuis près de 40 ans. Il est important que l’on mette en place un renouveau de la classe politique".
Quels sont les points forts de votre programme politique ?
Jérôme Gasior : Nous avons quatre points principaux : l’autonomie alimentaire, l’autonomie énergétique, l’autonomie financière et le renforcement de la démocratie dans notre collectivité.
Concernant l’autonomie alimentaire, on constate que 85 % de ce que l’on mange est importé. Juste pour le "ma’a", 48 milliards partent tous les ans à l’étranger. Nous voulons développer la permaculture, qui permet de produire beaucoup sur de petites surfaces, sans engrais ni pesticide… Mieux que le bio. En consacrant 2000 hectares à cette activité, avec quatre personnes qui travaillent par hectare, on peut arriver à l’autonomie alimentaire. Nous avons calculé que l’on peut générer un chiffre d’affaires de 12 millions par hectare. On veut former 8000 personnes sur 10 ans pour cette activité.
Hors production alimentaire, le secteur primaire doit aussi être mis à profit pour développer nos ressources à forte valeur ajoutée : le Ylang-ylang dont l’huile se vend 200 000 francs le litre ; le vétiver, 100 000 francs le litre ; le cône du Pacifique : le venin de ce coquillage se vend plus de 50 milliards le kilo et connait une pénurie mondiale, parce que l’on ne sait pas le synthétiser.
Le second point est l'autonomie énergétique. Elle est vitale aussi : on est loin de tout. (…) Nous voulons développer aux Tuamotu une filière de production d’algues pour produire du biocarburant et remplacer progressivement notre besoin en énergie fossiles. Des expériences concluantes sont menées en Espagne et en Californie. Le coût est aujourd’hui supérieur au baril de pétrole, mais ce n’est qu’une question de temps avant que cela change. On envisage de développer des projets utilisant l’énergie thermique des mers, notamment entre Tahiti et Moorea.
Le troisième point concerne l’autonomie financière. Aujourd’hui, on est très dépendants de la France avec 180 milliards par an de transferts. Cela représente un tiers de notre PIB( (Produit intérieur brut, ndlr). On souhaite s’assumer nous-même. Notre monnaie est trop forte, à cause de sa parité avec l’Euro. (…) Nous voulons créer une monnaie locale que l’on utiliserait en parallèle avec le franc, un peu comme les Suisses avec le ‘franc Wir’. On veut ainsi aboutir en Polynésie à la création d’une monnaie de ce type, en accord avec l’Etat. Pour l’instant le pouvoir de création de la monnaie est confié aux banques privées ; mais on peut la créer nous-même, au niveau du Territoire. Et au lieu de laisser cette activité aux banques, on la donnerait à tous les Polynésiens majeurs, directement. Cela pourrait représenter l’équivalent de 20 000 francs de dividendes pour chacun, tous les mois. (…) Une loi française de 2014 autorise déjà la création de monnaies locales ; une quarantaine d’expériences ont été conduites depuis 3 ans par des villes métropolitaines. On veut simplement aller plus loin dans la démarche, pour donner aux Polynésiens accès au dividende universel, faute de RSA (Revenu de solidarité active, ndlr) applicable ici.
Le quatrième point concerne la moralisation politique et la démocratie. On veut généraliser le principe du référendum populaire, à partir du seuil de 3000 signataires à une pétition. On veut donc de confier pouvoir au peuple par ce biais. Cela permettrait à la population d’exprimer son avis et d’avoir un regard sur le travail législatif de nos élus. Nous sommes pour le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple.
On veut aussi imposer la règle du casier judiciaire vierge à toute personne qui souhaite être élue. Et borner la longévité politique à deux mandats maximum. On veut également créer une commission de transparence chargée d’observer les dépenses des élus.
Cette tribune qui vous est offerte pour les élections territoriales, elle est importante ?
Nous n’avons pas raisonné en termes de tribune. Ces idées-là, il faut bien que quelqu’un les porte. On les met en avant parce qu’on voit qu’il y en a besoin et que personne ne va dans ce sens-là.
