Nouméa: Rififi autour de la statue d'un guerrier kanak, qui remplaçait un poilu

NOUMÉA, 14 mai 2010 (AFP) - Une polémique agite un petit village de Nouvelle-Calédonie où la statue d'un guerrier kanak, installée provisoirement pour remplacer le poilu du monument aux morts, a été taguée en bleu, blanc, rouge, a rapporté vendredi la presse.


Début mai, la municipalité indépendantiste de Koné, dans le nord de l'archipel, a installé une grande sculpture en bois représentant un guerrier kanak car la statue du poilu est en réfection, après avoir été vandalisée.

Ne souhaitant pas que les commémorations du 8 mai se déroulent au pied d'un monument vide, la mairie a choisi cette option originale, en signe de concorde entre les communautés, qui se sont jadis déchirées.

"Cette sculpture veut montrer le guerrier kanak qui a aussi été appelé au front. Elle représente également les anciens combattants", avait expliqué Robert Moto, adjoint au maire en charge des travaux.

Le 8 mai, gendarmes, élus locaux et représentant de l'Etat avaient participé aux commémorations et déposé une gerbe au pied de la statue du guerrier, bien acceptée dans le village.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, la sculpture a cependant été la cible de vandales, qui l'ont peinte en bleu, blanc, rouge.

"C'est malheureux de voir encore de telles réactions d'exclusion, surtout vis-à-vis de la mémoire de nos morts. C'est idiot", a déclaré à l'AFP Charles Pidjot, président de l'Union Calédonienne, parti du FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak Socialiste)

En réponse, un habitant a accroché un drapeau indépendantiste à la statue du guerrier, qui a finalement été retirée de son socle pour être nettoyée.

La mairie de Koné envisage de déplacer son monument aux morts sur un site plus spacieux du village et d'y faire cohabiter son poilu et la statue du guerrier kanak.

Dans les années 1980, anti-indépendantistes européens et kanaks indépendantistes se sont combattus en Nouvelle-Calédonie, jusqu'au drame en mai 1988 de la prise d'otages dans la grotte d'Ouvéa, qui avait fait 21 morts, dont 19 militants kanaks.

Réconciliées, les populations aspirent à un destin commun, à travers l'accord de Nouméa (1998), qui a mis en place un processus de décolonisation, assorti d'un référendum d'autodétermination entre 2014 et 2018.

Rédigé par AFP le Vendredi 14 Mai 2010 à 08:50 | Lu 942 fois