Nous avons testé la moto électrique


Teva Juventin et deux des trois modèles de moto électrique qu'il importe
PAPEETE, le 28 juin 2016 - Une petite entreprise polynésienne importe des motos électriques américaines sur le fenua depuis six mois. Nous avons testé le modèle sportif, nommé Zero SR, et une chose est sûre : elle n'a rien à envier aux meilleures motos haut de gamme thermiques.

Deux choses paraissent étranges la première fois que l'on conduit une moto électrique. La première surprise est au démarrage : la clé tourne, les voyants s'allument, mais la moto ne fait aucun bruit. Après une seconde ça parait logique, mais il faut tout de même s'habituer. La seconde surprise nous attend lors de la première prise en main : le levier d'embrayage est absent sous la main gauche et la boite de vitesses manque à l'appel du pied gauche.

Ces contrôles manquent car la magie de l'électrique est sa simplicité mécanique. La plus grosse partie du moteur et des pièces habituelles sont remplacés par une énorme batterie reliée à un moteur électrique. Même la chaine est remplacée par une ceinture en fibre de carbone sans graisse. "L'entretien est très simple, on branche un petit ordinateur sur la moto et on sait tout ce qu'il y a à faire. Les plus gros frais sont pour les plaquettes de frein et les pneus, ça revient à 30 000 Fcfp par an à peu près" nous assure Teva Juventin, fondateur de Zero Emissions Motocycles.

Du coup, la conduite est également plus simple que sur une moto classique. Sur le modèle testé, tous les autres contrôles sont aux endroits habituels. La main droite contrôle le frein avant et l'accélérateur, le pied droit maitrise le frein arrière. Mais il est possible, nous assure-t-on, d'installer un levier de frein pour la main gauche qui contrôlera le frein arrière. La moto se maitrisera alors comme un scooter… Tout en gardant les caractéristiques d'une moto dans sa forme, la taille des roues et la puissance.

DE 0 À 100 EN 3,3 SECONDES

Justement, la puissance est la première question que l'on se pose sur ces motos électriques. Mais là, rien à redire, surtout sur le modèle sportif que nous avons testé, la Zero SR. Teva Juventin la présente comme équivalente à une 1000cc et la conduite le confirme. Surtout quand on conduit en mode sportif, même si le mode éco prolonge l'autonomie sans beaucoup handicaper les performances. Mais quand on laisse la bride sur le cou de la Zero, elle bondit comme un guépard au premier mouvement de poignet et continue à rapidement accélérer sans protester. La vitesse maximale de la moto est de 164km/h, largement suffisant à Tahiti pour perdre son permis et se faire saisir la moto…

De quoi inciter à utiliser l'application mobile Zero Motorcycles App : elle se connecte directement à la moto et permet de tout régler manuellement, de la puissance du frein à moteur à la récupération d'énergie… Et permet surtout de brider la vitesse maximale de la moto.

AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS

Après un test de 20 minutes à conduire cette moto unique à Tahiti, difficile de se faire un avis tranché. D'abord, il faut reconnaitre que le plaisir de la conduite est bien présent, et avec son look agressif et moderne la moto ne détonne pas face aux autres motos du marché.

Du côté positif, l'autonomie, entre 130 et 180 km selon le modèle, est parfaitement adaptée à Tahiti. La moto se recharge en 6 à 8h grâce à un câble secteur complètement banal, donc une recharge la nuit n'est pas plus compliqué (et on profite à plein de l'électricité renouvelable produite par les barrages de Marama Nui). "Le principal intérêt de la moto électrique est écologique, pas de gaz d'échappement, de gaz à effets de serre ou de pollution sonore. Mais il est aussi économique. Quand on cumule la maintenance qui est minimale, les assurances qui jouent le jeu et nous font des prix très inférieurs aux autres motos, plus la consommation de carburant, l'électricité, qui revient à un équivalent 1,3 litre pour 100 km, on estime qu'on économie 120 000 à 140 000 Fcfp pour 8000 km" explique Teva Juventin. De notre côté, nous ajouterions que la gestion de la moto via une application mobile est juste géniale pour se faire mousser auprès de ses amis un peu "geek"...

Certaines spécificités de la moto changent les habitudes mais ont un impact neutre sur notre appréciation. Les contrôles sont plus simples, mais ça ne sera un avantage que pour les débutants roulant sur les modèles équivalents 125cc avec leurs permis voiture, qui ne sont pas encore arrivé à Tahiti. Teva promet d'en importer bientôt, mais en attendant le permis moto est de rigueur et l'embrayage n'effraie plus un motard expérimenté, au contraire. Enfin, le prix parait raisonnable comparé aux hauts de gamme. Ils commencent à 1,7 million Fcfp pour le modèle équivalent 650cc et 2,3 millions pour la Zero SR que nous avons testé. Si les économies sont vraiment au rendez-vous et que la durée de vie de la batterie atteint les 10 ans promis, ça devient vite rentable.

Les aspects négatifs sont principalement liés au bruit. Déjà, un bolide silencieux, c'est dangereux pour les piétons inattentifs. Ensuite vient le fait que le moteur n'est pas vraiment silencieux : il émet un léger sifflement. Pas de quoi être désagréable, mais il faudrait vraiment voir sur la durée. Teva Juventin, qui conduit une Zero SR depuis presque six mois, assure que ça ne le gêne absolument pas. Restera maintenant à déterminer la disponibilité des pièces de rechange pour les inévitables rétroviseurs accrochés et pièces griffées après une glissade maladroite dans un virage pris trop vite…

Bref, le test se révèle très positif et on peut imaginer de bientôt voir de nombreuses motos électriques sur les routes de Tahiti. Zero Emissions Motocyles va également bientôt importer des scooters électriques espagnols de marque Silence (équivalent 125cc), et demande au gouvernement les mêmes exonérations de taxes que les voitures électriques. Les arrivées seront annoncées sur la page Facebook du revendeur.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mardi 28 Juin 2016 à 17:08 | Lu 4001 fois