Comment envisagez-vous l’obstacle du premier tour de scrutin et des 16 000 à 18 000 voix nécessaires pour être qualifié au second tour ?
C’est difficile à dire. Nous ne sommes pas forcément devins. Maintenant ce que l’on voit, c’est que nos idées, les points forts de notre programme, parlent à un peu tout le monde. Nous avons des idées qui font mouche. Sera-t-on suffisamment représentatifs ou pas ? On verra ; mais on constate un fort impact. Les Polynésiens peuvent vite se positionner. (…) Nous sommes d’accord pour constater que 12,5 % des voix, ça fait beaucoup. On se bat pour essayer. On y croit. Si on ne gagne pas cette fois-ci, on continuera à défendre nos idées d’une façon ou d’une autre. Nous ne sommes pas là pour faire un coup. Nous sommes déjà là depuis 3 ans. On continue à se développer. On sera encore là dans 5 ans.
Vous avez fait campagne pour François Asselineau, à l’élection présidentielle et obtenu 1206 voix en Polynésie française (1,59 %). Qu’avez-vous mis en œuvre pour faire mieux cette fois-ci ?
Pour la Présidentielle, nous avons fait un très bon résultat. Il faut savoir que nous étions sept personnes de l’UPR à faire campagne. On n’avait pas de moyen et on n’avait jamais fait de politique. On a réussi à faire plus de 1200 voix, comme ça. Aujourd’hui, le contexte est différent. Nous avons multiplié par 15 nos adhérents, nous avons des bénévoles motivés, des gens qui nous ont rejoint avec une expérience politique : nous avons pris de l’ampleur par rapport à la Présidentielle d’avril dernier. On est passé de l’embryon au parti structuré qui se développe en permanence.
Rencontre avec Jérôme Gasior, la tête de liste de l'UPR. Polynésien d'adoption, il se dit "très content de conduire un groupe qui représente tout le monde ; toutes les catégories socio-professionnelles. C’est une liste très jeune aussi : nous avons 40 ans de moyenne d’âge. Je pense que l’on est probablement une des plus jeunes. (…) Nous sommes face à des gens qui sont au pouvoir depuis près de 40 ans. Il est important que l’on mette en place un renouveau de la classe politique".
Quels sont les points forts de votre programme politique ?
Jérôme Gasior : Nous avons quatre points principaux : l’autonomie alimentaire, l’autonomie énergétique, l’autonomie financière et le renforcement de la démocratie dans notre collectivité.
Concernant l’autonomie alimentaire, on constate que 85 % de ce que l’on mange est importé. Juste pour le "ma’a", 48 milliards partent tous les ans à l’étranger. Nous voulons développer la permaculture, qui permet de produire beaucoup sur de petites surfaces, sans engrais ni pesticide… Mieux que le bio. En consacrant 2000 hectares à cette activité, avec quatre personnes qui travaillent par hectare, on peut arriver à l’autonomie alimentaire. Nous avons calculé que l’on peut générer un chiffre d’affaires de 12 millions par hectare. On veut former 8000 personnes sur 10 ans pour cette activité.
Hors production alimentaire, le secteur primaire doit aussi être mis à profit pour développer nos ressources à forte valeur ajoutée : le Ylang-ylang dont l’huile se vend 200 000 francs le litre ; le vétiver, 100 000 francs le litre ; le cône du Pacifique : le venin de ce coquillage se vend plus de 50 milliards le kilo et connait une pénurie mondiale, parce que l’on ne sait pas le synthétiser.
Le second point est l'autonomie énergétique. Elle est vitale aussi : on est loin de tout. (…) Nous voulons développer aux Tuamotu une filière de production d’algues pour produire du biocarburant et remplacer progressivement notre besoin en énergie fossiles. Des expériences concluantes sont menées en Espagne et en Californie. Le coût est aujourd’hui supérieur au baril de pétrole, mais ce n’est qu’une question de temps avant que cela change. On envisage de développer des projets utilisant l’énergie thermique des mers, notamment entre Tahiti et Moorea.
Le troisième point concerne l’autonomie financière. Aujourd’hui, on est très dépendants de la France avec 180 milliards par an de transferts. Cela représente un tiers de notre PIB( (Produit intérieur brut, ndlr). On souhaite s’assumer nous-même. Notre monnaie est trop forte, à cause de sa parité avec l’Euro. (…) Nous voulons créer une monnaie locale que l’on utiliserait en parallèle avec le franc, un peu comme les Suisses avec le ‘franc Wir’. On veut ainsi aboutir en Polynésie à la création d’une monnaie de ce type, en accord avec l’Etat. Pour l’instant le pouvoir de création de la monnaie est confié aux banques privées ; mais on peut la créer nous-même, au niveau du Territoire. Et au lieu de laisser cette activité aux banques, on la donnerait à tous les Polynésiens majeurs, directement. Cela pourrait représenter l’équivalent de 20 000 francs de dividendes pour chacun, tous les mois. (…) Une loi française de 2014 autorise déjà la création de monnaies locales ; une quarantaine d’expériences ont été conduites depuis 3 ans par des villes métropolitaines. On veut simplement aller plus loin dans la démarche, pour donner aux Polynésiens accès au dividende universel, faute de RSA (Revenu de solidarité active, ndlr) applicable ici.
Le quatrième point concerne la moralisation politique et la démocratie. On veut généraliser le principe du référendum populaire, à partir du seuil de 3000 signataires à une pétition. On veut donc de confier pouvoir au peuple par ce biais. Cela permettrait à la population d’exprimer son avis et d’avoir un regard sur le travail législatif de nos élus. Nous sommes pour le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple.
On veut aussi imposer la règle du casier judiciaire vierge à toute personne qui souhaite être élue. Et borner la longévité politique à deux mandats maximum. On veut également créer une commission de transparence chargée d’observer les dépenses des élus.
Cette tribune qui vous est offerte pour les élections territoriales, elle est importante ?
Nous n’avons pas raisonné en termes de tribune. Ces idées-là, il faut bien que quelqu’un les porte. On les met en avant parce qu’on voit qu’il y en a besoin et que personne ne va dans ce sens-là.
Comment envisagez-vous l’obstacle du premier tour de scrutin et des 16 000 à 18 000 voix nécessaires pour être qualifié au second tour ?
C’est difficile à dire. Nous ne sommes pas forcément devins. Maintenant ce que l’on voit, c’est que nos idées, les points forts de notre programme, parlent à un peu tout le monde. Nous avons des idées qui font mouche. Sera-t-on suffisamment représentatifs ou pas ? On verra ; mais on constate un fort impact. Les Polynésiens peuvent vite se positionner. (…) Nous sommes d’accord pour constater que 12,5 % des voix, ça fait beaucoup. On se bat pour essayer. On y croit. Si on ne gagne pas cette fois-ci, on continuera à défendre nos idées d’une façon ou d’une autre. Nous ne sommes pas là pour faire un coup. Nous sommes déjà là depuis 3 ans. On continue à se développer. On sera encore là dans 5 ans.
Vous avez fait campagne pour François Asselineau, à l’élection présidentielle et obtenu 1206 voix en Polynésie française (1,59 %). Qu’avez-vous mis en œuvre pour faire mieux cette fois-ci ?
Pour la Présidentielle, nous avons fait un très bon résultat. Il faut savoir que nous étions sept personnes de l’UPR à faire campagne. On n’avait pas de moyen et on n’avait jamais fait de politique. On a réussi à faire plus de 1200 voix, comme ça. Aujourd’hui, le contexte est différent. Nous avons multiplié par 15 nos adhérents, nous avons des bénévoles motivés, des gens qui nous ont rejoint avec une expérience politique : nous avons pris de l’ampleur par rapport à la Présidentielle d’avril dernier. On est passé de l’embryon au parti structuré qui se développe en permanence.